Championnat du monde d’Endurance : entretien avec Ogier, Wadoux et Milesi aux 1 000 Miles de Sebring

Lilou Wadoux, Sébastien Ogier et Charles Milesi se relaient ce vendredi au volant de l’Oreca 07 Gibson n°01 du Richard Mille Racing. Les trois français démarrent ensemble une nouvelle aventure en championnat du monde FIA -WEC

C’est ce qu’on appelle un équipage éclectique : D’un côté, la jeune Lilou Wadoux, qui fêtera ses 21 ans en avril, vient de l’Alpine Cup Europa. D’un autre Charles Milesi, est le vainqueur de la dernière édition des 24 Heures du Mans en catégorie LMP2. Entre les deux Sébastien Ogier, huit fois champion du monde des rallyes, qui n’a jamais pris le départ d’une course d’Endurance.  Réunis dans un « caisson » face à leur stand, sur le circuit de Sebring, les trois pilotes ont le sourire. Ils n’ont pas de pression, savent qu’ils ont beaucoup à apprendre. Ce qui n’empêche pas de viser un podium, certainement quelque part au fond de leur esprit. Entretien croisé avec cette écurie pleine d’énergie.

Est-ce qu’un circuit américain si ancien est idéal pour plonger dans le grand bain ?

Lilou Wadoux : disons que je ne suis pas certaine que Sebring soit le bon circuit pour commencer, mais chaque jour j’apprends des nouvelles choses et cela se passe bien. Il n’y rien de comparable (puissance, aéro…) avec la voiture que je pilotais avant… Je viens de passer de courses sprint à l’Endurance, j’ai tout à apprendre. J’avais fait des tests à Bahreïn en LMP2, mais cela reste un rookie test…

Est-ce que vous aviez d’autres options avant de vous engager dans ce championnat ?

Lilou : J’avais trois ou quatre options dont je ne parlerai pas, mais il a fallu réfléchir… Ici je savais que je serai bien entourée, je connaissais déjà bien les gens… On savait très bien que je ne serai pas « avion » tout de suite à Sebring, qu’il fallait que j’apprenne…

Sébastien Ogier : avec Toyota, on cherchait une solution en LMP2 pour préparer un éventuel avenir en Endurance, puis d-c’est au détour d’une conversation téléphonique avec Richard (Mille, Ndlr) que j’ai appris que l’équipage 100 % féminin de l’année dernière ne serait reconduit, et qu’une opportunité se créait. J’ai senti qu’on pourrait vivre ensemble une belle aventure, sachant que Lilou est moi sommes les plus inexpérimentés de l’équipe.

Charles Milesi : Dès Bahreïn, je savais plus ou moins que j’avais de bonnes chances de signer, que je n’avais pas les capacités d’amener le budget demander par WRT, avec qui je discutais aussi. En revanche, j’ignorais tout de mes futurs coéquipiers, et je dois dire que je suis très content du trio que nous formons.

Votre expérience respective est-elle une pression ou une aide ?

Lilou : on arrive à parler chacun de notre vécu et cela permet d’apprendre. Sébastien ou Charles viennent d’un niveau très différent du mien, et mais ce n’est pas une pression. Au contraire, c’est une chance.

Sébastien : je n’ai aucune pression car je ne joue pas mon avenir. Mais je veux tout faire pour que ça se passe bien et que je souhaite évoluer dans cette catégorie. Quand j’ai commencé en rallye, c’était différent car c’était mon rêve de devenir pilote professionnel. Ici, la façon de travailler ou de communiquer est différente, et je souhaite partager au maximum avec mes coéquipiers. Ici, c’est plutôt Charles qui a la pression car il va faire la qualification et le départ…

Charles : c’est vrai que fut un temps je me mettais pas mal de pression pour avoir des résultats. Mais au final ça ne marchait pas forcément et j’en souffrais. Même l’an dernier, où je jouais mon avenir en sport automobile, je ne me suis pas mis de pression. Je crois que ça a a été la clé d’une certaine sérénité et, au final, plus de réussite. Chacun a son expérience, chacun essaie de faire de son mieux, mais plus on s’en met et plus c’est dangereux. Personnellement, et je pense que c’est pareil pour Sébastien, le fait d’avoir quelques victoires permet de franchir des étapes et de moins se poser de questions. Pour moi, gagner Le Mans, ça a été un cap.

Qu’est ce qui change le plus entre la voiture que vous pilotiez la saison dernière et celle-ci ?

Lilou : tout, absolument tout. Ici on a de l’aéro, on fait de l’Endurance, on est une équipe. Auparavant je faisais des courses sprint dans une voiture qui était beaucoup moins physique. J’ai d’ailleurs dû me préparer avant de pouvoir prendre le volant en essai et être à l’aise.

Sébastien : d’abord il a fallut trouver la bonne position dans la voiture car je suis plus grand que Charles et Lilou. Ensuite, il y a tout à apprendre, car le poste de conduite comme les sensations sont très différents d’une WRC. Si je fais la comparaison avec l’Hypercar Toyota que j’ai conduite à Bahrein et ensuite en Espagne, je pense que l’une des plus grandes différences tient dans les pneus. En LMH, ils ont des Michelin spécifiques à la discipline, pour des voitures hybrides, en LMP2, on a des Goodyear pour des prototypes qui sont 100 % thermiques. Le poids, les performances et les sensations sont très différents même si les chronos sont parfois assez proches.

Ogier et Wadoux, toujours attentifs aux chronos de leur coéquipier Charles Milesi

Avez-vous d’autres programmes que le WEC ?

Lilou : non, c’est mon seul engagement

Charles : pour moi aussi

Sébastien : je vais faire quelques rallyes, le prochain pour moi sera la Portugal. En ce qui concerne l’Endurance, je vais pour l’instant faire Sebring, Spa et Le Mans, et ensuite on verra.