Formule 1 / Renault ou Audi : la longue négociation de Red Bull

Marc Limacher, du site tomorrownewsf1, rejoint l’équipe des blogueurs de Sport-cars. fr pour signer une rubrique mensuelle sur la F1 avec un zoom qui vous permettra de mieux comprendre certaines décisions prises par tous les acteurs de ce sport. On commence par un retour sur les tractations qui ont eu lieu, de façon fort discrète, entre Red Bull, Renault et Audi. La marque aux anneaux se voyaient bien revenir en f1…

Septembre 2011, Renault Sport F1 est fier d’annoncer que Red Bull Racing est désormais la nouvelle équipe d’usine du constructeur français jusqu’en 2016 (2012-2016). Heureux dénouement d’un bras de fer très sérieux entre les deux parties depuis 18 mois.

Flashback. Retour en 2007.

Red Bull Racing cherchait un partenaire moteur fiable et sur la durée, Renault cherchait un partenaire client à potentiel, en parallèle de son équipe officielle. Un accord moteur client relativement classique sur le papier à l’époque. Depuis, le rapport de force a changé. Renault F1 team a subi la chute du scandale du Singapour Gates, quittant la Formule 1 discrètement avec l’aide de Genii Capital, qui hérite d’une équipe redevenue cliente, tandis que RBR commençait à remporter des courses en 2009 et devient favorite pour 2010.

Dans un premier temps, Red Bull a réagi comme un client, en critiquant le produit fourni par son manque de puissances, par rapport à ses rivaux Mercedes et Ferrari. Puis, Dietrich Mateschitz, propriétaire de la marque Red Bull, a douté auprès de journalistes français de la politique de présence de Renault au-delà 2010. Le résultat a été une prolongation 2011 et 2012, sous la forme d’une réduction de tarif de 50% (4 millions d’euros au lieu de 8 millions), un accord gagnant –gagnant pour les deux parties, mais toujours pas satisfaisant.

Mais au début de l’hiver 201…

Les discussions sur le nouveau moteur turbo ont débuté et un invité était présent. La marque allemande Audi. Ce que n’a pas manqué de remarquer Red Bull Racing, qui via, Christian Horner, a été dragué ouvertement la marque allemande et a obtenu un préaccord pour 2014. Un fait important.

Fruit d’une étude du marketing de la marque de la boisson énergisante, directement inspiré par le patron autrichien, un accord triparti Red Bull – Sébastian Vettel – Audi est envisagé favorablement. L’intérêt n’est pas aveugle. Vettel sera un pilote convoité à l’avenir par Ferrari et l’idée d’un nouveau défi pourrait le séduire. D’autant que le champion du monde 2010 semble favorable, sur le principe et accepte de prolonger son accord jusqu’en 2014 avec l’équipe. Economiquement, c’est un plus pour Red Bull Racing qui passe d’un statut de client à celui d’une équipe officielle d’un constructeur. Avec cet accord Renault Sport F1 semble isoler.

La volonté de la marque au losange d’être un acteur majeur de la Formule 1 passe par une triple présence : un top team pour viser la victoire, un autre ayant le potentiel de victoire et une troisième ayant le potentiel des points en milieu de grille. Une stratégie inspirée de Mercedes, avec l’axe McLaren – Mercedes GP – Force India. L’évolution de Team Lotus n’avait pas été aussi forte que prévue, la marque française a rapidement conclu un accord avec Williams F1.

Restait encore Red Bull Racing. La Commission F1 a approuvé l’introduction du prochain moteur comme un V6 1600cm3 en 2014. Repoussant ainsi d’une année cette évolution technique majeure. Sur la période, la marque au losange discutait d’un accord avec l’équipe autrichienne, qui a débouché sur un pré accord prolongeant jusqu’en 2014 l’accord actuel. Entre temps, AUDI avait indiqué son intention de venir en Formule 1 pour 2015. La pression montait d’un cran. A ce stade, le team de Milton Keynes dispose de deux accords de principe devant expirer en Septembre : l’un avec AUDI pour 2015 et l’autre avec Renault pour une prolongation jusqu’en 2014. Deux accords parfaitement complémentaires.

Les semaines suivantes, les exigences de RBR sur Renault augmentent.

Le team champion du monde 2010 et ultra dominateur en 2011 souhaite devenir un team de développement du prochain moteur V6 français. Puis, être l’équipe d’usine de la marque au losange jusqu’en 2014. Une situation que Renault ne souhaite pas, ne voulant pas permettre à AUDI de bénéficier d’une collaboration croisée.

Pour finir, Red Bull a annoncé quelle acceptait l’idée de prolonger de 5 ans, (une des exigences du fournisseur moteur français) à la condition supplémentaire d’obtenir des moteurs gratuits sur la période. Marché conclu et en septembre 2011 l’accord jusqu’en 2016 a été signé entre les deux parties. Entre temps, le préaccord avec Audi avait expiré dans les limbes. Reste une question aujourd’hui : a-t-il véritablement existé ?