Reportage : Dans l’antre de Koenigsegg

Voir et approcher une Koenigsegg n’est déjà pas donné à tout le monde. Alors faire un petit tour en compagnie du pilote maison et visiter les ateliers de fabrication de l’hypercar relève carrément de la plus pure exclusivité ! On peut donc dire que Sport-cars.fr a réalisé l’un de ses rêves…

Bienvenue à Angelholm

En Suède, il n’y a pas que Zlatan et Ikea. Il y a aussi Koenigsegg ! Pour le commun des mortels, il est vrai que cette marque ne veut pas dire grand chose. En revanche, pour l’amateur d’automobile sportive, ce nom résonne immédiatement comme un appel à la très haute vitesse et aux performances ahurissantes.

Grâce à une visite privée organisée par Michelin – qui équipe de ses meilleures gommes les bolides scandinaves – nous avons eu la chance de découvrir de l’intérieur ce petit constructeur titilleur de records. A notre arrivée à Angelholm, petite bourgade du sud de la Suède, rien n’indique que nous nous trouvons dans la ville qui accueille Koenigsegg. Au bout d’une petite route située dans l’enceinte d’une ancienne base de l’armée de l’air suédoise – pour un constructeur d’avions de chasse de la route, c’est plutôt logique -, on aperçoit enfin un bâtiment sans charme, discret, mais qui recèle bien des trésors.

Avion de chasse sans ailes…

Première surprise de taille : nous sommes accueillis par Mr et Mme von Koenigsegg en personne ! Madame se charge tout d’abord de nous présenter succintement l’entreprise puis, nous suivons monsieur qui nous accompagne pour une démonstration en piste (d’aérodrome) des qualités de l’Agera.

Descendante de la CCX et de ses déclinaisons exclusives, cette superbe suédoise est une véritable arme fatale. Désignée « Top Gear Hyper Car of the year » en 2010 et 2011 par la célèbre émission britannique Top Gear, cette auto d’exception semble atterrir d’une autre planète. Car l’Agera n’est ni sportive, ni supersportive, ni supercar, c’est une hypercar ! C’est à dire qu’elle est capable de dépasser les 380 km/h en vitesse maxi.

Contrairement à d’autres constructeurs de voiture de ce type, Koenigsegg ne se fournit pas en moteur chez Mercedes ou VW… Non, ici, le V8 biturbo de 5 litres de cylindée est de fabrication maison ! Et le résultat est un pure pièce d’orfèvrerie. Sur la version de « base », et dans son millésime 2013, le huit cylindres développe la bagatelle de 960 chevaux à 7.100 tours/minute. Le couple maximum est de 1.100 Nm à 4.000 tr/min et le 0 à 100 km/h s’abat en 3 secondes tout rond. Le 0 à 200 km/h se fait lui en 8 secondes. Autre chiffre intéressant, le 0 à 200 à 0 km/h ne nécessite que 13,5 secondes. Cela montre à quel point le freinage est performant sur cette auto de 1.330 kg à vide. Nous allons d’ailleurs le vérifier dans très peu de temps…

Décollage violent

Après avoir observé dans les moindres détails la belle Agera au bout de la piste, nous avons enfin le privilège de monter à bord. Et c’est le grand patron, Cristian von Koenigsegg « himself », qui nous installe dans le baquet passager et boucle notre harnais. A notre gauche, dans le rôle du chauffeur, nous retrouvons le pilote maison, Robert Serwanski, qui connait cette auto mieux que quiconque puisque c’est lui qui détient les records du monde établis par la marque. C’est l’occasion de voir d’un peu plus près la qualité de finition intérieure. Il n’y a pas grand chose à redire, elle suit tout bonnement des standards de haute couture. Ce qui semble plutôt normal pour une voiture à tout de même 1,7 millions d’euros et produite à moins de 30 exemplaires par an.

Une fois le moteur mis en route, un joli grondement se fait entendre et la démonstration peut débuter. Celle-ci consiste en une accélération franche et sans antipatinage – afin de ressentir à quel point la puissance est facilement transmise au sol grâce aux pneus Michelin Pilot Super Sport – jusqu’à 250 km/h suivi d’un gros freinage jusqu’à l’arrêt complet du véhicule. Autant vous le dire tout de suite, le freinage est encore plus impressionnant que l’accélération.

Atterrissage surpuissant

L’Agera freine si fort qu’on comprend tout de suite l’utilité d’un harnais 4 points. Et surtout, elle est tellement stable que notre pilote nous a gratifié d’une dernière partie de freinage en mode « sans les mains » ! Après un demi-tour en bout de piste, il est temps de voir ce que donne la tenue de route lors de brusques changements d’appuis. Que ce soit à 100, à 130 ou à 160 km/h, la Koenigsegg vire parfaitement à plat et sans difficulté apparente. Outre les qualités intrinsèques de l’auto, Robert Serwanski nous vante alors les qualités des pneumatiques clermontois développés en parfaite collaboration avec le constructeur suédois.

Un petit détail nous est également confié durant cette matinée forte en émotions. Cette Agera grise n’est rien de moins que l’Agera n°1 ! Soit le tout premier exemplaire produit, celui qui s’est exposé dans les plus prestigieux salons automobiles, qui a servi à quelques essais menés par la presse utlra spécialisée et qui affiche maintenant 75.000 km au compteur. Cela montre à quel point cette voiture entièrement faite à la main peut être fiable. Une auto qui est d’ailleurs garantie 3 ans sans limite de kilométrage.

Une seule chaîne de montage

Après avoir vu, entendu, touché et vécu quelques sensations fortes avec cette Koenigsegg, il est temps de rejoindre les ateliers pour une visite guidée que seuls quelques privilégiés – dont les heureux clients – peuvent réaliser. Chaque voiture étant produite à la commande, il faut environ 10 mois entre la signature du bon de commande et la livraison de son bolide. Chaque Agera est unique et personnalisable à l’envie. Comme souvent, ce n’est qu’une question d’argent. Une trentaine d’ouvriers, ou plutôt d’artisans spécialisés, se partagent le travail et prennent le temps de soigner chaque détail. Une seule chaîne de montage suffit puisque la production ne dépasse pas les 30 exemplaires par an.

En compagnie de Mme Koenigsegg pour les explications, nous avons eu la chance d’observer les différents modules de travail. Des caisses en fibre de carbone à la peinture personnalisée en passant par la production des pièces de carbone et l’assemblage du moteur, nous avons pu découvrir un monde où seule la perfection a droit de cité. Une perfection voulue et choisie par Cristian von Koenigsegg et qui explique que l’on retrouve aux quatre coins de l’auto des Michelin Pilot Super Sport en 345/30-20 à l’arrière et en 265/35-19 à l’avant spécialement conçues en partenariat avec Koenigsegg.

Avant de quitter ces ateliers où règne une ambiance finalement assez familiale, nous avons heureusement le temps d’observer sous les moindres coutures une CCX orange exposée dans l’entrée et dont vous pourrez retrouver quelques photos ci-dessous.

Texte et photos : JMS