« Freinages fantômes » : faut-il avoir peur des aides à la conduite ?

Plusieurs cas ont été recensés de « freinages fantômes » par leurs propriétaires victimes d’accidents de la route. Le véhicule se met à freiner brutalement sans raison, créant un danger certain et immédiat. Faut-il avoir peur des aides à la conduite ?

Texte : Gaël Angleviel / Images : Nissan

Les ADAS en cause des « freinages fantômes » ?

Certains automobilistes impliqués dans ces accidents de la route, expliquent que le véhicule est en cause. En effet, ces derniers rapportent qu’un freinage brutal est intervenu sans raison. Ce faisant, cela a créé un danger immédiat, puisque l’un d’entre-elle se trouvait sur l’autoroute. Le véhicule aurait alors freiné jusqu’à l’arrêt total en plein milieu d’une voie d’autoroute. L’accident fut inévitable, le véhicule a été percuté violemment par l’arrière. Plusieurs autres cas ont été recensés après l’appel à témoin de cette conductrice. Elle a alors reçu plus de 300 témoignages abondant en son sens. Des « freinages fantômes » seraient la cause de ces accidents, et induits par l’assistant de freinage d’urgence, l’une des aides à la conduite.

La jeune automobile, victime de cette mésaventure, raconte comment sa Peugeot 208 s’est immobilisée toute seule. Quelques secondes après l’accident, Joanna prend une photo de sa voiture. Le véhicule est en travers sur l’autoroute. « On voit clairement qu’il fait face à la circulation », décrit-elle. Sa voiture a été percutée par l’arrière. Pourtant, elle affirme n’avoir rien fait pour freiner. « Le freinage a été brutal, inattendu. » Elle explique que tout s’est joué en trois secondes. Sans raison, sa voiture s’est arrêtée au milieu de la voie rapide. Ensuite, elle n’a eu le temps que de s’interroger : « Pourquoi ma voiture freine ? » À peine a-t-elle levé les yeux qu’elle aperçoit la voiture suivante fondre sur elle. Le choc est inévitable. Fort heureusement, aucun blessé grave n’est à déplorer.

Plusieurs cas déjà recensés…

Mais Joanna veut comprendre ce qui s’est passé. Elle demande une expertise de sa voiture. Pourtant, la justice refuse cette analyse. Officiellement, aucune raison n’est donnée. Officieusement, on lui aurait évoqué un coût trop élevé et l’absence de victime mortelle. C’est un argument qu’elle conteste fermement. Elle décide alors de faire appel à d’autres personnes victimes et/ou témoins du même incident. Début juillet, elle contacte Le Progrès pour raconter son histoire. Elle espère ainsi recueillir des témoignages similaires. L’initiative rencontre ainsi un écho immédiat. Elle ouvre aussi une adresse mail dédiée et reçoit rapidement des messages. En un mois, 250 témoignages lui parviennent.

Ces automobilistes évoquent donc des freinages automatiques imprévisibles. Toutes les marques sont concernées. Certains faits remontent à quatre ans. La majorité des témoins n’ont pas eu d’accident. Mais beaucoup disent désormais craindre de conduire leur voiture. D’autres, comme Joanna, ont été percutés. « On parle parfois d’un simple coup de frein. Mais pour certains, ça a fini à l’hôpital, voire pire », résume-t-elle. Ces situations dramatiques se répètent. Plusieurs signalements désignent le freinage automatique comme responsable. Ces arrêts brutaux surviennent sans intervention du conducteur. Ils surviennent même sans danger visible. En parallèle, Joanna apprend qu’elle n’est pas un cas isolé. Une ingénieure la contacte. Elle a connu un accident similaire un an et demi plus tôt.

Cette fois, le drame est absolu. La passagère, amie et collègue de l’ingénieure, décède sur le coup. Aurélie Tormos, la conductrice, a été condamnée pour homicide involontaire. Malgré cela, elle veut alerter les constructeurs. Elle ne souhaite pas d’autre victime. « On ne changera pas le passé, mais on peut éviter d’autres morts », plaide-t-elle. Pour elle, ce défaut technique doit être reconnu. Il ne faut pas attendre une série noire pour réagir.

Doit-on s’inquiéter des ADAS ?

Depuis juillet 2022, le freinage automatique est obligatoire sur les véhicules neufs. En théorie, il doit empêcher les collisions. Toutefois, il n’est pas infaillible. France Télévisions a contacté les marques concernées. Seul Stellantis a répondu. Le constructeur défend son système d’urgence. « Il fonctionne quand le conducteur ne voit pas de danger », affirme Stellantis. Il est homologué pour ce type d’usage. Cependant, plusieurs experts pointent des limites.

Grégory Pelletier, directeur de la rédaction de L’Argus, confirme les doutes. Selon lui, ces systèmes peuvent réagir à des éléments sans danger réel. « Un objet, une ombre ou un débris peuvent suffire à activer le freinage », explique-t-il. Autrement dit, l’algorithme n’est pas infaillible. En cas de dysfonctionnement, les automobilistes peuvent désactiver temporairement cette fonction. Il est ensuite conseillé d’amener le véhicule chez un professionnel. Joanna, elle, poursuit son combat. Elle veut faire remonter l’information. Et surtout éviter que d’autres vivent la même chose.

Dès lors, peut-on réellement se fier à 100 % à son véhicule équipé de toutes ces aides ? Le mieux est-il l’ennemi du bien ? Ces cas ne sont pas à prendre à la légère et nécessitent certainement une enquête de grande envergure. Il n’est pas rare que les constructeurs fassent des erreurs (Stellantis et les blocs PureTech), voire leurs sous-traitants (le fabricant d’airbags Takata). A l’heure actuelle, aucune campagne de rappel n’est activée par un constructeur. La panne, si elle est avérée, est indécelable à l’heure actuelle si vraiment le système de freinage d’urgence est en cause. Car ce dernier est censé surveillé la proximité des obstacle jusqu’à une vitesse de 50 ou 60 km/h selon les modèles. En cas d’implication du système, il existerait alors de nombreux paramètres et scénarios, voire disfonctionnement pour expliquer ces incidents. Pour plus de prudence, le système d’anticollision ou système de freinage d’urgence peut être désactivé depuis le tableau de bord. Mais il ne concerne alors que les basses vitesses, il n’est pas censé être proactif sur un tronçon d’autoroute. Il y a quelques années de cela, les Tesla étaient au cœur de la polémique avec ces mêmes « freinages fantômes ».

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