Pebble Beach : une semaine de folie au concours d’élégance automobile

Le concours d’élégance automobile le plus prestigieux au monde, Pebble Beach, intègre désormais une série d’événements qui constituent la Monterey Car Week. Nous y étions.

La Californie a cela de magique : offrir ses plus beaux lieux aux organisateurs de manifestations qui font référence partout dans le monde. Le concours d’élégance de Pebble Beach, comme celui de Villa d’Este (Italie), est une référence planétaire de l’automobile. Le remporter, c’est aussi renforcer le pedigree –et la valeur- d’une voiture de collection forcément déjà exceptionnelle. Et au fil du temps la manifestation a pris de l’ampleur, attirant les grands constructeurs pour y présenter, en marge du concours du dimanche, d’autres choses au cours de manifestations se déroulant plus tôt dans la semaine. Deux d’entre elles ont particulièrement retenu notre attention.

The Quail : plus sélect, tu meurs

Il s’agit d’une exposition de nouveaux modèles ou de concept-cars mais qui voisinent avec des véhicules d’époque, réunis sur les fairways d’un golf de Carmel-by-the-sea. Une fois les différents contrôles passés, c’est un autre monde qui s’offre à nous. Tenues de grands couturiers, bijoux et montres de luxe, les gens qui déambulent dans les allées vertes de la manifestation semblent sortis d’un autre temps et, il faut bien l’avouer, majoritairement très chics. Il faut dire qu’à 1 200 $ l’entrée, le lieu n’est pas accessible à tous. Mais peu d’entre eux, tout comme nous, ont payé leur entrée : ce sont les constructeurs automobiles présents qui les ont invités.

Audi, qui présentait son concept-car électrique PB 18 e-tron, BMW, qui lançait son nouveau Z4, ou Mc Laren, qui arborait deux modèles exceptionnels, toutes les marques présentes exposaient des modèles anciens, contemporains ou futurs, acteurs de leur histoire souvent riche. A noter également la participation de petites marques telles que Koenigsegg ou Pagani, ou de Singer, le préparateur de Porsche 964 à plus d’un million d’euros, qui voisinait avec le stand officiel du constructeur allemand, qui exposait quant à lui, face à face, une 356 et une Mission E électrique… Evidemment, aucune marque française n’était présente, ni même le constructeur californien Tesla, qui semble en ce moment avoir des problèmes de fin de mois.

Parmi les raretés, outre certaines voitures anciennes, on notera la présence de deux Mc Laren Senna : une GTR, vendue 1,5 million d’euros, et une Senna préparée par MSO, le département de personnalisation du constructeur britannique, qui arborait quant à elle une préparation de 300 000 € (soit 1,2 million d’euros au total) et un vert métallisé très profond, lequel laissait néanmoins deviner les striures du carbone de sa carrosserie. Son propriétaire, présent sur les lieux, est un personnage assez excentrique qui a pour l’habitude de faire repeindre ses voitures aux couleurs d’objets qui lui sont chers. Ainsi, après avoir commandé une Rolls de la même teinte que son orchidée favorite, il s’est rendu chez Mc Laren pour déposer sur le bureau du directeur des ventes une… chaussure, laquelle arborait la pointe de vert maintenant présente sur sa Senna. 800 ch sous le capot d’une voiture personnalisée à sa couleur favorite, c’est vraiment le pied !

Laguna Seca : le show continue sur circuit

Avant le concours d’élégance, point d’orgue de la semaine, de nombreuses petites courses ont lieu sur ce circuit très vallonné, dont le « corkscrew », un enchainement rapide en descente génère non seulement de fortes sensations, mais a également fait la réputation du lieu. Et là, entre les plateaux, c’est encore Mc Laren qui fait le show. Cette fois, il ne s’agit pas de la voiture extravagante d’un client, mais d’une supercar fabriquée à 106 exemplaires entre 1993 et 1998, dont 28 ont été déclinés pour la course : la Mc Laren F1.

Et pour la piloter à Laguna Seca, un double champion du monde de Formule 1, en la personne de Mika Hakkinen. Après quelques tours, il s’est confié sur les sensations ressenties à bord de cette voiture exceptionnelle. « Honnêtement, c’est mieux que ce que je pensais, indique le finlandais volant. Il n’y a pas de direction assistée ni d’ABS ou de contrôle de traction, mais le moteur (un V12 d’origine BMW, Ndlr) est fabuleux. C’est vraiment une voiture qui a fait référence, d’autant que cet exemplaire est celui qui a gagné les 24 Heures du Mans en 1995 ! »

Ouvert au public du mercredi au samedi lors de la Monterey Car Week, le circuit de Laguna Seca ferme en revanche ses portes le dimanche, pour que l’attention se focalise sur le concours d’élégance, porteur des espoirs des 207 collectionneurs en compétition.

Pebble Beach : un lieu unique

Le trou numéro 18 de ce golf hyper select est un par 4 qui surplombe l’océan Pacifique. Depuis ses falaises, on peut y distinguer ses nombreux oiseaux –c’est un lieu très protégé- mais aussi des lions de mer, attraction de la région et de la route « 17 mile drive », qui permet aux visiteurs d’en prendre plein la vue après avoir passé un péage à 11 dollars. En ce dimanche 26 août, plus de 50 000 personnes se sont pressées sur la colline.

De quoi occasionner de gros embouteillages, mais la patience paye et une fois sur les lieux on en peut que reconnaître le caractère unique de l’exposition. Classées par genre et par époque, toutes les voitures présentes sont comme neuves. Cette qualité de restauration a bien entendu un prix, mais ce n’est pas le problème des propriétaires. Ces heureux possesseurs se mélangent néanmoins bien volontiers avec les visiteurs et les professionnels du secteur qui accourent chaque année à Pebble Beach. Une ambiance hors du commun qui n’existe qu’en Amérique, avec un visitorat international : si 31 états des USA étaient représentés, 17 pays étrangers l’étaient également. C’est d’ailleurs une voiture européenne qui a remporté le concours : une Alfa Romeo 8C 2900 B de 1937, carrossée par Touring. Qui a dit que les américains n’avaient pas de goût ?

Didier LAURENT

La Galerie photos de l’Agenda Automobile à Pebble Beach 2018