
Aston Martin va réduire la voilure pour éviter la faillite
C’est l’histoire du constructeur, en 112 ans d’existence, Aston Martin a connu plusieurs faillites avant de renaître. Cette fois encore le nouveau PDG a pour mission de réduire les coûts pour redresser le constructeur.
Comment redresser Aston Martin pour éviter une faillite ?
En 2022, Amedeo Felisa, ex-PDG de Ferrari, a rejoint Aston Martin alors que l’entreprise souffrait de dettes et de pertes financières. Felisa a amené des dirigeants italiens qui se rendaient au siège en jet privé chaque semaine. Cependant, ce mode de déplacement coûtait cher. D’après le dernier rapport annuel, ses voyages ont coûté 1,2 million de livres entre 2022 et 2023. Pendant ce temps, Aston Martin a perdu 229 millions de livres en neuf mois. Felisa est parti, et les jets privés aussi. En effet, le nouveau PDG Adrian Hallmark, ex-Bentley, mène une politique d’économies strictes.
Selon des sources internes, Aston Martin ralentira le développement de nouveaux modèles et embauchera des consultants pour optimiser la production. Les résultats annuels du 26 février apporteront plus de détails. De plus, Lawrence Stroll, président exécutif et principal actionnaire, laisse désormais Hallmark diriger. Si Hallmark échoue, les perspectives sont incertaines. D’après l’analyste Anthony Dick, Aston Martin a les bons produits et dirigeants. Maintenant, il faut vendre.
Une valeur boursière en chute libre
La firme britannique conçoit de belles voitures, mais ses profits ont souvent été faibles. L’entreprise a connu sept faillites en 112 ans. Contrairement à Bentley et Porsche, qui ont capitalisé sur les SUV de luxe, Aston Martin a sorti son premier modèle tardivement en 2020. Introduite en bourse en 2018 à 4,3 milliards de livres, la société valait 1,1 milliard en 2020. Stroll l’a alors sauvée avec 536 millions de livres. Ce succès dans la mode avec Tommy Hilfiger et Michael Kors avait rassuré les investisseurs. En parallèle, Stroll rachetait l’écurie de F1 Force India.
L’entreprise a souffert de crises d’approvisionnement et de retards sur la Valkyrie, supercar de 2,5 millions de livres sortie avec deux ans de retard. Depuis septembre 2024, Hallmark est à la tête de l’entreprise, mais deux avertissements sur les bénéfices ont déjà été émis. Aston Martin a levé 1,9 milliard de livres en capital depuis son introduction en bourse. Pourtant, sa valeur reste à peine supérieure à 1,1 milliard.
Réduire la production en interne
L’avenir reste incertain. Aston Martin dépend des États-Unis, qui représentaient 25 % de ses revenus en 2023. Or, de nouvelles taxes à l’importation menacent. Hallmark veut produire moins pour éviter d’accumuler des stocks invendus. Ainsi, l’objectif de production passe de 10 000 à 8 000 unités par an. L’entreprise veut aussi stabiliser sa chaîne d’approvisionnement. Trop souvent, des fournisseurs bon marché ne livrent pas à temps, générant des coûts imprévus. Aston Martin ne lancera pas de nouveaux modèles immédiatement. Toutefois, elle proposera des variantes de modèles existants, comme Bentley et Porsche l’ont fait.
Chez Bentley, Hallmark avait misé sur la personnalisation des voitures. En 2023, plus de 70 % des clients avaient choisi des options sur mesure. Malgré des promesses de redressement, Aston Martin peine à convaincre. Stroll a déjà nié plusieurs fois avoir besoin d’argent, avant de lever des fonds. Il avait affirmé que la société serait rentable dès fin 2024. Or, elle ne l’a pas été. Les investisseurs restent donc méfiants. « Le titre sera sous pression tant qu’ils ne prouveront pas une rentabilité durable », affirme Giacomo Reghelin, analyste chez Bloomberg Intelligence.
D’après lui, Hallmark devra fixer des objectifs réalistes pour rassurer le marché. Sans cela, Aston Martin pourrait encore lever des fonds. Stroll affirme qu’il reste engagé à long terme. Toutefois, il prend du recul et laisse Hallmark aux commandes. Désormais, leurs échanges sont moins fréquents.