Renault : Françoise Bohanne tire sa révérence

Après 39 ans de bons et loyaux services, Françoise Bohanne, Directrice d’Automobiles Renault pour la zone France Sud, entreprise à laquelle la Bretonne a consacré sa vie professionnelle, a fait ses adieux aux médias lors des essais du nouveau crossover Kadjar. Nous l’avons rencontrée.

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Qu’une femme tout-terrain telle que Françoise Bohanne – née en forêt de Brocéliande comme la fée Viviane -, patronne de Renault sur le front méditerranéen de l’Espagne à l’Italie depuis cinq ans, nous annonce son départ pour une retraite un peu anticipée mais bien méritée le jour des galops d’essais du tout nouveau crossover Kadjar tombe presque sous le sens.
Car la chose se déroule en Camargue, où l’on s’évade volontiers sous un soleil resplendissant, au bout du bout de la Commune d’Arles – la plus étendue de France -, à la naturellement gourmande table d’Armand Arnal, celle de La Chassagnette, dont le jardin et le potager recèlent des trésors.

Sous le regard toujours protecteur de Christian Buisson, l’enchanteur des relations médias de Renault en Méditerranée, Françoise Bohanne cache ses émotions derrière son entrain. Et il lui en a fallu pour  tenir le choc depuis son poste de commandement marseillais, de la période de crise à celui du renouvellement de la gamme.

Ce dernier joli mois de juin professionnel, Mme Bohanne le mènera au rythme qui a toujours été le sien, tambour battant. Mais pas à marche forcée, pour effectuer un efficace passage de relais à son successeur ; d’une main d’acier dans un gant de velours… satiné.

B-Françoise-Bohanne-CBASi vous reteniez un seul événement de votre vie chez Renault, quel serait-il ?
Françoise Bohanne : « Incontestablement, le fait que Renault m’a permis de prendre beaucoup de plaisir au cours de ma vie professionnelle.  J’avais 19 ans lorsque j’ai débuté dans l’entreprise  et je n’ai jamais perdu l’envie de me lever le matin pour aller travailler. Certes la vie n’est pas qu’un long fleuve tranquille et j’ai aussi vécu quelques petits moments de stress, mais c’est ainsi. »

Votre parcours professionnel a-t-il été compliqué ?
F.B. : « Je n’en ai pas eu le sentiment, varié plutôt ! J’ai commencé par découvrir quasiment tous les postes, en les occupant, au sein de la succursale de Rennes. Puis j’ai été vendeuse et je me suis tournée vers la formation, promue chef des ventes à Paris, j’ai ensuite migré vers le marketing France ainsi que le contrôle de gestion. Dans la foulée je me suis consacrée au commerce pendant quatre ans, à Paris et dans les DOM TOM. De retour, j’ai été nommée Conseiller d’affaires à Toulouse, et j’ai à nouveau transité par Paris avant de commencer à mettre cap au Sud, vers Bordeaux tout d’abord et enfin Marseille. J’ai vraiment appris plein de choses. »

01-Françoise_BOHANNE-Photo-Charles-Bernard_ADREANIDes choses que vous avez apprises, quelle est celle qui vous importe le plus ?
F.B. : « J’ai commencé par apprendre sur la nature humaine, cela permet de se découvrir soi-même, et je ne crois pas avoir arrêté. J’ai occupé plus d’une dizaine de postes et au travers de mes mutations j’ai rencontré des gens très différents. Grâce à eux j’ai en particulier eu la chance de découvrir d’autres cultures.  Dans les DOM TOM j’ai même travaillé avec un Chinois. Cela m’a permis de prendre conscience que chaque être humain est fait d’autant de qualités que de défauts et de développer mes facultés d’adaptation. D’un naturel optimiste, je suis intimement  convaincue que les femmes et les hommes ont beaucoup de bonnes choses au fond d’eux. »

Comment définiriez-vous ce que l’on nomme l’esprit d’équipe ?
F.B. : « Pour moi c’est extrêmement simple étant donné que ce que j’ai accompli  je ne l’ai jamais fait seule, mais  toujours été entourée de très belles équipes. C’est grâce à elles qu’ensemble nous avons réussi de bonnes choses . Il en est de même pour les managers du réseau Renault que je dirige et qui comprend une cinquantaine d’établissements et de concessions, auxquels il faut ajouter plus de 350 agents. »

02-Françoise_BOHANNE-Photo-Charles-Bernard_ADREANISur la zone France Sud que vous dirigez, Automobiles Renault  vend annuellement plus de 60 000 véhicules neufs, soit plus de 200 000 lorsqu’on ajoute les occasions. Mais vos clients ont-ils les mêmes envies sous toutes les latitudes ?
F.B. : « Surtout pas : un Breton ou un Ch’ti ne sont pas un Basque, chacun le sait. Et il n’y a pas à aller loin pour voir la différence : Marseille n’est pas le Luberon. De la frontière espagnole et du Sud-Ouest au Sud-Est jusqu’à la frontière italienne, en passant par le Principauté de Monaco, l’état d’esprit diffère aussi parce que l’on vit différemment, serait-ce seulement à cause du climat. Tout cela induit des comportements divers et variés, et différentes capacités d’achats. »

Le mardi 30 juin, vous allez aborder votre dernier virage en tant que patron aux commandes de Renault sur l’arc méditerranéen. Vous allez dire ciao, mais encore ?
F.B. : « Il n’y aura pas grand chose à dire de plus : l’image de la marque est belle et les investissements sont en cours de renouvellement, les équipes et leurs résultats commerciaux sont bons, la relève est donc bien assurée. J’ai tout bien réfléchi et j’assume. Je sais que des gens et des choses vont me manquer ; je n’ai jamais été dans la demi-mesure et je n’ai jamais forcément placé le curseur au bon endroit… Mais j’ai eu de la chance. Jusque dans ma vie privée avec un compagnon qui ne m’a jamais freinée alors que j’étais toujours à 180 km/h au moins… J’ai eu la possibilité de le faire et j’en ai profité.  Mais un jour, il faut savoir s’arrêter. Même si, vendeuse dans l’âme, je vais rester Renault car mon sang n’est pas rouge mais jaune et j’ai le coeur en forme de Losange. Disons que je pars afin de me poser un peu, pour entamer une nouvelle vie ! »

Charles-Bernard ADREANI