Alain Prost a repris le volant d’une F1 !

Le quadruple champion du monde de Formule 1 était présent ce week-end au Dubai GP Revival, où il a piloté la Ferrari 643 dont il était titulaire en 1991. Nous l’avons suivi. 

Pour beaucoup, Alain Prost est toujours une légende du sport automobile. Un statut mis une nouvelle fois en évidence dans le paddock du circuit de Dubai, où un attroupement s’était constitué autour du vainqueur de 51 Grand Prix.  Mais si cette effervescence était due à la présence du champion français, c’est aussi parce qu’il se préparait quelque chose d’exceptionnel. Habillé de sa combinaison et de son casque des années 90, Alain Prost s’apprêtait en effet à prendre le volant de la Ferrari 643 stationnée juste à côté de lui.  Le public a alors pu le voir enfiler sa cagoule, son casque, puis de faire harnacher dans sa monoplace. « Je n’ai pas tout gardé, mais j’ai tout de même conservé les combinaisons et les casques importants pour moi. » indique Prost, soulignant au passage que les années Ferrari, avec la publicité d’un cigarettier sur le ventre, représentent quelque chose de spécial pour lui. « La pitlane est ouverte tu peux y aller », lui lance son mécano, lui aussi à ses côtés en 1990 et 1991 et qui a fait le déplacement pour l’occasion.

Tout le monde en bord de piste

Le temps de comprendre par où la Ferrari va passer du paddock à la piste et tout le monde traverse les garages pour s’installer en bord de piste. C’est l’une des forces du Dubai GP Revival : la presse est invitée en bord de piste, y compris en pitlane. La 643 s’immobilise, Prost tient le moteur dans les tours, puis un drapeau vert s’agite et c’est parti. Ce n’est pas un démarrage de Grand Prix, mais un élan solide qui l’engage sur la piste. On sent les premières accélérations prudentes, puis chaque relance grimpe un peu plus haut dans les tours. Quand il passe devant nous une première fois, les souvenirs des Grand Prix d’antan reviennent les poils des avant-bras se dressent. Il était difficile, jusqu’à ce samedi après-midi, d’imaginer que cela arriverait de nouveau. Au loin, on entend le V12 Ferrari hurler. Aucun doute : Prost n’a pas repris le volant pour faire de la figuration. Le deuxième tour donner encore plus de sensations, car on entend vraiment la performance du moteur de loin, et on comprend que le Professeur n’amuse pas le terrain. Malheureusement, le troisième tour n’aura pas lieu en entier… Le V12 de la Ferrari a rendu l’âme.

Discussion avec Alain Prost

Au calme, après cette séquence « émotions », le quadruple champion du monde nous a accordé quelques minutes d’entretien.

« Bien sûr, je n’étais pas là pour faire un temps « , commence Alain Prost. « Mais quand il s’agit de voitures un peu iconiques, comme la McLaren que j’ai pilotée à Bahreïn cette année (en mars, Ndlr) ou bien cette Ferrari, à partir du moment où il y a une histoire c’est un peu différent et je prends toujours du plaisir.  » Cette 643, c’est celle avec laquelle le champion français a signé six podiums lors de la saison 1991. Mais c’est aussi celle qui a été à l’origine de son éviction par le constructeur italien, juste avant la dernière course de la saison, pour des propos qui ont été transformés par la presse italienne.

« Cette Ferrari, même si c’est une 1991, est une voiture importante pour moi« , continue Prost. « Cela peut paraitre idiot, mais l’une des raisons pour lesquelles j’ai accepté d’en prendre le volant, c’est parce que mon mécano de la saison 90 est ici avec moi. J’ai gardé beaucoup d’émotions de cette époque. » Il est alors permis de se demander si, ironie du sort, le fait de casser le moteur de cette voiture n’était pas une manière de clore cette histoire avec la 643… » Conduire ce genre de voiture et en casser le moteur, cela me fait mal au cœur, mais c’est malheureusement ainsi… » souligne celui qui fêtera ses 69 ans en février prochain, avant de commenter ses expériences plus récentes.

 » J’ai eu l’occasion de prendre le volant de F1 récentes, du 5 ou 7 ans, où tu as beaucoup moins de feeling et, en ce qui me concerne, pas d’histoire. Avec cette Ferrari, on revient dans les périodes assez lointaines, mais on a l’impression que les automatismes et les souvenirs reviennent en même temps. Je n’étais pas du tout dépaysé en reprenant le volant, même si je n’avais pas mon baquet. « 

Reste maintenant à savoir quand Alain Prost reprendra le volant d’une F1, ancienne ou moderne…  » Honnêtement, ce n’est pas prévu« , conclut le détenteur du plus beau palmarès français en Formule 1.  » Pour faire ce genre de chose il faut que la voiture soit connue, entretenue, soit par le service « héritage » de la marque, soit par mes anciens mécanos. Sinon je ne monte pas dedans. «