Luca de Meo face à l’ignorance des politiques

Après le patron de Michelin, c’est celui de Renault qui a expliqué comment fonctionne notre économie automobile aux membres de l’Assemblée Nationale. Alors que le sujet était plutôt tourné vers les enjeux de l’industrie automobile, Luca de Meo a été questionné sur son salaire par un député NFP.

Didier LAURENT

Ils osent tout, et c’est même à ça qu’on les reconnaît. Les députés dans leur ensemble – et plus particulièrement ceux du NFP – ne manquent jamais une occasion de livrer une sortie saugrenue ou de poser une question déconcertante. Le dernier en date à s’être illustré n’est autre que Benjamin Lucas, député Ecologiste des Yvelines, qui a interrompu un débat sérieux sur la compétitivité et les défis des entreprises en France avec une question d’une profondeur… surprenante. On pourrait presque croire qu’il avait parié la veille, lors d’un apéro entre amis, de faire sensation à l’Assemblée.

De Meo sermonné par un député NFP

Pendant l’audience le porte-parole des Ecologistes a interpellé Luca De Meo sur sa rémunération annuelle.« Vous disiez tout à l’heure ‘Tout le monde souffre’. Je trouvais ça assez curieux parce que votre rémunération en 2024 c’est 1,7 million d’euros fixe annuel, +30% quand même en 2024, ça fera sans doute rêver beaucoup de salariés qui nous regardent. »

Puis le jeune député NFP n’a pas manqué d’ajouter que « Renault avait reçu 248 millions d’aides de l’Etat » en référence à la fermeture de la Fonderie de Bretagne, et que « 5,5 millions d’euros sur un an hors action, c’est-à-dire de 260 personnes au Smic. C’est à peu près le nombre de salariés qu’il y a à la Fonderie de Bretagne, ils sont 300. » La question qui suit est alors typique d’une personne qui a abandonné ses études pour faire de la politique « Est-ce que vous pensez monsieur le directeur général que moralement, intellectuellement, par la force de votre travail, vous valez 260 travailleurs ? »

De Meo répond poliment, il convient de préciser des choses

Un peu surpris par cette question hors sujet, de Meo a fait une réponse polie. « Je pense qu’il faut aussi comprendre que des gens comme nous, nous sommes là parce qu’on a derrière nous une carrière de 20 ans, 30 ans, où toutes les années, on a dû démontrer des résultats » a d’abord indiqué le DG de Renault. « Quand on fait des résultats, on crée de la valeur. Moi, je travaille 60, 70, 80 heures par semaine. Vous pensez que je dors la nuit tranquille quand il y a ce type de problème ? Donc, ne me prenez pas de ce côté-là, parce que nous aussi on est des travailleurs. On est des gens qui mettent tout et risquent tout dans le truc, et ça, c’est la vérité. » Cette réponse n’est pas satisfaisante ni convaincante pour les employés de la Fonderie de Bretagne, plongée dans le rouge par un système fiscal Français qui ne joue plus son rôle. Mais cette question ne peut rien arranger, car le problème ne vient pas du salaire, certes important, de Luca de Meo.

Luca de Meo rapporte plus qu’il ne coûte

Qu’on apprécie ou non le style de Luca De Meo, le critiquer sur son salaire – bien qu’il paraisse exorbitant comparé à celui de la majorité des travailleurs – reste une démarche simpliste. Rappelons qu’il n’y a pas si longtemps, Renault était au bord de la faillite, comme PSA traversait une crise profonde et que de nombreuses usines ont fermé, parfois sous l’effet d’un syndicalisme trop radical et inflexible (comme en témoigne la fermeture de l’usine Goodyear d’Amiens).

Il est également important de souligner que partout où De Meo est passé, il a su créer de la valeur. Il est à l’origine du renouveau de la marque Abarth, du succès de la Fiat 500, et plus récemment du développement de Cupra à partir des modèles Seat – et cette liste n’est pas exhaustive.

Si l’on suit le raisonnement de Carlos Tavares, ancien patron de Stellantis, qui comparait sa rémunération de plus de 30 millions d’euros à celle d’un footballeur pour la justifier, on pourrait même conclure que Luca De Meo est, en comparaison, sous-payé.

Eugénie Bastier tacle le député Lucas

L’éditorialiste du Figaro a exprimé son point de vue sur cette histoire vendredi 7 février dans la matinale d’Europe 1. « Benjamin Lucas, fils d’un professeur d’histoire et d’une prof d’économie, a commencé sa vie politique à 16 ans en luttant contre le CPE et en adhérant au MJS (Mouvement des Jeunes Socialistes, Ndlr). Il n’a depuis jamais travaillé en entreprise ni créé la moindre valeur encore moins le moindre emploi mais il se permet de faire la leçon en petit Robespierriste à un patron qui emploie plus de 100 000 personnes dont 40 000 en France. Sans vouloir faire mal démago sachez qu’un député et ses collaborateurs nous coûtent 300 000 € par an. Multiplié par le nombre de députés d’extrême gauche si on compte les insoumis et les écolos ça nous fait 33 millions d’euros aux frais du contribuable. J’aimerais bien que Benjamin Lucas nous dise si les élucubrations de 100 députés d’extrême gauche à l’assemblée valent l’équivalent de 1500 personnes au smic. »

Car c’est bien là toute la difficulté de la classe politique, notamment chez ceux qui, par ignorance, jalousie ou à travers des revendications syndicales excessives, s’en prennent à ceux qui consacrent leur vie à créer de la valeur et à offrir des emplois aux autres.

Puissent des personnalités comme Luca De Meo continuer d’animer le monde automobile le plus longtemps possible, afin que nos usines restent actives et que les entrepreneurs puissent, à juste titre, être confrontés à une opposition constructive. Une opposition fondée sur des idées et des débats sains, et non sur les manœuvres de jeunes politiciens dont la seule mission semble être de multiplier les discours creux tout en dilapidant l’argent du contribuable.

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