
Interview de Raymond Cotton, directeur de Michelin Motorsport North America
Titulaire d’une longue carrière au sein du manufacturier tricolore, Raymond Cotton est un fin connaisseur des sports mécaniques. Nous sommes allés à sa rencontre dans le cadre des 12 Heures de Sebring (Floride), dont le départ sera donné demain.
A 9 heures du matin, dans le paddock de Sebring, l’activité est déjà forte. Nous sommes reçus dans la structure de Jackson Motorsport, fidèle partenaire de Michelin sur les courses du championnat IMSA, dont Bibendum est l’un des sponsors principaux. Une bonne occasion pour faire le point sur les activités de Clermont-Ferrand de l’autre côté de l’Atlantique.

Michelin est l’un des principaux sponsors de l’IMSA. Comment percevez-vous les autres championnats ? Pourquoi ne pas aller vers NASCAR ou IndyCar, qui comptent bien plus de fans ?
Quand on regarde le sport automobile aux États-Unis et qu’on le met en parallèle avec l’ADN de Michelin, on constate que la série dont l’ADN converge le mieux avec le nôtre est incontestablement l’IMSA. Nous prônons la performance durable, la création de pneus qui durent longtemps et dont les performances se maintiennent au fil de l’usure, et l’utilisation du sport automobile comme laboratoire d’innovation. L’IMSA est une plateforme d’expression unique qui correspond bien mieux à cette philosophie que d’autres formes de course.
Le sport automobile aux États-Unis implique de nombreux constructeurs, avec un record de 18 marques engagées en IMSA Quel est l’impact de cette situation sur la réputation et le business de Michelin ?
En termes de réputation, nous repoussons les limites de la durabilité en intégrant du contenu recyclé dans nos produits, tout en maintenant un niveau de performance extrême. Nous mettons aussi l’accent sur la longévité des performances, ce qui est fondamental pour nos produits destinés à la route. Nous voulons des pneus qui restent performants du premier au dernier kilomètre, et nous appliquons la même philosophie sur circuit. Cela crée un message marketing fort que nous pouvons réutiliser pour notre activité commerciale. Nous développons les pneus de course au sein de la même famille que les pneus Pilot Sport destinés aux véhicules de série. La technologie testée en IMSA est ensuite intégrée aux voitures de route, et notre activité de simulation permet également aux constructeurs d’optimiser leurs véhicules.

© Didier Laurent


© Didier Laurent
Peut-on établir un lien direct entre la compétition et la croissance du business ? Peut-on quantifier l’impact de l’IMSA sur les ventes de pneus Michelin aux Etats-Unis ?
Ce lien est difficile à établir directement. Ce que nous savons, c’est que l’IMSA nous permet d’interagir avec les constructeurs automobiles dans un environnement passionné et compétitif. Chez Michelin, nous ciblons en priorité les véhicules haut de gamme, et beaucoup d’entre eux courent dans la catégorie GTD. Cela crée donc une synergie naturelle avec notre positionnement de marque.
Nous avons vu Bibendum dans le paddock, et il est très populaire. Comment expliquez-vous cet engouement ?
Bibendum est l’un des symboles les plus reconnaissables au monde. Il crée un lien immédiat avec les gens, qu’ils aient 6 ans ou 70 ans. C’est une mascotte qui transcende les générations et qui suscite un attachement émotionnel fort.