
Marché automobile : des mauvais chiffres pour commencer l’année
Les chiffres des immatriculations des voitures particulières sont tombés et les nouvelles ne sont pas bonnes. Le marché automobile est à -6,23 % (114 673 voitures mises à la route) en comparaison de janvier 2024, qui n’était déjà pas terrible. Pour les utilitaires, qui donnent une idée de l’économie du pays, on est à -10,11 %. Il va falloir se remonter les manches.
Didier LAURENT
Personne n’avait cru au regain du marché automobile en décembre, alors que les marques avaient toutes immatriculé des voitures en « VD » (voiture de direction) pour afficher des chiffres positifs. Résultat, ces voitures se retrouvent aujourd’hui à la vente en « zéro kilomètre ». Ce qui prend des immatriculations aux « vraies » ventes. Mais au-delà de cet épiphénomène, il convient de regarder deux choses. Les ventes sont en retrait de 14% sur la moyenne des 10 dernières années, et l’électrique n’est pas du tout au niveau attendu. La part des modèles à batteries n’est que de 17%, et encore grâce aux livraisons majoritaires de Renault 5 et Citroën ë-C3. Plusieurs marques sont néanmoins sur une pente positive. Audi, BMW, Hyundai, Renault, Skoda, Volkswagen et Toyota. Mais pour tous la part de VE est nettement insuffisante pour remplir les objectifs CO2 de la Commission Européenne.
« Nous sommes dans la continuité du deuxième semestre 2024, qui était très morose. Le contexte reste très incertain et n’est pas très propice à la dépense« , observe Marc Mortureux, directeur général de la PFA, dans un entretien à l’AFP.
La Citroën C3 devant
Avec 6 2343 ventes la petite Citroën, qui a tardé à être livrée, produit enfin ses effets. Elle affiche 25 % de ventes en électrique, ce qui est de bon augure pour le constructeur français. Mais cela ne suffira pas dans la durée. Les livraisons vont s’étaler, la C3 ayant anormalement représenté le mois dernier 68 % des ventes totales de la marque aux chevrons. Stellantis est largement à la traine dans les ventes comme sur la répartition entre électrique et hybride, motorisation préférée des français. Le groupe accuse un déficit de 12,13 % de ses ventes.
Il est entrainé vers le fond par DS Automobiles (-48,92 %) et Fiat -46,15%). Dans les deux cas, c’est le manque de nouveautés produits qui leur fait mal. Mais la tendance devrait s’inverser pour ces deux marques. D’une part, elles ont fait un bon mois de janvier en termes de commandes grâce au salon de Bruxelles. D’une autre, l’arrivée de nouveaux modèles (série spéciale et N°8 chez DS, lancement de la Grande Panda chez Fiat) vont leur permettre de retrouver des couleurs.



L’avenir n’est pas rose
Dans l’observation du marché automobile, il y a bien sûr les immatriculations, mais aussi et surtout les commandes, qui donnent la tendance de la suite. Dans ce contexte, c’est toujours l’incertitude qui domine.
« Aujourd’hui c’est le niveau des commandes qui inquiète et laisse présager d’une faiblesse persistante des immatriculations pour les mois à venir« , commente Marie-Laure Nivot, analyste chez AAA Data.
En clair, cette tendance baissière va s’installer dans la durée avec des gagnants et des perdants. On ne parle plus de la taille du gâteau, mais plutôt de la part que chaque marque va pouvoir s’en tailler. L’avenir semble s’assombrir pour les voitures électriques dans la tranche 40 000 € et plus. Les chiffres de Tesla (-63,41%) et Volvo (-61,85%) en janvier le démontrent. Smart, déjà presque sorti des radars depuis que la Fowtwo a été abandonnée en thermique, plonge aussi à -60,82%. Est-ce que la #5, grande et chère, leur permettra de remonter la pente ? Du côté des constructeurs allemands, Mercedes chute de près de 35%. BMW reste stable et Audi est en hausse à la faveur de son plan produit.
Il y a quand même des bonnes nouvelles
Le groupe Volkswagen commence à tirer profit des gros rabais faits sur ses voitures (+30,75%). Seule Porsche est en difficulté. Mais des marques qui ont les bons produits (notamment hybrides ou diesel et pas 100% électriques), comme Skoda, progressent de plus de 60%. L’hybride est aussi force de vente pour Toyota et Lexus, qui terminent le mois en positif. Renault et Dacia sont aussi sur une tendance haussière en attendant l’effet produit par leurs nouveautés. Les marques chinoises, regroupées sur une ligne, continuent de progresser malgré l’absence de bonus : + 16,64%.
En conclusion
Ces chiffres ne sont pas de nature à rassurer pour la suite. Mais si les marques proposent à leurs clients ce qu’ils veulent, c’est-à-dire plutôt des motorisations hybrides, ils rempliront mieux leur carnet de commande. Cela ne permettra pas de respecter les demandes C02 de la Commission Européenne. Mais les gouvernements tentent de ramener à la réalité les décideurs pour que les amendes ne soient pas appliquées. Les constructeurs pourraient ainsi plutôt investir dans leurs technologies.