Essai McLaren Elva : le joujou extra

Combinant son histoire et ses connaissances en matière de voiture de sport, McLaren met à la route une machine à sensations tout à fait exceptionnelle.

Cette sportive spectaculaire, qui rappelle le style des barquettes des années 60, doit son nom à la première voiture de course développée par Bruce McLaren. En 1958, alors qu’il accède à la Formule 1 (au Grand Prix d’Allemagne), le pilote néo-zélandais regarde d’un peu plus près les courses se déroulant aux Etats-Unis. Il s’intéresse plus particulièrement au championnat CanAm, qui met en piste des prototypes sur des circuits d’Amérique du Nord et du Canada.

De la Formule 1 à la McLaren M1A

En 1962, après sa victoire au Grand Prix de Monaco, il décide de construire un programme en parallèle de la Formule 1. Pour cela, l’ingénieur dessine un châssis tubulaire à l’intérieur duquel il vient greffer un moteur V8 Oldsmobile modifié. La voiture développe un peu plus de 500 ch pour un poids qui dépasse légèrement les 550 kg. Les premières courses sont un tel succès que d’autres écuries lui passent commande d’une voiture similaire. Mais si McLaren est un technicien hors-pair, il n’a pas d’installations lui permettant de produire plusieurs voitures. Il se rapproche alors d’un petit constructeur britannique spécialisé dans la construction de voitures de course : Elva. La voiture imaginée par McLaren, la M1A, va alors devenir la McLaren Elva M1A.

La McLaren Elva M1A 1964 de Bruce McLaren, ici à la Speed Week de Goodwood, en 2020

Près de 60 ans plus tard, la McLaren Elva reprend à la fois l’esprit et le nom de son ancêtre. Pas de toit, de vitres ni même de pare-brise, et un poids abaissé au maximum. Accusant 1 148 kg sur la balance -c’est la McLaren la plus légère jamais produite- l’Elva est entièrement constituée (châssis et carrosserie) de carbone. Son moteur V8 de 4.0 litres développe 815 ch, pour un couple de 800 Nm. Autant dire que les performances sont au rendez-vous : 2,8 s pour passer de 0 à 100 km/h, et 327 km/h en pointe, cheveux au vent… ou presque. A partir de 120 km/h, il est fortement conseillé de porter les lunettes et les casques (en carbone) fournis par le constructeur britannique.

Une McLaren de 815 ch, cheveux au vent

Le début de notre essai, en zone urbaine, nous permettra de nous familiariser avec une voiture à conduite à droite. En plus d’être basse, l’Eva fait presque deux mètres de large, sans les rétroviseurs. L’absence de pare-brise est finalement moins perturbante que la conduite de ce « joujou », à laquelle on se fait vite à condition d’oublier son prix : 1,709 millions d’euros, hors personnalisation…

Puis viennent les routes tortueuses du sud-est de la France, et les premières tentations de découvrir un peu plus le côté dynamique. Au départ, on a du mal à se représenter quelle sensation représente l’accélération d’une voiture de 815 ch. Surtout qu’à bord de cette barquette poids plume, et avec la tête au vent, tout est amplifié. La réponse vient rapidement : c’est bestial, c’est long, et c’est très bon. On pense que la poussée ne va jamais cesser. A partir de 70 km/h, un élément aérodynamique s’extrait du capot avant. C’est une première mondiale, et un dispositif efficace qui coupe les flux d’air pour préserver la quiétude des occupants, sans lunettes ou sans casque.

L’Elva est une voiture de course sur la route

Depuis le poste de pilotage, on peut agir sur un grand nombre de paramètres. Entre les différents modes de conduite et les cartographies liées à la suspension ou au moteur, on peut rendre la bête soit docile soit très méchante. Le V8 biturbo est bien plein, et les sensations sont augmentées par l’échappement en titane et alliage de métaux, qui vocifère dans le dos par ses quatre sorties.

Ce qui est frappant, au volant d’une McLaren, c’est l’apparente facilité de conduite que procure la voiture A bord de l’Elva, c’est encore plus flagrant : le conducteur fait corps avec la machine, qui réagit à la moindre sollicitation quelle que soit la vitesse, freine comme jamais et semble aimantée à la bande de bitume sur laquelle elle progresse. Ce sentiment, très rare et permis par la définition technique de la voiture, est une sorte d’aboutissement pour les amoureux de conduite. C’est en cela que le joujou est extra.

Sans véritable concurrente, l’Elva peut néanmoins être comparée à la Ferrari Monza SP2 (2019), ou à la Lamborghini SC20 (2020). Mais alors que les deux italiennes cachent des V12 sous leur capot, qu’elles arborent un luxe totalement absent à bord de la britannique, elles accusent également 200 à 300 kg de plus sur la balance, et donc des sensations de conduite différentes.

Voiture épurée pour connaisseur fortuné, la McLaren Elva est produite sur-mesure. Elle se destine à 149 chanceux, pas un de plus.

Fiche technique

McLaren Elva 

L x l x h (m) : 4,61 x 1,94 x 1,09

Moteur : V8 biturbo

Cylindrée : 3 994 cm3

Puissance :  815 ch 

Couple : 800 Nm

0 à 100 km/h : 2,8 s

0 à 200 km/h : 6,8 s

Vitesse max : 327 km/h

Prix : 1 709 000 €

Malus : 30 000 €