Sleepers, quelles sont ces voitures qui cachent leur jeu ?

Dans le paysage automobile, on trouve tout type de voitures : de la citadine à la compacte, les berlines et les breaks, et puis les inévitables SUV. Mais vous avez sans doute déjà entendu parler de « sleepers ». De quoi parle-t-on, quelles sont ces voitures ?

Quelles sont ces voitures que l’on appelle ‘sleepers’ ?

Chez certains constructeurs, quelques modèles ont connu des déclinaisons. Cela a pu se caractériser par plusieurs types de carrosseries (berlines, breaks, cabriolets…), mais aussi par les motorisations proposées. Et parfois, quand il fallait proposer des versions sportives, avec un moteur bien préparé, le look était en adéquation. C’est à cette époque que sont nées les « GTi », popularisées par les Golf, 205, 309 et bien d’autres.

Et quand certains modèles ne se déclinaient pas en version sportives, leur propriétaire le faisaient eux-même. C’est là que la vague du tuning est apparue avec plus ou moins de bon goût. Bien souvent, la préparation des voitures tuning se limitent au look et/ou à la préparation sono. Rares sont les modèles qui ont eu droit à une révision ou optimisation complète du moteur, certainement à cause du coût (ou de la légalité de la manœuvre).

Donc, les Sleepers, ce sont ces voitures qui n’ont pas l’air d’être des sportives mais qui cachent un moteur gavé aux chevaux. Pour traduire ‘sleepers’ de l’anglais, ce serait ‘dormeurs’, qui fait semblant d’être endormi ou peu vivace, alors qu’en fait… Aucun signe extérieur de sportivité, pas de couleur criarde, pas d’extensions de carrosserie (ou peu), pas d’ailerons massifs ou badges sportifs équivoques à outrance. On garde l’esprit passe-partout du modèle basique de série, mais sous le capot se cache le moteur d’une sportive. Cela peut être une berline familiale, mais dopée avec un V6 (ou V8) de plus de 250/300 ch.

Quelques exemples de sleepers

De toute la production automobile, certains constructeurs ont donc sauté le pas et ont métamorphosé leur berline. Parfois par simple idée farfelue et parce que l’époque le permettait encore, et d’autres fois pour honorer un partenariat. Et quand bien même produire des berlines très puissantes n’était pas la vocation de certaines marques, le résultat s’avère d’autant plus incroyable. Les opposés produisent bien souvent des résultats étonnants.

Commençons par les françaises, une Renault Safrane bi-turbo V6 de 268 ch ! Elle n’affiche pas beaucoup de modifications esthétiques si ce n’est un bouclier avant plus massif. De loin, l’illusion serait parfaite, « monsieur-tout-le-monde » ne la distinguera pas des autres Safrane. Renault a fait appel aux allemands de chez Hartge pour modifier le célèbre V6 PRV pour propulser la Safrane à 250 km/h. Autre excentricité, prenez la grande routière Vel Satis (au design déjà controversé) ou le familial Espace 4 et greffez-leur un V6 de Nissan 350Z. Résultat, 245 ch et une sonorité absolument démoniaque pour ce type de déplaçoir, ça n’a aucun sens, et c’est donc indispensable.

Chez Citroën, la Xantia Activa V6, outre sa mécanique appréciable, la démesure ne se fait pas dans les chevaux (194). Mais c’est bien la technologie des chevrons à mettre en avant : sa suspension hydropneumatique qui vire à plat. Cela en fait une des voitures les plus agiles, qui conserve son assiette droite, même à haute vitesse dans les courbes rapides.

On a vu d’autres monospaces bodybuildés, comme l’Opel Zafira OPC et ses 240 ch. Qui veut rouler à 230 km/h sur l’autobahn allemande avec toute sa famille ? Ford a aussi glissé sous le capot du S-Max, le 5 cylindres de la Focus ST, soit 220 ch. Un peu moins surprenant, mais Mercedes a logé le V8 AMG 6,2l 510 ch dans le monospace Classe R.

Des sleepers et des flops !

Ces déclinaisons rares et exclusives sont souvent produites en petite série, car ça ne convient pas à une large clientèle. Mais en plus de leur petite production, parfois ces modèles sont de vrais flops. Soit mal finis, mal assemblés, pas qualitatifs et/ou pas fiables. Sur le papier, ça s’annonce très drôle, mais à la pratique, ça peut rapidement tourner au cauchemar.

D’autres exemples…

Chez Volkswagen, par exemple, dans leur folie des grandeurs des années 2000, ils se sont attaqués à la Passat. Une berline appréciée des familles, qui ne demandait rien à personne, et pourtant : un W8 a été fabriqué pour l’occasion. Il s’agissait des VR6 amputés de 2 cylindres pour former des VR4 que l’on assemblait pour faire un W8. D’une cylindrée de 4,0l et 275 ch avec une transmission intégrale et vous obteniez la Passat la moins fiable du marché.

Dans le nord de l’Europe, Volvo aime bien booster ses modèles. Chez les Suédois, c’est le badge ‘R’ qui nous indique un modèle gavé aux hormones et même les breaks y ont droit. Ainsi à la fin des années 90, on a vu arriver des Volvo 850 T5, qui ne payaient pas de mine, mais sortaient 225 ch.

Dans la même idée des berlines que l’on n’aurait pas soupçonnée avec un tempérament sportif : l’Opel Omega. Alors, déjà, le modèle est quasi méconnu, car c’est une grande routière et pas vraiment avec une demande massive européenne face aux compactes. Mais Opel s’alliera avec le constructeur britannique Lotus. Profondément revue et modifiée, la Lotus Omega va extraire de son 6 cylindres pas moins de 376 ch.

Chez les Italiens aussi, on sait faire des sleepers, et l’affiliation va être rapidement trouvée. On prend une Lancia Thema, somme toute assez banale et on lui greffe un V8 Ferrari. Ainsi la Lancia Thema 8.32 (8 cylindres, 32 soupapes) sortait 205 ch et fut la dernière voiture de fonction d’Enzo Ferrari.

Faut-il acheter un sleeper ?

Si vous avez une passion pour les voitures hors du commun, c’est effectivement la solution idéale. Gardons à l’esprit que certaines d’entre-elles sont de vieilles dames, et qu’elles n’ont peut-être plus vocation à être utilisées au quotidien. Si vous souhaitez vous faire plaisir pour le dimanche, c’est déjà plus recommandé.

Certaines sont aussi de vrais nids à problèmes, si vous n’avez pas l’âme d’un mécanicien, passez votre chemin. Certaines peuvent devenir des collectors, ça peut être un (petit) placement intéressant. Ça reste néanmoins moins coté que des modèles avec une meilleure notoriété mais… ce qui est rare prend souvent de la valeur ! L’important reste encore, au moins d’en avoir connaissance, au mieux de sauter le pas et d’en posséder une…