24 Heures du Mans 2016 : Toyota perd dans le dernier tour !

Voilà des années qu’ils en rêvaient, et ils ne l’ont toujours pas fait ! Le team Toyota Gazoo Racing vient de mener la course en espérant décrocher leur première victoire aux 24 Heures du Mans, mais à un tour de l’arrivée le destin en a décidé autrement.

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En 2014, Toyota avait gagné le championnat FIA WEC, mais pas les 24 Heures du Mans, la course que tout le monde souhaite remporter, bien plus que le titre mondial d’une discipline encore en manque de notoriété. Cette saison, nul ne sait qui remportera la victoire finale, mais la course des 24 Heures du Mans, qui représentait une question d’honneur pour le constructeur japonais, et qui était acquise jusqu’à un peu plus de trois minutes de l’arrivée, leur a à nouveau échappé. Pendant plusieurs années, Toyota a résisté à l’envie d’aligner trois voitures pour ne pas faire comme les autres. Derrière une officielle raison budgétaire, se cachait plutôt une envie de gagner avec la manière. Cette année, alors qu’Audi et Porsche se sont eux aussi engagés avec deux voitures au Mans, les cartes ont été rebattues, alors que Toyota profite en outre cette saison d’une voiture bien plus performante, avec un nouveau moteur V6 (en remplacement du V8) et un système hybride plus puissant.

La course

Max6412Après un départ effectué derrière la voiture de sécurité pour cause de forte pluie, les choses ont ensuite tardé à se délier. A tel point qu’à chaque nouveau passage de la voiture de sécurité, les tribunes situées face aux stands sifflaient leur mécontentement. Mais si la trajectoire devenait praticable à de nombreux endroits du circuit, des flaques d’eau demeuraient par endroit, incitant la direction de course à laisser la safety car en piste. Un peu trop, sûrement, puisque ensuite les concurrents sont passés directement des pneus « full wet » aux slicks, sans passer par les intermédiaires ou les gommes hybrides, qui sont couramment utilisées par les équipes qui roulent en Michelin dans des conditions de piste asséchantes.

Quelques tours après le départ, premier coup dur pour l’Audi n°7 de Fassler/Lotterer/Tréluyer, contrainte de rentrer au stand suite à un problème technique (turbo). Elle reprendra la piste, mais abandonnera toute chance de victoire à la régulière. Après une nuit largement dominée par Toyota, avec ses deux voitures en tête, et alors qu’il reste moins de six heures de course, seule la Porsche n°2 de Dumas/Jani/Lieb, semble capable de rivaliser avec des deux japonaises. Les trois voitures se tiennent en 15 secondes. Remarquable et captivant, notamment pour une course de 24 heures à plus de 240 km/h de moyenne !

Après 17 heures de course, la première Audi (N°8) est à 1 tour, et la 2ème à 11 boucles. Entre temps la Porsche n°2 de Dumas/Jani/Lien, s’est intercalée entre les deux Toyota. Mais alors que Kamui Kobayashi tente de remonter sur la Porsche qui l’a dépassée, il commet une erreur et termine dans le bac à graviers. Il repart, mais doit passer par les stands pour réparer et anéantit les chances de la seconde place qu’il visait. Mais ce n’est rien à côté du coup de théâtre qui va suivre. Alors qu’elle entamait son dernier tour en tête, la Toyota n°5 s’arrêtait dans la ligne droite des stands ! Elle repartira mais ne pourra pas se classer. La victoire revient alors à la Porsche 919 Hybrid n°2 de Romain Dumas/Neel Jani/Marc Lieb, devant la Toyota TS050-Hybrid n°6 pilotée par Stéphane Sarrazin/Mike Conway/Kamui Kobayashi, et l’Audi n°8 de Lucas DI Grassi/Loïc Duval/Olivier Jarvis.

Ford ne fera pas le triplé en LM GTE Pro

Max5058Dans la catégorie « Pro » des GT », Ford avait pourtant mis toutes les chances de son côté en faisant traverser l’Atlantique à deux voitures supplémentaires, alignant ainsi 4 de leurs GT sur la ligne de départ. Discret en début de saison, le team Ford avait ensuite fait tout son possible pour masquer son niveau réel de performance, afin de surprendre tout le monde aux essais de la classique mancelle, avec des temps largement inférieurs aux prédictions…

Certains pilotes LMP1 ont dit avoir l’impression de suivre des protos plutôt que des GT tant les Ford sont collées à la route. Au final, et après inspection des BOP (Balance of Performance) la direction de course a décidé de leur ajouter 10 kg de lest, afin de rendre la compétition plus juste. Mais en marge d’une stratégie qui aurait pu s’avérer payante, l’une des 4 Ford GT est tombé en panne avant même de prendre le départ. Elle repartira mais finira 9ème de sa catégorie. Les trois autres, et notamment celle de Bourdais/Muller/Hand ont quant à elle eu fort à faire avec la Ferrari du team Risi Competizione confiée à Fisichella/Vilander/Malucelli.

A moins de 5 heures de l’arrivée, la Ferrari contenait toujours les ardeurs des Ford, mais la GT n°68 du Team Chip Ganassi USA a finit par prendre pris la tête des opérations un peu plus de deux heures avant l’arrivée. Dans la catégorie LMGTE Pro, c’est donc la Ford GT de Joey Hand/Dirk Muller/Sébastien Bourdais qui s’impose, au terme d’une bataille de haut vol avec la Ferrari 488 GTE de Giancarlo Fisichella/Toni Villander/ Matteo Malucelli. La troisième du podium est occupée par la seconde Ford GT de Chip Ganassi USA, pilotée par Ryan Briscoe/Scott Dixon/Richard Westbrook.

De l’importance des pneumatiques

Au moment où les équipes définissent leur stratégie pneumatique, la veille de la course, les gammes et les gommes sont précieusement choisies par les concurrents. En LMP1, comme en LM GTE Pro, les deux catégories reines de l’Endurance, c’est encore une fois Michelin qui a raflé la mise « Les pneumatiques que nous avons offert à nos différents partenaires leur ont permis d’appliquer sereinement leur plan de course quelle que soit leur stratégie, » indique Pascal COUASNON, directeur de Michelin Motorsport. Alors qu’en LM P1 les vitesses moyennes dépassent les 240 km/h pendant 24 heures, et que toutes les équipes ont effectué au minimum trois relais avec chaque train de pneus dans toutes les catégories, on peut dire que les pneumatiques Michelin ont non seulement offert un niveau très élevé de performances, mais également une constance inégalée.

Dans les catégories LM GTE Pro et LM GTE Am, de nombreuses écuries ont effectué trois relais avec les mêmes pneus, ce qui constitue une première pour ces véhicules qui découlent de modèles de grande série, et dont la répartition des masses constitue un challenge différent que pour un prototype. C’est ici qu’on distingue la relation étroite qu’il peut y avoir entre la compétition et la série, où les synergies technologiques permettent d’être de plus en plus compétitif dans tous les compartiments du jeu, aussi bien sur la piste que sur la route. »

La prochaine manche du Championnat du Monde-FIA WEC aura lieu le 24 juillet prochain au Nürburgring, pour une course de six heures.

Didier LAURENT

Photos : Max MALKA