Pilote de père en fils: Vrai talent ou piston ?

Sur la grille de départ, casque sous le bras, Prost et Senna se jettent des regards malicieux en avançant vers leur voiture de course. Non loin de là, Piquet les observe. Nous ne sommes pas sur la ligne de départ d’un Grand Prix de Formule 1 des années 80, mais bien en 2015, à l’occasion de l’une des courses du championnat de Formula E, cette discipline très tendance qui met en scène des monoplaces 100 % électriques. Et les pilotes ne sont pas Alain Prost, Ayrton Senna et Nelson Piquet, mais leur fils -ou leur neveu concernant Senna- Nicolas, Bruno et Nelson Jr. Amusant, non ?

Ambiance Formula E 12

Les pilotes Formula E 6Et pour trouver d’autres noms connus dans le sport automobile actuel, pas besoin de chercher longtemps. La liste des engagés en Formule 1 en 2015 en offre déjà trois : Carlos Sainz Junior, fils du double champion du monde des rallyes,  Max Verstappen, fils de Jos, ancien pilote de F1, et Nico Rosberg, fils de Kéké, quant à lui, couronné en 1982 dans la même discipline. Fort de ce constat, une question vient naturellement à l’esprit : les fils de pilote auraient-ils plus de facilités à accéder au sport automobile de haut niveau ? « Pas forcément, mais le fait d’être un fils de pilote renommé permet non seulement d’ouvrir des portes, mais aussi de les laisser ouvertes longtemps, explique François Dauré, en charge des pages Sport à L’auto-journal. Néanmoins, le fait d’avoir un père qui a réussi en sport auto, aussi puissant et influent soit-il, n’est pas une assurance de succès. Il faut tout de même du talent ! »

La honte en cas d’échec

Du talent, mais aussi et surtout un nom pour obtenir non seulement une mais plusieurs chances de le démontrer. Car si les fils de champion arrivent plus facilement à haut niveau, c’est aussi parce qu’ils peuvent bénéficier de plusieurs chances en cas d’échec. Mais le revers de la médaille peut être acide en cas de contre-performance répétée, car les critiques n’en sont que plus violentes, et viennent même éclabousser le père du privilégié. L’un des meilleurs exemples est celui de Mathias Lauda, fils de Niki (champion du monde de F1 en 1975, 1977 et 1984) qui, malgré de nombreuses tentatives, n’a jamais réussi à s’imposer dans les différentes formules où il a été engagé sur son nom, et a été fortement critiqué par la presse sportive internationale. A l’issue d’une énième course où le jeune homme avait terminé en queue de peloton, Niki lui avait même asséné un « you damaged my name » (tu as sali mon nom) qui a laissé beaucoup de traces. Mathias Lauda, toujours managé par son frère Lukas, n’a plus pris le départ d’une course importante depuis 2012. Niki Lauda, qui avait lui-même coupé les ponts avec la bourgeoisie viennoise dont il est issu pour vivre sa vie de pilote, s’en mort-il les doigts ?

Le chagrin, source de motivation

AYRTON SENNA F1 TESTS AT PAUL RICARD 1994

Photo Bernard Asset

Il peut sembler curieux que certains enfants, alors que leur père a été grièvement blessé ou tué dans un accident survenu en course, tentent tout de même d’y faire carrière, et plus encore que personne ne les en dissuade. Elevés dans un milieu privilégié, capitalisant souvent sur la mémoire de leur père, beaucoup des enfants de ces pilotes abimés par la course ont voulu exercer le même métier qu’eux, et ont réussi.

« Si on prend le cas de Jacques Villeneuve, qui n’avait que dix ans lorsque Gilles, son père, s’est tué pendant les essais du Grand Prix de Belgique 1982, il est clair que ce drame a transformé son envie déjà forte de devenir pilote en obsession, et que personne n’aurait pu l’en dissuader, » indique François Dauré. Dans d’autres cas, même si la famille n’est pas d’accord, c’est l’entourage qui peut faire le forcing. « Viviane Senna, la sœur d’Ayrton, n’était pas favorable à ce que son fils, Bruno, devienne pilote, » explique Jean-Louis Moncet, spécialiste du sport automobile pour Auto-Plus et Canal +. Mais Gerhard Berger, qui s’est ensuite occupé de la carrière du jeune homme, a réussi à décider sa mère, en lui faisant entendre que le sport automobile était devenu moins dangereux.  Gilles Pironi, l’un des deux fils jumeaux de Didier Pironi, pilote de F1 et vainqueur des 24H du Mans 1978, décédé en 1987 d’un accident de offshore seulement quelques mois avant la naissance de ses enfants, il en a été autrement.

« L’histoire de notre père a forcément eu un impact… Et quand nous avions 15-16 ans, mon frère et moi voulions être pilotes, indique Gilles. Mais notre mère, totalement détachée du sport automobile, nous a demandé de donner la priorité aux études. Et si aujourd’hui je travaille en F1, c’est comme ingénieur, au bureau d’étude de Mercedes F1. Est-ce que mon nom m’a aidé dans ma carrière professionnelle ? Au départ, pour trouver des stages, oui. Mais ensuite pas spécialement. Lorsque j’ai été engagé chez Mercedes F1, après avoir travaillé chez Hyundai Motorsport, personne ne savait que j’étais l’un des fils de Didier Pironi. J’ai toujours été discret. »

Le sport automobile n’a pas l’exclusivité du piston

Piquet 3L’utilisation du carnet d’adresses de papa : une pratique courante, qui prend une autre dimension lorsqu’il s’agit de métiers publics, alors qu’aucun environnement n’échappe à la règle. « C’est certain que lorsque qu’on a un parent Piquet 1dans le secteur, ça aide. Mais la remarque vaut également pour les métiers artistiques ! Est-ce qu’Anthony Delon aurait fait du cinéma sans l’aide de son père ? » S’interroge Jean-Louis Moncet. Subsiste toutefois une différence entre le sport automobile et les autres secteurs : le risque, et le fait de se mettre en danger à chaque course, sans parler de la bataille psychologique qu’il faut gagner en dehors de la piste, tant les places y sont chères. « Je me souviens des premiers tests menés en F1 par Nico Rosberg, et Nelson Piquet Junior, continue Jean-Louis Moncet. C’était sur le circuit de Jerez, en Espagne, et leurs pères respectifs étaient présents. Lorsque Nelson Jr roulait, Kéké Rosberg montait sur le toit des stands, pour lui montrer qu’il était en train de l’observer, et lui mettre davantage de pression. De son côté, Nelson Piquet père était resté à l’intérieur du box, aux côtés du jeune Nico Rosberg, et se tenait près de lui en le regardant avec insistance pour tenter de l’intimider alors qu’il allait prendre le volant. Mais le jeune Rosberg est resté d’une froideur absolue. Et si Piquet Jr a été ce jour-là le plus rapide sur un tour, c’est en revanche Rosberg qui s’est montré le plus véloce sur le mouillé. »

Le sport automobile, nouvelle aristocratie ?

A la lecture des grilles de départ des Grands Prix de Formule 1 actuels, il semble difficile voire impossible d’accéder au graal du sport automobile. Les pilotes engagés sont quasiment tous fils de pilote, de personnes influentes dans ce milieu très fermé ou d’hommes affaires aux agissement internationaux qui peuvent ouvrir la porte de sponsors. Les autres sont des jeunes managés par des multinationales, un peu comme on peut le voir dans le football. Il n’y a pas ou peu de place pour des pilotes qui viendraient d’autres milieux, même relativement aisés. En rallye, c’est un peu différent, où quelques fortunés anonymes peuvent s’engager en championnat du monde, mais pas pour gagner, compte tenu du niveau très relevé des équipes d’usine. Mais il y a néanmoins des pays comme la Finlande ou la France, où tout le monde ou presque peut avoir sa chance. La Fédération Française du Sport Automobile est très active et a mis en place des filières de recrutement qui portent leurs fruits. Sébastien Loeb, Sébastien Ogier -11 titres de champions du monde des rallyes WRC à eux deux !- sont des talents qui ont été découverts par ces filières alors qu’ils n’avaient ni contact ni argent. Comme quoi tout peut arriver.

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Alain et Nicolas Prost: Au nom du père…

– Alain Prost, Né le 24 février à Lorette (42), quadruple champion du monde de Formule 1

– Nicolas Prost, Né le 18 août 1981, à Saint-Chamond, Champion d’Europe Formule 3000 2008, Pilote d’essai pour Lotus F1 en 2013, Pilote e.dams-Renault en FIA-Formula E, Pilote Rebellion en championnat du monde d’Endurance FIA WEC (LMP1)

PUTRAJAYA ePRIX Novembre 2014 Formula EDans le genre « passe ton bac d’abord », Alain Prost se pose là. Petit, Nicolas n’avait même pas le droit de regarder les Grands Prix où son père était engagé. « J’avais trouvé cet accord avec sa mère, car à cette époque la Formule 1 était trop dangereuse, indique Alain Prost. Le premier Grand Prix qu’il a vu à la télévision est malheureusement celui où Ayrton (Senna, NDLR) s’est tué, le 1er mai 1994 sur le circuit d’Imola, en Italie. » Un jour qui a forcément marqué Nicolas Prost : « Ca a été un grand choc pour moi, car papa se battait avec Ayrton depuis des années. C’était à la fois l’ennemi numéro 1 et quasiment un membre de la famille car il était ultra présent dans nos vies, nos discussions… »

PUTRAJAYA ePRIX Novembre 2014 Formula EEloigné du sport automobile, sauf une fois, en 1990, où Alain l’avait emmené à des essais chez Ferrari et où il s’était brûlé la main sur un radiateur de Formule 1, le jeune Nicolas est donc prié de se concentrer sur ses études d’économie, qu’il réussit plutôt bien, à l’université de Columbia, aux Etats-Unis. Mais en parallèle, il montre de très bonnes dispositions pour le sport, atteint un niveau professionnel au golf, se montre également très doué au tennis et en ski.


PUTRAJAYA ePRIX Novembre 2014 Formula EMais à la fin de ses études, il s’intéresse au sport automobile. Sa récompense pour l’obtention de son diplôme universitaire sera… un test en Formule Renault, et finalement le premier coup de main d’Alain à son fils dans sa carrière de pilote. « A cette époque, on ne démarrait pas très jeune, précise Nicolas. Et quand mon père avait son écurie de F1, j’étais à fond dans le golf et je ne pensais pas à la course automobile. Mais c’est vrai qu’à la fin de mes études, quand j’ai décidé de devenir pilote, il m’a ouvert beaucoup de portes. Mais j’ai tout de même commencé par trouver du travail  (dans une banque suisse, NDLR) et si mon père a toujours été présent dans ma carrière en initiant beaucoup de contacts, il n’a jamais été intrusif. Par ailleurs, bien qu’il m’ait permis beaucoup de choses, le nom de Prost a parfois été dur à porter. Car d’une part les observateurs attendaient de moi des résultats immédiats, et d’une autre certains sponsors étaient frileux à l’idée d’engager quelqu’un dont le nom aurait un retentissement plus fort que celui de leur propre marque. Mais j’ai gagné des bourses, comme la Repsol, des concours, notamment le volant Playstation, et j’ai fini par réussir à gagner ma vie uniquement grâce à la course. Aujourd’hui, je m’occupe aussi de 8J’s, la marque de vêtements que nous avons lancée. »

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Jos et Max Verstappen…Toute la famille s’est investie

 -Jos Verstappen, Né le 4 mars 1972 à Monfort (Pays-bas), Champion d’Europe de Karting, 107 GP de Formule 1 entre 1994 et 2003

-Max Verstappen, Né le 30 septembre 1997 à Hasselt (Belgique), vice-champion d’Europe kart (2010), Pilote de Formule 1 (écurie Toro Rosso) depuis 2015.

Verstappen 3Comme l’immense majorité des pilotes, Jos Verstappen commence les sports mécaniques par le Karting, puis il passe à la Formule 3 et enfin la Formule 1. Il s’est fait tout seul, comme beaucoup de pilotes de cette génération. Son fils sera au contraire très encadré, et connaîtra une ascension fulgurante. A 17 ans et 5 mois Max Verstappen est le plus jeune pilote de toute l’histoire de la Formule 1, alors qu’il n’a pas encore commencé à passer son permis de conduire ! Verstappen 2Toute la famille, le père en pole position, est investie dans la carrière du petit. Mais il faut dire que chez les Verstappen, la course automobile est un mode de vie. La mère est pilote, championne de karting, quand son grand-père maternel était pilote d’endurance et sa petite sœur, qui fait également du karting en compétition, suit le mouvement. « Je ne me suis jamais posé la question de savoir si je voulais faire ça, si c’était pour moi… déclarait le jeune Max il y a quelques semaines à nos

J Verstappen

Jos Verstappen

confrères d’Auto-Hebdo, c’était ma vie au quotidien (…) j’ai grandi dans ce milieu et j’ai commencé ma carrière professionnelle à dix ans. Mon père m’a préparé très tôt et n’a rien laissé au hasard. Il m’a appris comment me comporter en piste et en dehors. »

Père et repère, Jos Verstappen est non seulement à l’origine de la carrière de son fils, mais il a également été son manager et son mécanicien. Alors pour Max, la menace vient non seulement des autres concurrents, mais aussi de la presse. A 17 ans et 5 mois, propulsé en F1 alors que d’autres jeunes pilotes plus expérimentés auraient eux aussi mérité cette place, il sera très observé.

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Ari et Max Vatanen…Des débuts méritants mais difficiles

– Ari Vatanen, Né le 27 avril 1952 à Tuupovaara (Finlande), Champion du monde des rallyes en 1981, 4 fois vainqueur du Paris-Dakar, Vainqueur de la mythique course de côte de Pikes Peak

-Max Vatanen, Né le 26 septembre 1990 à Aix-en-Provence, Pilote de rallye depuis trois ans, Vainqueur du championnat de rallye D-Mack en 2014, Vainqueur du rallye Monte-Carlo 2015, catégorie R2.

30 ans après la victoire de son père, Max Vatanen était en janvier dernier au départ du Rallye Monte-Carlo, mais au volant d’une ancienne Ford Fiesta, avec peu de sponsors et dans une « petite » catégorie.

« Franchement, je ne pensais pas que ce serait aussi difficile de tenter sa chance en rallye en s’appelant Vatanen, » raconte Max, dont le frère est pourtant agent de pilote, et gère, entre autres, la carrière du champion du monde en titre Sébastien Ogier. « C’est sûr que papa m’aide beaucoup et me fait profiter des ses contacts, continue Max, mais il souhaite aussi que j’apprenne par moi-même. Mais je me demande comment les autres pilotes font pour trouver l’argent nécessaire pour courir. Nous avons dépensé par mal d’argent familial, sommes partis à la chasse aux sponsors ensemble, et c’est incroyablement difficile de trouver des partenaires. Bien sûr, je dois faire mes preuves, mais je travaille beaucoup et j’ai déjà remporté des courses. Aujourd’hui, je me donne trois à quatre ans pour arriver en WRC dans une équipe d’usine. » 

Très engagé aux côtés de son fils, celui qui s’est dit « touché » le jour où son fils lui a annoncé qu’il voulait devenir pilote de rallye, doit aussi composer avec son histoire personnelle et le fait qu’il ait lui-même perdu son père dans un accident de voiture à l’âge de huit ans, mais aussi le fait que le rallye l’a aussi parfois mis dans des situations délicates, comme par exemple ce terrible accident en 1985 en Argentine, qui l’écartera pendant plus d’une saison de son poste de travail… Et il n‘est pas certain que Rita, la maman de Max, soit d’un enthousiasme débordant à l’idée que son fils fasse le même métier que son mari. Mais ça, c’est une autre histoire.

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Kéké et Nico Rosberg, la Formule 1 en commun

-Kéké Rosberg, Né le 6 décembre 1948 à Solna (Suède), Champion du monde de Formule 1 en 1982

-Nico Rosberg, Né le 27 juin 1985 à Wiestbaden (Allemagne), double nationalité (finlandaise et allemande), Champion en GP2 series en 2005, Vice champion du monde de F1 2014

Keke Rosberg 2Voilà un pilote dont le père rêvait que son fils suive ses traces et qui lui a ouvert toutes les portes qu’il pouvait dès son plus jeune âge. De la piste de karting construite sur le terrain de la maison de son père à Ibiza, où Nico a fait ses premiers tours de roues à seulement trois ans, à l’écurie de karting qu’il montera pour lui avec Mercedes et McLaren en 2000, en passant par la ligue Côte d’Azur de karting (il résidait à cette époque à Monaco) et la F3 (équipe également conçue pour Nico), Keke Rosberg 3Kéké a consacré énormément de temps à la carrière de son fils. C’est aussi lui qui a téléphoné à Sir Frank Williams, avec qui il avait été champion du monde en 1982, pour lui demander de bien vouloir organiser une séance d’essais privée pour tester Nico en F1. Une demande que bien peu de personnes peuvent se permettre, évidemment…

Conscient que c’était bien davantage qu’un service que Rosberg père lui demandait là, le Britannique avait d’ailleurs botté en touche. C’est finalement la fille de Williams, Claire, qui finira par organiser la très coûteuse opération sur un circuit espagnol, Nelson 18-Nico ROSBERGPiquet ayant entre temps lui aussi téléphoné à Williams pour que son fils essaie une F1… Privilégié et plongé dans un milieu qu’il n’a pas choisi mais qui lui plait, le jeune Nico, au caractère bien trempé, a rapidement fait preuve de ses capacités. Keke Rosberg 1Et s’il est exact qu’il était plus facile pour lui d’aller sur les courses à bord de l’avion de papa et de bénéficier d’un encadrement privilégié que, comme le faisait son coéquipier en karting à la fin des années 1990 Robert Kubica, traverser la Pologne à bord de la Polski familiale avec le karting sur le toit pour tenter de se faire repérer, Nico Rosberg est aujourd’hui l’un des meilleurs pilotes au monde.

Carlos Sainz et Junior

-Carlos Sainz, Né le 12 avril 1962 à Madrid, Champion du monde des rallyes WRC 1990 et 1992

-Carlos Sainz Junior; Né le 1er septembre 1994 à Madrid, Champion d’Asie-Pacifique en 2008, Début en F1 en 2015, avec l’écurie Toro Rosso

22-C.SAINZ JrSainz 1Carlos Sainz père se destinait d’abord au circuit. Pour tenter sa chance, il avait mis le cap sur l’Angleterre. Mais, faute de budget, il se rabattra sur le rallye en Espagne où il démarrera grâce à Opel. Bien lui en a pris, puisqu’il y continuera dans cette voie, et deviendra champion du monde avec Toyota en 1990 et 1992. C’est peut-être aussi pour cette raison que l’espagnol tenait à ce que son fils Carlos Jr, qui lui avait manifesté son désir de devenir pilote depuis son plus jeune âge, fasse plutôt du circuit, « même s’il se débrouille bien, et va même parfois trop vite avec la vieille Mitsubishi que nous avons à la campagne« , se plait à dire le double champion du monde des rallyes.

Pour arriver à ses fins et convaincre Red Bull de lui confier un baquet de Formule 1 dans l’écurie Toro Rosso, Sainz père a donc mis ses talents de négociateur à rude épreuve. Il faut dire qu’il avait déjà échoué une première fois, et que l’événement l’avait considérablement marqué. Mais sa détermination, associée au talent grandissant du fiston, qui a par ailleurs obtenu beaucoup de bons résultats dans différentes formules de promotion, a fini par payer. Equipier de Max Verstappen, Carlos Sainz junior, qui remplace le Français Jean-Eric Vergne, est donc l’autre « rookie » (débutant) en F1 chez Toro Rosso en 2015.

Quand le fils est meilleur que le père

C’est assez rare pour être souligné. Valentino Rossi, légende vivante de la course motocycliste et nonuple champion du monde de moto (125, et 250 cm3, et aussi MotoGP) a lui aussi été mis en selle par son père. Graziano Rossi, pilote fantasque des années 70 et 80, se baladait toujours avec un poulet vivant au bout d’une ficelle… Il a remporté de nombreuses courses en Italie et cinq saisons en championnat du monde. Il a remporté trois Grand Prix en 1979 sur une 250 Morbidelli, mais n’a jamais été champion. Lui aussi a toujours souhaité que son fils fasse de la compétition. Il n’a pas été déçu.

Le cas « Hill », unique au monde !

Graham et Damon Hill représentent le seul cas dans l’histoire du sport automobile, où à la fois le père et le fils ont été sacrés champion du monde, qui plus est en Formule 1. C’était en 1962 et 1968 pour le premier, et en 1996 pour le second. Malheureusement, le père ne verra pas son fils couronné, celui-ci étant mort dans un accident d’avion alors que Damon n’avait que 15 ans. Le jeune Damon, qui ne deviendra pilote professionnel qu’à partir de 23 ans, et commencera par la moto, comme Jean-Pierre Beltoise. Après avoir été champion du monde en 1996, puis avoir apporté sa première victoire en Grand Prix à l’écurie Jordan, en 1999, Damon Hill met un terme à sa carrière, qui n’aura duré que six ans. Comme si, après avoir exercé le même métier que son père, et lui avoir rendu hommage en remportant lui aussi le titre, il avait accompli une tâche qui lui permettait d’être en paix avec lui-même…

Ceux qui arrivent

Schumacher en F4

Mick Schumacher, 16 ans depuis le 22 mars dernier, vient de se lancer en F4. Si son père, immobilisé depuis le 29 décembre 2013 suite à un accident de ski, n’a malheureusement pas pu aider lui-même son fils dans son début de carrière, d’autres s’en sont chargés, comme par exemple Sabine Kehm, agent de Michael Schumacher pendant de nombreuses années, et qui est maintenant également l’ange gardien du fils. Autant dire que le jeune Schumi, qui courait discrètement en karting sous le nom de Betsch (celui de sa mère) bénéficie d’un encadrement de première classe pour attaquer sa jeune carrière en F4, après un titre de vice-champion du monde en Karting l’année denière. Sera-t-il, lui aussi, un grand champion ? Réponse dans quelques années.

Adrien Tambay

Agé de 24 ans, le fils de Patrick Tambay, ancien pilote F1 et aujourd’hui consultant radio, court depuis deux ans dans le très relevé championnat de tourisme allemand, le DTM, sous les couleurs d’Audi. Doué en karting –il commence la compétition à 10 ans- il rentre rapidement, sûrement aidé par son nom mais aussi parce qu’il le méritait, en équipe de France circuit FFSA. C’est alors qu’il profitera de la force de la filière, mais ne parviendra pas (encore) à la F1. Faute de budget pour courir en GP2 (comme quoi les relations ne suffisent pas toujours), il participera également au championnat Auto GP (anciennement F3000) en 2010.

Aurélien Panis

Le fils de l’ancien pilote de F1 Olivier Panis, 21 ans en octobre prochain, n’aura pas été chercher bien loin pour se trouver un manager. C’est son père qui gère sa carrière, mais sans trop se mêler de sa vie en équipe, qui va tenter de l’emmener sur la plus haute marche du podium de la Formule Renault 3.5, catégorie tremplin où il a été engagé après de très bons résultats en 2.0.

Ils ont aussi fait carrière en sport automobile

Les frères Beltoise

Les fils du regretté Jean-Pierre Beltoise, disparu en janvier 2015 et qui a laissé une empreinte indélébile dans le sport automobile français. Anthony et Julien comptent à eux deux de multiples participations à des courses de tous niveaux, avec des résultats parfois excellents.

Marguerite Laffite

Fille de l’ancien pilote de F1 Jacques Laffite, Margot est d’abord une championne d’équitation, qui s’intéressera à partir de 2004 au sport automobile. Devenue journaliste pour la presse automobile, elle continue d’exercer sa passion devant les caméras et est en parallèle la présentatrice d’émissions de télé traitant de sport auto. La belle Margot a accouché il y a quelques mois de son premier enfant.

Vanina Ickx

La fille du célèbre Jacky a été pilote professionnelle pendant plus de 12 ans, et a souvent participé à des courses prestigieuses comme les 24H du Mans. Comme tous les enfants de pilotes, elle a bénéficié non seulement de l’expérience mais aussi du carnet d’adresses de son père, mais a souvent mené sa carrière seule et de façon intelligente. Elle a mis un terme à ses activités en sport automobile en 2012, et aura son premier enfant en avril 2013.

Photos: Raymond Papanti, DR, Bernard Asset.

Texte: Didier Laurent