Essai Renault Twizy : à usage restreint

Enfonçons des portes ouvertes (ça tombe bien dans le cas de Twizy, car elles ne sont jamais totalement fermées) : chaque voiture est prévue pour un certain usage : une Ferrari aimera aller sur circuit, un BMW X5 roulera sur des pistes, une Twingo aura un usage urbain etc. Mais à quoi sert Twizy ? Après quelques jours à son volant, nous avons un début de réponse.

A faire LA course

Si vous utilisez Twizy pour faire vos courses (au sens « achat » et non compétition), vous comprendrez rapidement que, une fois passé chez Toy’s Are Us, il vous sera difficile de poursuivre chez Darty dans la mesure où les concepteurs de Twizy ont eu deux bonnes idées.

En premier lieu, celle de ne pas doter ce véhicule de portes qui ferment complètement et à clé. Ensuite, de ne pas lui avoir offert un coffre, aussi petit soit-il, qui puissent être verrouillé. Ce ne sont pas les deux petits rangements situés sur le tableau de bord (dont l’un ferme à clé) ou le très difficile d’accès petit coffre arrière qui peuvent servir à stocker vos achats… Résultat de la course, il est délicat de laisser vos achats en libre service pendant que vous procédez à d’autres dépenses ailleurs… Pour un usage urbain, c’est ballot.

A rigoler quand on le lave…

Nous avons soumis Twizy au test du lavage. Si les rouleaux ne peuvent accepter un tel engin, il est possible de se rabattre sur le nettoyeur à haute pression. Mais attention, tout écart, aussi petit soit-il, qui pourrait diriger le jet vers l’intérieur aura pour résultat de transformer Twizy en brumisateur. Lors de la mise en route des essuie-glaces, on s’aperçoit alors qu’il en faudrait aussi en mettre à l’intérieur du pare-brise !

A rouler en Poncho

Lors de la prise en mains de Twizy, une charmante personne vous remet un petit sac dans lequel se trouve un Poncho en plastique transparent très seyant ! En effet, en cas de conduite sous la pluie, il est prudent de s’équiper afin de ne pas être mouillé à l’arrivée. Par contre, il n’y en avait pas pour le passager. Dommage pour lui car il est bien plus exposé que le conducteur.

A vivre un grand moment de solitude.

Imaginez (enfin pas tellement, je l’ai vécu) que vous démarrez en premier au feu vert à un carrefour et que vous vous retrouvez derrière une benne à ordures sur une route où il n’est pas possible de doubler. En temps normal, vous remontez les vitres et mettez le recyclage. Oui mais voilà, c’est impossible avec Twizy. Vous avez alors le choix : profiter des effluves raffinés pendant plusieurs kilomètres ou vous arrêter…

A ne pas rouler comme une moto

Trop large (1.24 m) pour pouvoir remonter les files de voitures dans les embouteillages, Twizy ne vous permet pas de vous faufiler dans la circulation et vous devez alors rester à votre (petite) place, profitant des gaz d’échappement, de la chaleur, du froid, de la pluie… Bref, en dehors d’être en sécurité et au sec (comme dans une voiture…), vous n’aurez aucun des avantages du deux roues.

A rouler tranquille…

Pas d’ABS, d’assistance de freinage, d’ESP ou autre  : il faut bien avoir cela à l’esprit avant de se lancer trop vite à l’attaque d’un rond-point. Si le châssis est très sain, il faut fermement appuyer sur les freins pour obtenir une bonne décélération. Une fois le mode d’emploi assimilé, on dispose alors d’un petit karting. Mais attention à l’excès d’enthousiasme surtout sur route humide où le sous-virage sera votre premier ami et pourrait être suivi de l’airbag conducteur, et des ceintures de sécurité avant 4 points et arrière 3 points.

De toute façon, en raison de ses performances (80 km/h) qui la contraignent à rouler en ville (prendre une voie rapide c’est limite…) et à parcourir environ 60 kilomètres avant de devoir refaire le plein, vous aurez vite fait le tour. Par contre, le rayon de braquage ultra court (3.4 m !) autorise des manœuvres de stationnement éclair. Attention cependant aux roues arrière qui dépassent de la carrosserie et que l’on oublie facilement car habillées d’une carrosserie noire. Lorsque l’on recule, il faut bien garder à l’esprit leur présence et ne pas trop se serrer contre le trottoir.

A aller bosser, au resto, au ciné, à la plage…

Au final, Twizy se destine à un usage très limité : aller bosser, au resto, au ciné, à la plage en été ou au printemps (ou alors à sortir bien couvert car il n’y a pas de chauffage) et en utilisant des routes urbaines ou départementales seront les principales activités que vous pourrez faire à son volant.

Toutefois, mettre entre 7.690 et 8.490 € selon l’équipement dans une voiture aussi peu polyvalente (plus la location de la batterie, à un tarif de 50 € par mois, pour une utilisation de 7.500 km par an sur une durée de 36 mois soit 625 kilomètres par mois) risque d’en refroidir plus d’un (sauf ceux qui n’ont pas ou plus de permis de conduire.) Vivement Zoe qui certes coutera le double, mais sera tellement plus pratique.

Texte et photos : Philippe HORTAIL