Formula E ePrix de Paris : Di Grassi dans l’histoire de France, Vergne (DS) Dauphin devant Buemi

Ils en rêvaient, la mairie de Paris et la FIA l’ont fait : depuis plus de 70 ans qu’une course de voitures n’avait pas eu lieu dans la capitale, les monoplaces électriques de la Formula E se sont livrées à une bataille autour des Invalides.

Le Brésilien Lucas Di Grassi (ABT Schaeffler AS) est entré dans l’histoire de France… du sport automobile, en remportant le premier ePrix de Paris de Formula E.

L’Agenda de l’Automobile vous raconte et vous montre le premier ePrix de Paris comme si vous y aviez été !

La Formula E vient d’écrire une page historique du sport automobile, tout d’abord en parvenant à décider les autorités locales d’organiser un ePrix au cœur de la capitale.
Ainsi, ce samedi 23 avril à 16h04, les 18 monoplaces du premier championnat 100% électriques homologuées par la FIA se sont élancées sur un circuit éphémère de 1,9 km de long. Composé de quatorze virages, très techniques pour la plupart, et de deux lignes droits propices aux dépassements, il figure parmi les plis difficiles de la saison.

Sarrazin : « Paris ? Le circuit le plus compliqué, avec celui de Londres »

Gildo Pastor, le patron de Venturi - qui s'est confié en exclusivité à l'Agenda de l'Automobile (voir l'enregistrement sur notre page Facebook), était à Paris aux côtés de ses pilotes, Mike Conway et Stéphane Sarrazin (en illustration).

Gildo Pastor, le patron de Venturi – qui s’est confié en exclusivité à l’Agenda de l’Automobile (voir l’enregistrement sur notre page Facebook), était à Paris aux côtés de ses pilotes, Mike Conway et Stéphane Sarrazin (en illustration).

Pour Stéphane Sarrazin (Venturi), l’un des quatre pilotes français engagés dans le championnat, « c’est génial de rouler à Paris, mais le circuit est très compliqué. C’est sûrement le plus difficile, avec celui de Londres, qui est aussi très bosselé. Les opportunités de doubler seront peu nombreuses (deux courtes lignes droites, NDLR) et la place sur la grille de départ sera prépondérante. »

La séance de qualification aura donc une saveur particulière, d’une part parce qu’on retiendra plus facilement le nom du premier poleman du ePrix de Paris mais aussi, comme à Monaco, parce que la première ligne augmente ici plus qu’ailleurs les chances de bon résultat à l’arrivée.

Une organisation médiocre, des spectateurs mal positionnés…

Pour la course des parisiens et des quartiers, l'ambiance était au rendez-vous entre rollerskates, vélos et trottinettes...

Pour la course des parisiens et des quartiers, l’ambiance était au rendez-vous entre rollerskates, vélos et trottinettes…

Paris n’a pas l’habitude d’organiser des courses de voiture et cela se voit. Personnel de sécurité mal formé, manque d’information, salle de presse très éloignée des installations, soucis techniques… les pistes d’amélioration ne manquent pas pour l’année prochaine, si FEH, la société qui exploite le championnat, finalise des accords toujours en cours de discussion avec la mairie de Paris.

Par ailleurs, les spectateurs ayant acheté leurs places sont pour la plupart mal positionnés, et voient mal ou peu la piste !
Seules les structures des sponsors offrent une vue correcte sur la course…
En revanche, les grands gagnants de cette course très parisienne sont les pilotes et les teams francophones, qui n’ont jamais profité d’une exposition médiatique aussi forte, notamment DS et Venturi, dont les attachés de presse font la différence en termes de professionnalisme.

Une première séance d’essais découverte

Les activités sponsoring et média ont été tellement fournies le vendredi que le traditionnel shakedown, qui permet aux pilotes de prendre le volant pendant trente minutes, n’a pas eu lieu.
C’est donc à partir de 8h15 ce samedi que les concurrents se sont élancés autour des Invalides au volant de leurs drôles de machines.
Après quelques tours, le belge Jérôme d’Ambrosio (Dragon Racing) est victime d’une panne. Il retrouvera son stand à bord de la BMW i8 de sécurité. Pour les autres, le set-up se prolonge. Il s’agit de trouver les bons réglages.
Certains roulent en mode « qualifications » (200kW) et d’autres en configuration course (170 kW). Avec une température extérieure de 11°C (et 12°C au sol), et un vent assez présent, pas facile de prendre ses marques et de faire monter les pneus en température.

Les Michelin Pilot Sport EV en température

Toutes les Formula E roulent chaussées de Pilot Sport EV. Et Michelin a profité du ePrix de Paris pour rappeler son implication dans les sports mécaniques et les liens étroits qui existent avec les pneumatiques de tourisme.

Toutes les Formula E roulent chaussées de Pilot Sport EV. Et Michelin a profité du ePrix de Paris pour rappeler son implication dans les sports mécaniques et les liens étroits qui existent avec les pneumatiques de tourisme.

Mais Michelin, qui fabrique et fournit les pneus pour tous les teams, se veut rassurant. « Le Pilot Sport EV est un pneu polyvalent qui monte très vite en température, indique Serge Grisin, le responsable de Michelin en Formula E. D’ailleurs, les pilotes nous ont tous fait part de leur satisfaction à l’issue de la séance.
« D’une part, l’asphalte offre naturellement un bon grip, et en général au bout de deux tours le niveau d’adhérence du pneu atteint son potentiel. »

Après différentes prises de pouvoir avec des chronos se situant entre 1’03 » et 1’04 » au tour, c’est finalement Sébastien Buemi (Renault-e.dams), devant Lucas Di Grassi (ABT Schaeffler Audi Sport), et Stéphane Sarrazin, décidément en forme depuis sa deuxième place à Long Beach, le 4 avril dernier, qui forment le premier trio de tête de cette séance d’essais.
Les autres pilotes français, Jean-Eric Vergne (DS-Virgin Racing), qui connaît actuellement une longue traversée du désert en termes de performances, et Nicolas Prost (Renault-e.dams), terminent la séance aux 11ème et 15ème place. Loïc Duval, sur l’autre Dragon (moteur Venturi), est 6ème.

Sursaut du DS Virgin Racing et de la casse en qualifications

Le barnum de la Formula E a transformé le coeur de la capitale pour l'ePrix de Paris, qui a vu les pilotes atteindre 230km/h sur le circuit des Invalides.

Le barnum de la Formula E a transformé le coeur de la capitale pour l’ePrix de Paris, qui a vu les pilotes atteindre 230km/h sur le circuit des Invalides.

Toujours par un temps très gris, mais pour le moment sans pluie, les concurrents reprennent le volant pour trente minutes d’essais libres avant les qualifications, prévues 1h30 plus tard. Vergne et Bird, les deux pilotes DS, mènent la danse, en haussant nettement le rythme. Seul Conway, à bord de sa Venturi, parviendra à les déloger. Prost et Buemi, avec les deux Renault-e.dams, ont du tester des réglages différents, et se retrouvent aux 8ème et 13ème positions.

Dès les premiers tours des qualifs, Nick Heidfeld part en travers et tape un mur avec sa Mahindra. Sans grande conséquence. Mais en redémarrant, il barre la route à la Venturi de Mike Conway, qui le percute. Drapeau rouge, et pole provisoire pour l’autre Venturi, celle de Stéphane Sarazin. Jean-Eric Vergne, surement plus motivé que d’habitude, viendra le déloger en Q2, et restera en pole position jusqu’à ce que son coéquipier, Sam Bird, vienne lui prendre la place.

A Sam Bird (DS Virgin) la Super pole !

Auteur de la Super pole, le britannique Sam Bird (DS Virgin Racing) ferraillera d'abord en coiurse avec son coéquipier, Jean-Eric Vergne, avant de se louper comme un grand sous la pression de Lucas Di Grassi.

Auteur de la Super pole, le britannique Sam Bird (DS Virgin Racing) ferraillera d’abord en coiurse avec son coéquipier, Jean-Eric Vergne, avant de se louper comme un grand sous la pression de Lucas Di Grassi.

Nicolas Prost qui, chaussé un casque similaire à celui de son père lorsqu’il courait en F1, se mêle aux hommes de tête.
La Super pole est alors constituée de Bird, Vergne, Sarrazin, Di Grassi et Prost, soit trois pilotes français sur quatre !
Après que chacun se soit élancé pour un tour rapide seul en piste, c’est finalement Bird qui rafle la mise, devant Di Grassi, Vergne, Sarrazin et Prost. Il n’y aura donc aucun français sur la première ligne du ePrix de Paris, même si le constructeur DS a réalisé u bon coup en plaçant ses deux monoplaces aux premier et second rang.

Une course intéressante, jusqu’à cinq tours de l’arrivée

Après que tous les VIP, le premier ministre Manuel Vals et les autres personnalités de la marie de Paris aient évacué les stands ou la ligne de départ, la course a été lancée à 16h04 précises, comme à chaque ePrix, pour cette fois 45 tours de circuit.

Bird, qui loupe son démarrage, se fait dépasser tout de suite par Di Grassi et Vergne. Au 8ème tour, la Dragon de Duval tombe en panne. Le régime de « full course yellow » qui fige les positions à 50km/h est alors instauré, le temps que les opérations de dégagement de la voiture soient menées. A la reprise, Buemi attaque et remonte plusieurs places en quelques tours, et double même son coéquipier, Nicolas Prost, deux tours avant la mi-course.

Au changement de voiture, le classement n’évolue pas. Buemi, alors quatrième, continue de mettre la pression sur Bird. Alors que l’ambiance –et les freins- se réchauffent, Buemi disposant en outre d’un Fanboost qui pourrait permettre de le dépasser, le britannique loupe un freinage et tire tout droit. Il part en tête-à-queue et perd trois places. Mais à quatre tours de la fin, Ma Qing Hua, nouveau pilote chez Aguri (en remplacement de Salvatore Duran), crashe sa monoplace dans un mur. Safety Car.

La course se terminera sous drapeau jaune, sans que la bagarre qui s’annonçait pour les derniers tours ne puisse avoir lieu. C’est donc Lucas DI Grassi, leader du championnat et vainqueur du dernier ePrix (Long Beach) qui remporte le premier ePrix de Paris, devant Jean-Eric Vergne, lequel n’a marqué que 6 points depuis le début de la saison mais qui a été galvanisé par le public français, et Sébastien Buemi, qui signe encore une très belle course.

-Départ-ePrix-Paris-2016_Agenda-Automobile.com

L’autre Renault-e.dams, celle de Prost, termine quatrième, devant la Venturi de Sarrazin, qui gagne en régularité. Le déçu du jour est forcément Sam Bird, qui a néanmoins eu chaud aux plumes en faisant un tête à queue à bord de sa DS-Virgin Racing à sept tours de l’arrivée, et qui termine sixième.

Trois français sur quatre qui terminent la course, et surtout trois français qui se classent dans les cinq premiers, c’est un bon résultat pour les pilotes tricolores. Mais ce samedi, c’était bel et bien le brésilien Di Grassi qui était le plus fort.

Ce qu’on retiendra du premier ePrix de Paris

La course des parisiens et des quartiers était fun, avec ses équipes à rolleskates, à vélo et au guidon de trottinettes. Et des "pilotes" souvent déguisés. Histoire de rappeler, si nécessaire, que derrière l'évolution des plus hautes technologies il y a d'abord des hommes et des femmes qui s'amusent... Et qui travaillent !

La course des parisiens et des quartiers était fun, avec ses équipes à rolleskates, à vélo et au guidon de trottinettes. Et des « pilotes » souvent déguisés. Histoire de rappeler, si nécessaire, que derrière l’évolution des plus hautes technologies il y a d’abord des hommes et des femmes qui s’amusent… Et qui travaillent !

Le positif
Un lieu fantastique.
Des pilotes très motivés et talentueux.
Une course disputée.

Le négatif
Une organisation médiocre.
Des spectateurs pour la plupart mécontents.
Une mauvaise visibilité aux abords du circuit.

Lire aussi : DS Virgin Racing, Vergne et Bird à domicile.

Didier LAURENT
Photos : Charles-Bernard ADREANI, G. DUNBAR et D. BATHIE

Diaporama : dans l’ambiance du premier ePrix de Paris de Formula E