Endurance : les bienfaits du mariage entre l’ACO et l’IMSA

Les liens entre l’organisateur des 24 Heures du Mans et le promoteur du championnat d’Endurance nord-américain n’ont été aussi étroits. Mais pourquoi ce rapprochement ?

Deux mois après avoir officialisé le renouvellement de la convention les unissant, l’Automobile Club de l’Ouest et l’IMSA se retrouvent ce week-end à Petit Le Mans. La finale de la campagne 2021 du championnat d’Endurance nord-américain se déroulera sur le Michelin Raceway Road Atlanta. Signe de cette entente cordiale, le président du club sarthois Pierre Fillon a traversé l’Atlantique, tout comme l’avaient fait au mois d’août Jim France (président de la NASCAR, à qui appartient l’IMSA), et John Doonan (président de l’IMSA).

2023 sera le grand millésime de l’Endurance

A partir de 2023, les catégories-reines des deux plus grands championnats d’Endurance de la planète répondront au même règlement technique. Ne mâchons pas nos mots, il s’agit là d’une petite révolution. Depuis la fin des années 90, IMSA et ACO avaient décidé d’emprunter des chemins séparés. Pour trouver trace d’une voiture ayant signé le triplé 24 Heures du Mans, 24 Heures de Daytona et 12 Heures de Sebring, il faut remonter à 1990 avec la Jaguar XJR-12

La Jaguar XJR-12 est la dernière voiture à avoir remporté 24 Heures du Mans, 24 Heures de Daytona et 12 Heures de Sebring. C’était en 1990. © Capture d’écran GTPlanet.net

« Nous avons été très à l’écoute des constructeurs, indique Jim France. Tous nous ont réclamé la même chose, à savoir une catégorie qui leur permettrait de rentabiliser davantage leurs investissements. Ils ont exprimé le souhait de pouvoir aligner leurs voitures sur deux championnats différents. Pour leur offrir cette possibilité, il nous fallait une plateforme commune, et c’est ce que nous avons fait. » Un avantage que tous les constructeurs ayant conçu des GTE avaient mis en avant il y a quelques années, quand Ford, Porsche, Ferrari ou encore BMW pouvaient disputer IMSA et Championnat du monde d’Endurance avec une seule et même auto. « Cette annonce historique s’inscrit dans une volonté de construire un avenir commun pour l’Endurance, affirme pour sa part le président de l’ACO Pierre Fillon. L’ensemble des parties prenantes a travaillé main dans la main pour aboutir à cet accord majeur. Les constructeurs rêvaient de pouvoir participer aux plus grandes courses d’endurance du monde avec la même voiture. Cet accord, c’est la promesse d’un grand avenir que nous offrons à l’Endurance. »

Mariage forcé ou mariage de raison ?

Mais pourquoi sarthois et américains ont-ils décidé de se rapprocher ? Si le WEC a pâti du déclin brutal du LM P1 dû au dieselgate et à l’explosion des budgets. Son alter-ego américain a parallèlement – et malgré des coûts bien moindres – vu le nombre de ses engagés diminuer. Dès lors, le WEC avait besoin de l’IMSA autant que le contraire. On peut même dire que leurs saluts respectifs passaient par ce mariage de raison. L’union fait la force, les deux promoteurs l’ont bien compris. Les égos ont été mis de côté, dans l’intérêt de chacun. Des guéguerres avaient copieusement entamé une entente compliquée mais le bon sens a fini par l’emporter. Il faut dire que les intérêts et les objectifs des deux organismes ne répondaient pas toujours aux mêmes logiques. Entre le show très basique à l’américaine et cette obsession très européenne pour les trop onéreuses technologies avant-gardistes, il fallait trouver un point d’équilibre à même de sceller fermement ce rapprochement. Et celui-ci a pris le nom de LMDh.

Qu’est-ce que le LMDh ?

LMDh, acronyme un peu barbare de Le Mans Daytona hybride, est le nom de code donné à un type d’autos éligibles dans la nouvelle catégorie reine de l’Endurance – dénommée Hypercar – au même titre que les LMH (Le Mans Hypercar). Sur la piste, le spectateur ne verra pas la différence entre une LMDh et une LMH et aucun classement séparé ne sera érigé. La différence se situe au niveau du cahier des charges techniques auxquelles elles répondent. Option choisie par Toyota, Peugeot et Ferrari, une LMH est conçue intégralement en interne par un constructeur. Ce qui n’est pas le cas des LMDh qui, pour les spécialistes, sont en fait des « DPi 2.0 ». Ces dernières sont basées sur l’un des quatre châssis homologués en LM P2 et dotées d’une boîte de vitesses et d’un système hybride standardisés. D’où un coût de conception supposé moindre que celui d’une LMH. Une formule qui a déjà séduit Porsche, Audi, Cadillac, Acura ou BMW, sans oublier ceux cités précédemment, partisans du LMH. En clair, c’est un succès.

Le futur brillant de l’Endurance

Dans les années à venir, grâce à cette union, l’Endurance sera fort probablement The place to be, pour les constructeurs comme leurs partenaires. De côté des équipementiers, Michelin ne s’y est pas trompé. Après être devenu le manufacturier pneumatique unique de l’IMSA SportsCar Championship en 2019, la firme clermontoise a remporté l’appel d’offres lancé par l’ACO pour l’Hypercar. « Michelin est un partenaire technique expérimenté et innovant, qui a démontré ses qualités depuis de longues années, a expliqué Pierre Fillon. C’est un manufacturier qui contribuera au rayonnement de la nouvelle ère de l’endurance. » Un témoin privilégié d’un mariage de raison que l’on espère se voir transformer en une idylle sans précédent, à même de nous offrir la plus belle ère de l’histoire de la discipline.