Championnat du monde des rallyes : Michel Fabre (Citroën DS3), retour gagnant en WRC3 à 61 ans

Les deux premières manches du championnat du monde des rallyes WRC3 – le Monte-Carlo et la Suède – où ils se sont respectivement classés 8e et 1ers, ont permis au pilote marseillais Michel Fabre, 61 ans, et à son copilote saint-laurentais Maxime Vilmot, 25 ans, de s’installer en tête au classement provisoire avant le rendez-vous mexicain de la semaines prochaine. Du 3 au 6 mars, leur Citroën DS3-R3T engagée par le team stéphanois Saintéloc Junior Team  sera sous les feux de l’actualité au Rally Guanajuato Corona du Mexique. Et dire que « Papich » Fabre ne s’était plus aligné au départ d’un rallye depuis 27 ans, puisque sa dernière apparition remontait au Tahiti 1988. Un sacré retour gagnant !

Michel Fabre et Maxime Vilmot, vainqueurs du Rallye de Suède (Citroën DS3-R3T) et leaders du championnat du monde WRC3 2016, avant le Mexico Rally Guanajuato Corona programmé du 3 au 6 mars. (Photo : Greg Roslon)

Michel Fabre et Maxime Vilmot, vainqueurs du Rallye de Suède et leaders du championnat du monde WRC3 2016 avec leur Citroën DS3, avant le Rally Guanajuato Corona programmé au Mexique du 3 au 6 mars. (Photo : Greg Roslon)

Rallyman un jour, rallyman toujours ! Michel Fabre a fait sienne cette maxime. A plus de soixante printemps, ce provençal bon teint, éternel amoureux mari d’Annick, heureux père d’Alexandre et d’Olivier, papy-gâteau avec les quatre petits-enfants que lui ont fait Angélique et Céline, est en tête du championnat du monde des pilotes de rallyes WRC3.
A bord d’une Citroën DS3-R3T  (215 chevaux, deux roues motrices) engagée par Saintéloc Junior Team, dont il partage l’habitacle avec un surdoué du copilotage, Maxime Vilmot, Michel entame actuellement au Mexique les reconnaissances du 3e round WRC 2016, le Rally Guanajuato Corona programmé du 3 au 6 mars. Leur programme mondial – sous les couleurs « Gîte du Vercors » et « Vita Liberté » – compte huit des 14 courses de la saison WRC de la FIA (Fédération internationale de l’automobile), dont ils sont les leaders du classement provisoire après leur 8e place au Monte-Carlo et leur victoire en Suède.

« Mon retour en rallyes s’est fait par accident… »

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– Michel, vos débuts de pilote remontent à un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Qui êtes-vous donc ?
Michel Fabre : « J’ai 61 ans, je suis chef d’entreprise et mes racines sont autant dans le Vercors qu’en Provence, à Marseille dans le quartier de Mazargues pour être précis. Mon retour en rallyes ? Il s’est fait par accident… En novembre 2014, alors que je roule tranquille au volant de mon Austin-Healey, une voiture d’Auto-école me percute. Je me suis alors dit que j’aurais préféré modifier ma carrosserie tout seul en participant à un rallye historique… Et je me suis inscrit au Monte-Carlo 2015 avec un ami marseillais, Rémy Gros. C’était sympa, mais j’en suis sorti frustré par les basses vitesses imposées en régularité… Je suis allé voir Renaud Poutot à Valence afin qu’il me conseille une équipe compétition : Il m’a dirigé vers Saintéloc Racing à Saint-Etienne, et c’est parti. J’ai fait la Sainte-Baume, et puis je me suis dit pourquoi ne pas faire quelques manches  du championnat du monde… Nous y voilà ! »

« Avec Saintéloc, je suis convaincu d’avoir fait le bon choix »

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– Des structures internationales capables d’aligner des voitures en championnat du monde existent un peu partout en Europe, pourquoi avez-vous choisi l’équipe stéphanoise Saintéloc de Sébastien Chétail ?
M.F. : « Je ne voulais pas me lancer dans cette aventure n’importe comment. Il me fallait une équipe expérimentée. Avec Saintéloc Junior Team, je pensais avoir fait le bon choix, mais après les deux premiers rallyes mondiaux 2016 j’en suis fermement convaincu ! Au delà des qualités techniques et humaines du team, Saintéloc m’a aussi apporté un plus incontestable en me dénichant un copilote de rêve. Maxime Vilmot est un minot de 25 ans dont le sérieux et la maturité font que l’on pourrait croire qu’il a au moins deux décennies de métier ! Il est vrai qu’il a déjà fait le championnat de France des rallyes, goûté à l’Europe avec l’ERC et au monde avec le WRC, mais en plus c’est un tout bon. »

« J’aimerais bien rentrer dans les points au Mexique et en Argentine »

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– Cela s’est plutôt bien passé lors des deux premiers des huit rallyes WRC3 à votre programme 2016. Quelles sont vos ambitions ?
M.F. : « Avec Sébastien Chétail le patron de Saintéloc, et Vincent Ducher le responsable du secteur rallyes, avant-même le Monte-Carlo nous avons mis en place une stratégie et nous essayons de nous y tenir. Il n’était et il n’est toujours pas question pour moi de penser au titre mais d’aller au bout de chaque course en prenant du plaisir et en marquant si possible des points en entrant dans le top dix.
« Après notre victoire WRC3 en Suède, nous sommes en tête du championnat du monde et c’est assez agréable… Maintenant, je vais essayer de continuer à m’appliquer et nous verrons ce qui arrivera… J’aimerais bien rentrer encore dans les points au Mexique et en Argentine, mais je sais que ce sont des épreuves  extrêmement difficiles. Le titre ? Nooon ! Mais vous en connaissez beaucoup des sportifs qui en refuseraient un, qu’il soit régional ou mondial. »

« J’assume les malheurs et j’apprécie les bonheurs »

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– Michel, vous avez 61 ans, l’âge auquel certains préfèrent mettre leur vie au ralenti… Et vous accélérez comme un malade ! N’est-ce pas trop dur ?
M.F. : « Je suis en pleine forme, et pour le vérifier j’ai évidemment subi des tests poussés : le coeur va bien, j’entends, et je vois – avec des lunettes -, parfaitement, j’ai certaines capacités d’endurance. Je me sens bien dans ma vie et épanoui. J’assume les malheurs et j’apprécie les bonheurs. Je suis fidèle en amitié, et j’ai gardé intacte ma capacité à m’émerveiller devant un beau paysage, une belle oeuvre – je suis passionné d’opéra, de danse et de grande musique -, une belle femme !
« Je suis toujours très amoureux d’Annick, mon épouse. Un de mes grands regrets sentimental est qu’elle ne soit plus ma coéquipière. »

« Je sécurise en pilotant avec une subtile marge de confiance… »

– Les sports mécaniques et le rallye en particulier sont des disciplines dangereuses. La peur, qu’en faites-vous ?
M.F. : « Je gère à ma manière, mais je n’ai pas peur. En revanche, le petit jeune (ndlr : Maxime Vilmot), me fait mettre du gaz à 100% et il me parle de l’amélioration de la fluidité de mon pilotage… Il me met gentiment la pression. J’ai confiance en lui, heureusement d’ailleurs, mais j’essaye de toujours piloter avec une subtile marge de confiance, c’est ma façon de sécuriser, même à 170km/h… Je pratique une discipline qui oscille entre vitesse pure et endurance, j’essaye donc de mener mes courses avec intelligence car la concurrence est rude. Je sais que j’ai une énorme chance de disputer le championnat dumonde et j’ai le plus profond respect pour mon équipe et le travail qu’elle accomplit en ma faveur.
« Me retrouver à discuter, à l’hôtel ou au restaurant, avec les stars planétaires que sont les multiples champions du monde WRC leaders de l’équipe d’usine Volkswagen, le gapençais Sébastien Ogier et l’aixois Julien Ingrassia, dans une ambiance presque familiale me permet de déstresser. Eux et quelques autres m’appellent « Papich », c’est la version rallye du « Papet » que je suis ! »

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Maxime Vilmot, le minot qui fait envoyer du lourd à « Papich »

On a parfois tendance à l’oublier, mais aucun pilote de rallye ne serait performant sans un coéquipier ultra-performant : Sébastien Loeb aurait-il autant brillé sans Daniel Eléna ? Bref.
Celui de « Papich » Fabre est un minot, qui pourrait presque être son petit-fils… Mais du haut de ses 25 balais, Maxime Vilmot, le Saint-Laurentais – de Saint-Laurent-de-la-Prée en Charente-Maritime, à un coup d’accélérateur de Rochefort et à deux de La Rochelle – copilote depuis 2005, a une tête bien faite et surtout bien remplie. Il possède déjà le savoir-faire d’un vieux briscard.
Aux côtés, entre autres, d’Eric Camilli, de Sébastien Chardonnet, de Robert et de Stéphane Consani, Maxime a acquis une  expérience internationale des rallyes sur les routes européennes de l’ERC et mondiales du WRC.

– Maxime, vous êtes un jeune coéquipier talentueux, mais ce n’est pas votre seul talent. Pouvez-vous nous expliquer c’est qu’est Race4you ?
Maxime Vilmot : « Je suis passionné par les rallyes, je veux faire du travail de copilote mon métier et me battre pour la victoire !
« Au travers de la société Race4You, je propose un service de reconnaissances pour les rallyes historiques, de la prise de notes à la création de vidéos avec des caméras embarquées. C’est un véritable outil de travail que je propose à mes clients, qui désirent participer à des épreuves comme le Tour de Corse historique, le Maroc ou la Sardaigne. Beaucoup d’équipages n’ont pas le temps de reconnaitre les parcours, de plus, ils manquent aussi d’expérience. C’est pourquoi Race4you leur propose le choix entre plusieurs systèmes. Nous éditons un véritable cahier de notes et nous leurs fournissons un support vidéo pour optimiser la préparation des rallyes. Ce concept plaît beaucoup, et j’ai encore certaines idées à développer… »

– Que pouvez-vous nous dire à propos de Michel Fabre ?
M.V. : « Cette année, ma collaboration avec Michel Fabre est très fusionnelle et je prends beaucoup de plaisir à partager l’habitacle de notre Citroën DS3. Il pourrait être mon grand-père, c’est plutôt sympa… Mais je lui impose néanmoins beaucoup de travail sur les notes et je suis particulièrement exigeant avec lui avant et pendant les courses, ceci afin d’éviter tous les petits pièges d’une spéciale de rallye.
« Michel possède de l’expérience, mais tout a évolué depuis qu’il a arrêté de courir alors que je n’étais même pas né ; il lui a fallu tout réapprendre. Mais il possède une excellente base de pilotage. Le fait de vouloir prendre des points à chaque course ne lui rend pas la vie facile : il manque encore de roulage avec la WRC3 et de fluidité pour hausser le rythme, mais il progresse au fil de chaque spéciale chronométrée.
« En Suède, c’était sa première fois sur la neige, au Mexique, ce sera également sa première expérience sur la terre : je vous jure que la tâche n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît et je le félicite pour sa ténacité, son sens de l’observation et sa condition physique, chapeau Michel ! »

Dix courses au programme : huit en WRC3 mondial
et deux en France, la Sainte-Baume et la Drôme

Michel Fabre, vainqueur du Rallye de Suède Suède, dès sa deuxième course en WRC3.

Michel Fabre, vainqueur du Rallye de Suède Suède, dès sa deuxième course en WRC3.

Michel tient à préciser les choix des dix rallyes auxquels il participe en 2016 avec Maxime : « Il y huit courses du WRC3 mondial : nous avons disputé en janvier le Rallye Monte-Carlo qui lance traditionnellement la saison, puis en février la Suède pour ne pas avoir un trop gros creux avant de goûter aux pistes mexicaines début mars. Nous traverserons à nouveau l’Atlantique en avril pour aller en  Argentine, et en intermède nous participerons à deux courses en France – le rallye de la Sainte-Baume en mai et la Drôme en juillet -, avant de repartir en septembre en WRC pour la Chine, et de revenir au pays disputer le Tour de Corse qui reste pour moi la valeur de référence des rallyes. Et nos deux derniers rendez-vous seront l’Espagne en octobre et l’Australie en novembre. »

Les félicitations et les encouragements de Jean Ragnotti

Saint-Jean Ragnotti. Illustration de RSC-Wilder Kaiser via Hellas Alpine

Saint-Jean Ragnotti. Illustration de RSC-Wilder Kaiser via Hellas Alpine

Le succès de Michel Fabre et Maxime Vilmot en Suède n’a laissé personne indifférent. Et alors qu’il venaient seulement d’atterrir au Mexique une star planétaire des rallyes leur a adressé ce message par l’intermédiaire de la plateforme de l’Agenda de l’Automobile.
« Bonjour et BRAVO à Michel et son copilote (ndlr: Maxime) pour ce magnifique résultat en terre nordiste !! Bonne continuation pour le reste de la saison. Bien amicalement ». Signé Jean Ragnotti.
Qu’ajouter à cela ? Rien ! Quand on cumule le talent et l’humilité, la classe et l’humanisme, le tout mâtiné d’un sens aigu de l’humour, on mérite une seule chose : être admiré et aimé, tout simplement… Prenons-en de la graine.
Annick Fabre – qui supporte Michel au propre comme au figuré… – a réagi sur notre page Facebook : « Avec Jean Ragnotti, dit-elle, nous avons partagé tant de bons moments dans les années 80 et aussi l’année dernière lors du Monte-Carlo historique, qu’il me touche tout particulièrement avec ce petit mot. J’espère le revoir vite et je lui souhaite de garder cette bonne humeur. Merci icône vivante ! »

Lire aussi : Rallye-Sport.fr et Rallye-Infos.fr.

Charles-Bernard ADREANI / Photos Greg ROSLON

Les deux partenaires majeurs de Michel Fabre pour son retour en rallyes
Gîte du Vercors, à Lente-Bouvante dans la Drôme. Ouvert 365 jours/an, 80 couchages et restauration. Activités : randonnées, ski alpin et ski de fond, raquettes, chiens de traîneaux, fat bike.
Contacts : +33 (0)475 489 441, Email : Contact@GiteDuVercors.fr.
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