Retour du diesel : rêve ou réalité ?
Les Français n’ont pas été aussi vite que prévu vers l’électrique. Ce que certains veulent, c’est du diesel ! Mais c’est loin d’être gagné, même si des constructeurs font des annonces en ce sens.
Didier LAURENT
Si on observe les chiffres de vente des voitures neuves diesel, on constate qu’ils baissent de mois en mois. Mais c’est un trompe-l’œil, car éloigné des demandes réelles du marché. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le marché de l’occasion, où on constate que le diesel est roi, et plus encore pour les voitures qui dépassent quelques années et 120 000 km. Alors, pourquoi cette baisse apparente au profit de l’hybride ? Il suffit de regarder l’offre des constructeurs, où le diesel a été réduit à peau de chagrin. Seules les marques allemandes, qui vendent plutôt des voitures grosses et chères, continuent de lui faire une place normale dans leurs gammes.
Stellantis annonce le retour du diesel mais…
Pour savoir si l’annonce est crédible, il faut se tourner du côté de Bruxelles. Avec la moyenne proposée pour les normes CAFE, à 81 g de CO2/km en moyenne de gamme, le diesel n’a aucune chance d’émerger. Notre seule chance de le voir réintégrer un catalogue d’une marque généraliste, c’est en fin d’année si un constructeur est certain d’avoir atteint ses objectifs européens. Dans ce cas, il pourra ouvrir la ligne diesel pour certains de ces clients. C’est ce qu’ont fait en fin d’année dernière Peugeot et Citroën, proposant des Rifter et Berlingo avec une motorisation HDI. La fête a duré un mois, puis s’est arrêtée. Mais l’effet d’annonce a marché et beaucoup de médias sont tombés dans le panneau.
Ursula Von Der Leyen fait un geste
Se rendant peut-être compte qu’elle allait provoquer des drames dans l’industrie automobile, la président de la Commission Européenne a indiqué le 5 mars qu’elle pourrait finalement lisser la moyenne des émissions de CO2 sur 3 ans. Ceux qui sont en retard en 2025, auront 2026 et 2027 pour redresser la barre. Cela n’enlève rien à la pression mise sur la marche forcée vers l’électrique, mais cela permet d’éviter des amendes très lourdes cette année. C’est tout de même mieux de mettre cet argent en investissement technologique plutôt que dans les poches de l’Europe. Rien n’est encore véritablement gagné, néanmoins
Les associations écolo en destructrices d’emploi
Après l’arrêt du chantier de l’autoroute A69, dont les ouvrages d’art ont été réalisés aux deux tiers et alors que 300 millions d’euros ont déjà été dépensé, on voit bien que les lobbys écologistes ont le bras long auprès des juges français. Le schéma est le même au niveau européen, où des ONG ont déjà fait savoir leur mécontentement de cette « souplesse ». Sans doute sont-elles excitées de voir les grandes marques pénalisées… Les constructeurs estiment que les amendes, dans un contexte fiscal complètement délirant, pourraient atteindre 15 milliards d’euros. Dépêchons-nous plutôt de les forcer à les investir dans des technologies propres et accessibles. Car tout le monde, et surtout les politiques, oublient qu’en matière d’automobile neuve c’est l’acheteur qui fait le marché. Et que si les voitures électriques ne se vendent pas, c’est qu’elles ne tiennent pas leur promesse en matière de liberté d’usage et surtout de coût.
En conclusion, on peut toujours rêver
Volonté ou pas, coup de com ou pas, pseudo souplesse européenne ou pas, le diesel ne reviendra pas ailleurs que dans les chiffres de vente de l’occasion. C’est vrai que certains constructeurs le maintiennent, mais sur des modèles très chers et accessibles à une frange réduite de la clientèle. Il y a 10 ans les cotes étaient au plus bas face à la montée des autres énergies, c’est aujourd’hui l’inverse. L’âge du parc réagit également, passant de 9 ans à plus de 12 ans entre 2015 et 2024. Garder sa voiture plus longtemps, voilà un acte écologiste !
