Championnat du monde des Rallyes WRC3 : Fabre-Vilmot en Grande-Bretagne pour reprendre la tête

Leaders du championnat du monde WRC3 avant l’été, marqué par l’annulation de la Chine, rallye sur lequel comptait « Papich » pour marquer de gros points, Michel Fabre et Maxime Vilmot (Citroën DS3-Saintéloc) sont à pied d’oeuvre au 71e Wales Rally de Grande-Bretagne, toujours sous les couleurs de Gîte du Vercors et de Vita Liberté.
La manche britannique du mondial débute demain et se terminera dimanche 30 octobre. Après leurs succès en Suède, au Mexique et en Argentine, le retour dans le Mondial en Catalogne n’a pas été une promenade de santé mais il a permis au Marseillais de 62 printemps associé au Saint-Laurentais de 26 ans, de terminer au pied du podium pour s’assurer déjà des titres de Dauphins. Mais ils visent toujours les couronnes suprêmes pilote et copilote.
Avec les voeux de Jean Ragnotti qui a adressé le message privé suivant: « Je souhaite à Michel (le plus jeune des vieux ?) et à Maxime le meilleur résultat possible et le titre bien sûr. Bonne course. Amicalement. » Signé, Jean.

Lire l’interview de Michel Fabre et voir notre diaporama réalisé par le jeune et talentueux photographe valentinois Bastien Roux, désormais spécialisé dans les rallyes.

Brutalement arrivées au mois d’août en Chine, les conditions météo hivernales ont donc totalement changé la donne stratégique de l’équipage Michel Fabre-Maxime Vilmot (Citroën DS3-Saintéloc), puisqu’elles ont fait passer le promoteur du championnat du monde des rallyes WRC de la préconisation des pneumatiques neige et cloutés à une annulation pure et simple.

« J’ai apprécié le break estival et j’ai pu observer ce qui se passait »

– Michel, en fonction des épreuves nominées par vos soins, vous étiez absent des courses estivales. Ne le regrettez-vous pas aujourd’hui ?
Michel Fabre : « Absolument pas, car n’oubliez pas que je suis un rallyman amateur. Mes partenaires me permettent de faire un certain nombre de courses, je connais les règles du jeu, je les accepte volontiers et j’ai apprécié le break estival qui n’était pas mal du tout. Il m’a permis de sortir avec les copains, de me faire de bons restaus et de profiter de la famille. Je me suis bien réoxygéné dans le Vercors, et j’ai pu observer ce qui se passait en championnat des rallyes FIA Junior (JWRC3).
« L’été est passé et, ainsi que je m’y attendais, le titre est loin d’être joué. La bagarre se poursuivra donc jusqu’à l’ultime épreuve de la dernière course en Australie… »

« L’annulation de la Chine nous plombe, mais nous restons dans le coup »

– Vous avez tout de même subi de plein fouet les caprices météorologiques survenus en Chine, dont vous aviez fait l’un des terrains privilégiés de votre plan de bataille ?
M.F. : « C’est une évidence. L’annulation du rallye de Chine nous plombe, car c’est une course que nous avions optionnée, et l’on a ainsi perdu la possibilité de marquer 25 points qui, aujourd’hui, nous permettraient d’être largement en tête du classement provisoire devant Tempestini. Il y aurait sûrement eu deux ou trois équipages chinois en WRC3 mais d’après les observateurs de Saintéloc il était probable que l’on puisse être devant. Mais le sort en a décidé autrement, et nous nous rabattons donc cette semaine sur le rallye de Grande-Bretagne au Pays de Galles que nous enchaînons directement après l’Espagne. »

– Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la première journée du Catalunya vous a donné un avant-goût de ce qui vous attend en Grande-Bretagne ?
M.F. : « Notre rentrée au rallye Costa Daurada RACC Catalunya nous a permis de glaner 12 points qui seront sûrement précieux à la fin de la saison. Intéressant aussi, le fait que dans les deux premières épreuves spéciales chronométrées, avant d’avoir des emmerdements notoires, nous étions dans les temps de Michael Buri qui a terminé 2e. Et l’autre intérêt de notre course en Espagne a été de pouvoir rouler dans des conditions épouvantables dignes du Pays de Galles avec des pluies diluviennes, dans la boue et des partir en glissades dans tous les sens…
« Cela a été une très bonne base de travail et d’essais en vue de la Grande-Bretagne. Et nous a permis de nous rendre compte que nous étions et que nous restions tout de même dans le coup, que ce soit sur terre ou sur asphalte, lorsque les emmerdes nous oubliaient : une crevaison qui nous fait perdre plus de cinq minutes dans une spéciale ; le turbo hors-service pendant une autre épreuve ; la durite de
turbo qui se débranche sans cesse ; des problèmes récurrents de freins dont une perte totale des freins sur 7km en pleine spéciale encore. C’est le rallye comme on doit l’aimer et l’accepter. »

« Nous n’allons nous promener ni en Grande-Bretagne ni en Australie »

– Comment vous, sémillant grand-père amicalement surnommé « Papich » dans les paddocks du WRC, faites-vous pour tenir le choc face aux jeunes loups du championnat du monde des rallyes ?
M.F. : « D’abord, j’ai un copilote, Maxime Vilmot, qui fait justement partie des ces talentueux rallymen en pleine ascension. Nos concurrents les plus dangereux sont évidemment ceux du Junior WRC3, terriblement affûtés et, pour certains, en passe de devenir professionnels.
« J’essaye donc – dans la mesure du possible – d’éviter de trop perdre de vue mon âge, mon manque d’habitude du pilotage sur terre, et ma niaque un brin en deçà de celle de ces jeunes qui vont faire du rallye leur métier ! »

– Vous êtes déjà virtuellement assurés des titres de vice-champions du monde WRC3, mais vous n’allez tout de même pas au Pays de Galles et en Australie pour jouer aux touristes ?
M.F. : « Sûrement pas ! Simplement, à ce jour, compte tenu du mode d’attribution des points, nous sommes 2e du championnat du monde WRC3, à égalité avec Fabien Andolfi à la suite de son succès au RACC mais avec un nombre de victoires supérieures en championnat (3), alors qu’il a déjà atteint son nombre maximum de courses (6) et qu’il nous en reste deux à disputer. Et non, nous n’allons nous promener ni en Grande-Bretagne ni aux Antipodes !
« Stratégiquement, chez Saintéloc nous avons étudié toutes les variantes possibles qui nous permettraient de reprendre la tête du championnat, en fonction des performances de Tempestini au Paus de Galles : s’il finit premier il faut que l’on soit au maximum 3e, s’il finit 2e il faut que l’on soit 5e, et s’il finit 3e il faut que l’on soit 7e. Etant donné qu’il dit partout, surtout dans les médias italiens, qu’il va attaquer au
maximum pour finir la saison en beauté et mettre une valise à tout le monde, il peut aussi ne pas rentrer… »

« Physiquement en forme…, dans ma tronche j’ai 25 balais ! »

Qu’est-ce qui occupe vos pensées avant votre escapade galloise et celle chez les kangourous ?
M.F. : « Tout d’abord, comme tout le monde je vais découvrir le Pays de Galles. Ce que j’en sais côté déjà côté terrain de jeu, c’est que c’est un petit peu apocalyptique, sauf s’il avait fait plein soleil pendant trois semaines avant le rallye mais cela n’a pas été le cas. Donc avec les même conditions que celles rencontrées sur la terre en Espagne, nous allons faire de notre mieux et attendre car… J’ai regardé les
statistiques de ce rallye au cours des trois dernières années, et j’ai constaté qu’il y avait en moyenne un peu moins de 50% de voitures à l’arrivée.
« Ensuite, moralement et physiquement je suis dans une forme impeccable. Mieux vaut d’ailleurs, car nous revenons en France le 3 novembre et nous repartons le 6 en Australie. En Espagne, un journaliste a titré son article « Mon grand-père veut être champion du monde », c’est rigolo non ! Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de personnes qui viennent me voir et me disent « vous avez 62 ans »… Ils me ramènent presque à la réalité, car dans ma tronche j’ai 25 balais… Je suis presque choqué lorsqu’on me dit « c’est bien ce que vous faites à plus de 60 ans », mais je ne fais rien de spécialement bien, je m’amuse. Et ça amuse le monde des rallyes, les Commissaires, les organisateurs, même certains pilotes d’usine et les gens de Pirelli nous encouragent !
« Enfin, je ne saurais jamais assez remercier Maxime pour son enthousiasme et sa patience à mon égard, il est à fond, tout comme le team Saintéloc. Il est vrai que le titre ce serait bien, avec l’aide de Dieu…
« Jusqu’à présent, il m’a un peu aidé à remettre miraculeusement la voiture sur la route lorsqu’elle avait tendance à partir dans un ravin. Il va falloir qu’il soit encore parfois un peu avec nous pendant les deux courses à venir ! »

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Charles-Bernard ADREANI
Photos : Bastien ROUX

Le Catalogne de Fabre-Vilmot dans le collimateur de Bastien Roux