Championnat du monde WRC: Rallye du Mexique, Ogier toujours

Est-il besoin de le préciser. C’est, comme à chaque fois depuis le début de la saison, et pour la troisième fois d’affilée au Mexique, que Sébastien Ogier et sa Volkswagen Polo R WRC s’imposent.

Rallye du Mexique 2015

La domination de Volkswagen ressemble fort à celle de Citroën lorsque Sébastien Loeb battait à plate couture tous ses concurrents. Mais alors que cela semblait facile, c’est plutôt le talent de l‘homme qui faisait la différence. La preuve, depuis qu’il n’est plus là, plus aucune Citroën n’a remporté un rallye en championnat du monde. Il convient donc de rendre également hommage au talent de Sébastien Ogier qui, clairement, est au-dessus de la mêlée.

Pourtant, au Mexique, Citroën ne démérite pas. Mads Ostberg remporte une très belle seconde place, certes loin derrière Ogier, mais devant Mikkelsen, le troisième pilote Volkswagen.

Histoire de gomme

Rallye du Mexique 2015Le nouveau règlement fait que les pilotes attaquent les spéciales dans l’ordre du championnat du monde. Ce que détestent officiellement les leaders, et plus précisément Ogier, qui se retrouve à ouvrir et balayer la piste pour les autres concurrents. Au Mexique, les deux premières spéciales se déroulant en ville, dans les rues de Guanajuato, ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco, c’est donc plutôt sur les pavés que la course a commencé, permettant à Ogier de prendre la tête devant le Belge Thierry Neuville et sa Hyundai i20 WRC.

Ce n’est donc finalement que le lendemain, lors des premières spéciales terre, que s’est véritablement posée la question du choix de pneus. Au Mexique, Michelin mettait à disposition des pneus spécifiques, des LTX Force, avec deux types de gomme, dures ou tendres. En fonction de la température extérieure, chaude en journée malgré l’altitude (les spéciales se déroulent de 1 800 à 2 700 m), mais aussi de la typologie du terrain (sablonneux en surface, mais dur et abrasif en dessous et parsemé de pierres parfois saillantes), la gomme la plus dure semblait s’imposer même si le mélange tendre promettait plus de grip tout en risquant de se détériorer plus vite. Et si la quasi totalité des concurrents choisissaient logiquement des gommes dures, deux pilotes de pointe voyaient la chose autrement, en mixant les Michelin : deux pneus à gomme dure devant, et deux à gomme tendre derrière pour Ogier et Neuville. Et ce fut payant : alors que la S3 a été marquée par la sortie de route de l’Estonien Tanak, qui a finit sa course dans un lac, c’est en leader et co-leader que Ogier et Neuville revenaient au parc d’assistance après cinq spéciales. La boucle de l’après-midi allait malheureusement être fatale à la Hyundai de Neuville, partie en tonneau alors que le Belge avait choisi de continuer d’attaquer malgré une crevaison lente.

Rallye du Mexique 2015Le samedi, tout est permis

Ogier avait alors à ses trousses ses deux coéquipiers, Latvala et Mikkelsen, mais aussi le Norvégien Ostberg et sa Citroën DS3 WRC. Mais, dans la spéciale numéro 11, Latvala accroche une pierre, arrache une roue arrière et une suspension. A la mi-journée, Ogier a 1 minute et 8 seconde d’avance sur Ostberg, lequel devance Mikkelsen de seulement 9 secondes.

« Nous devons certes assurer et pouvons nous permettre de perdre quelques secondes, mais nous devons éviter de rouler sur un faux rythme pour ne pas nous faire surprendre » déclarait Julien Ingrassia à la pause du midi. Et le résultat fut meilleur que prévu : alors que Ostberg et Mikkelsen se sont livrés une belle bataille pour la deuxième place (l’écart entre les deux n’était plus que de 5,8s), Ogier conservait la tête du rallye à l’issue de la journée de samedi, avec 1 minute et 14 secondes d’avance sur Ostberg, soit 6 secondes de plus que le midi. Pour quelqu’un qui devait assurer…

La puissance des voitures en question

Rallye du Mexique 2015En temps normal, les WRC affichent une puissance qui oscille entre 300 et 320 ch. Mais, pour Didier Clément, le responsable d’exploitation de Citroën Racing, les voitures perdent 10 % de leur puissance par palier de 1 000 m d’altitude. Ce qui veut dire qu’ici les WRC sont amputées, selon les spéciales, de 20 à près de 30 % de leur puissance. Mais tout le monde est logé à la même enseigne ! Chez Volkswagen, François-Xavier Demaison, le directeur technique, confirme : effectivement nous perdons ici beaucoup de puissance à cause de l’altitude, qui convient peu aux moteurs turbo. Nous pouvons certes jouer un peu sur les cartographies moteur, mais nous n’attendons pas de miracle.

Du côté de la course, aucun miracle non plus pour les poursuivants d’Ogier : comme presque toujours, c’est le Français qui s’impose, 1 minute et 18 secondes devant Ostberg et Mikkelsen, après s’être payé le luxe de remporter la power stage et de marquer de précieux points pour le championnat constructeur.

La prochaine manche du championnat du monde des rallyes aura lieu du 23 au 26 avril en Argentine, autour de la ville de Cordoba.

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Rallye lointain, petite dotation

Rallye du Mexique 2015D’ordinaire, les équipes d’usine engagées en championnat du monde des rallyes arborent dans le parc d’assistance d’impressionnantes structures et de luxueux motorhomes. Mais au Mexique, point de tout ça : des tentes servent de lieux d’hospitalité, et des containers de bureaux et de lieux de repos. « Pour les rallyes « overseas » (comprenez outre mer), nous n’emportons pas nos structures habituelles, indique Alain Penasse, team manager de Hyundai Motorsport. Pour des questions de coût, nous expédions tout par bateau quelques semaines avant, puis le même package reprend la mer pour l’Argentine, et enfin l’Australie, avant de revenir en Europe ». Chez Michelin, le motorhome est remplacé par deux containers remorques, loués sur place. « Nous avons expédié les 700 pneus dont nous avions besoin, avec leurs machines de montage, par bateau depuis la France le 15 janvier dernier, explique Jacques Morelli, responsable de Michelin en rallye. Les 800 pneus pour la manche qui se déroulera en Argentine fin avril sont actuellement quelque part au milieu de l’Atlantique. Notre matériel suivra celui de nos partenaires concernant les manches les plus lointaines ».

Quand ils vont loin, même les teams les plus importants, qui distribuent pourtant des millions d’euros à leurs pilotes, réduisent donc au maximum les coûts, sans toutefois transiger sur deux points : le matériel de maintenance des voitures, qui est le même partout autour du monde, et… les cuisiniers, qui travaillent avec des produits frais, fin d’offrir le meilleur service aux pilotes et aux nombreux invités tout au long de la saison.

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Fiche Technique de la Polo R WRC de Sébastien Ogier

Rallye du Mexique 2015Moteur : 1.6 litres + turbo ; 4 cylindres en ligne ; position transversale, en porte à faux devant les roues avant

Bride d’admission d’air : 33 mm (réglementation FIA)

Dimensions : 3,98 x 1,82 x 1,36

Empattement : 2,48 m

Poids minimum : 1 200 kg

Puissance : 318 ch à 6 250 trs/min

Couple : 425 Nm à 5 000 trs/min

Transmission : intégrale, boîte de vitesses séquentielle « type course » à six rapports

Disque de frein : 355 mm à l’avant et 350 mm à l’arrière (300 sur terre)

0 à 100 km :h : 3, 9 s

Vitesse maxi : 200 km/h

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Galerie Photos et vidéo

Texte: Didier Laurent

Photos: T.Antoine/ Autopress Club

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