Essai Bentley Bentayga S : extrême et attachant

Avant son passage au tout électrique, à l’horizon 2030, Bentley met à la route des modèles à collectionner. Le Bentayga S, avec son V8 biturbo de 545 ch, pourrait faire partie de ceux-là.

Marquer les esprits avant de disparaître. C’est ce que souhaite faire le Bentayga S, qui est aujourd’hui décliné en V8 « classique », en V6 hybride rechargeable (le futur best-seller de la marque) en W12 et désormais en version S. Extérieurement, ce grand SUV bodybuildé rend sa ligne encore plus sportive avec l’adoption d’une grille de calandre totalement noire et des boucliers spécifiques. Les coques de rétroviseurs continuent de lui donner un air très méchant, tout comme les jantes noires de 22 pouces et le becquet arrière en carbone, qui quittent l’univers du tuning pour rendre encore plus exclusives les lignes de cet SUV ultime facturé au prix fort : 231 831 €, hors bonus de 40 000 € et hors options, ce qui fait que le tarif final dépasse largement 300 000 €.

Bien entendu, il est possible d’alourdir la note au moyen d’innombrables options, et d’outils de personnalisation désormais proposés par la marque. Sur ce point, on dirait que Bentley n’a aucune limite. Certains pourront trouver ce SUV moche, agressif, hors marché. Ca tombe bien, il n’est pas vraiment pour la France. Dans l’Hexagone, on pense que c’est en « agrémentant » l’achat d’une automobile d’un super malus qu’on sauvera la planète.

Un Bentayga S très réussi à l’intérieur

Il y a le style, et puis il y a le souci du détail. A ce niveau de gamme, c’est normal. Mais il convient de garder bon goût pour associer matières et couleurs. Ce que Bentley a fort bien réussi à bord du modèle mis à notre disposition. La teinte extérieure « Orange Flame » se retrouve aussi à l’intérieur. Elle est présente en bordure de siège ou de la console centrale, ou encore sur les contre-portes. Elle donne une touche de gaieté bienvenue dans cet univers par ailleurs assez sombre. Les appuie-têtes matelassés sont d’un confort absolu, et distillent une sensation très agréable. La version S se distingue des autres par la présence de plusieurs badges, sur la console centrale ou le dossier des sièges avant. Des attentions particulières, comme le bouchonnage de l’entourage de la montre logé au centre de la console centrale, le cuir perforé des sièges, ou encore les surpiqûres colorées de la planche de bord rappellent un univers plus sportif et exclusif.

Démonstration de puissance pour le Bentayga S

La mise en route, par un bouton situé au pied du levier de vitesse, réveille gentiment le V8 biturbo. Au ralenti, il modère des borborygmes dans une relative discrétion. Quelques coups de gaz ne donnent rien de particulier, il ne monte pas dans les tours sans qu’une vitesse ne soit enclenchée. 

Avec 550 ch et 770 Nm de couple sous le capot, le Bentayga S en promet beaucoup. Sa fiche technique génère même un comportement bizarre chez le futur conducteur, un peu comme celui du loup de Tex Avery à l’idée de faire un bon festin. D’ailleurs, au volant, personne ne restera sur sa faim. Selon les modes, la mécanique oscille entre musclée et féroce, et l’impression de conduire un engin plutôt léger est assez déroutante. Car en réalité le Bentayga est grand -plus de 5 m de long et de 2 m de large- et forcément lourd : 2 416 kg. Un poids élevé lié à sa noblesse mécanique, son intérieur luxueux, son équipement pléthorique et ce malgré la présence d’aluminium dans la composition de certains de ses éléments.

Le Bentayga S est polyvalent

Mais peu importe, car avec une telle mécanique et une intelligence châssis bien servie par l’électronique, le Bentayga S se joue de toutes les situations avec une aisance appréciable. Son comportement routier est aidé par un anti-roulis actif (qui fonctionne avec des actionneurs électriques de 48V) et des suspensions étudiées. Seul son encombrement est une question, et sa boîte de vitesse parfois un problème. En effet, sur les kick-down, et ce quel que soit le mode, elle s’entache d’une lenteur qu’on ne retrouve plus ensuite. Il y a un petit retard à l’allumage, avant que la cavalerie ne déboule. La transmission intégrale est en revanche très efficace. Sur sol sec, aucune perte d’adhérence à pleine charge, et des relances nettes en sortie de virage, aidées par une motricité dans faille.  Mené à la baguette, le Bentayga S n’est jamais violent, mais plutôt très musclé. Pour calmer les ardeurs de ce lourd SUV, un système de freinage (option à 12 000 €) en carbone céramique peut aider.

Quelques défauts, quand même…

Au rang des déceptions, on notera la modeste qualité du GPS, qui nous a semblé assez bouillon sur les parcours intégrés pour notre essai (dans la région de Rome, en Italie), tout comme l’ergonomie générale de l’écran. Curieusement les marques de luxe ne choisissent pas, souvent, les meilleurs systèmes d’info divertissement. En piochant dans la banque d’organes Volkswagen, qui possède la marque, on aurait pu penser que Bentley ferait mieux sur ce point. A croire que les clients de la firme britannique sont moins « geek » que ceux d’Audi ou de Porsche, dont les Q8 ou Cayenne utilisent le même châssis.  

Bilan de l’essai Bentayga S

Amateurs de sensations fortes, passez votre chemin : le Bentayga S est puissant, musclé, impressionnant, mais délivre ses prestations tout en douceur. Très exclusive -il s’agit de l’un des SUV les plus chers au monde- cette version S trouve le bon réglage entre dynamisme et luxe, avec un niveau de finition difficile à égaler et un plaisir de conduite décuplé par la présence du V8 biturbo. En France, il ne se vendra pas ou presque, à cause de son malus. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne vaut pas le détour, bien au contraire !

FICHE TECHNIQUE BENTLEY BENTAYGA S

Moteur

Type :  V8 biturbo

Cylindrée (cm3) : 3 996

Position : longitudinale avant

Puissance (ch à trs/mn) : 545 à 6 000

Couple (Nm à trs/mn) : 770 

Transmission

Mode : aux quatre roues, permanente

Boîte de vitesses : automatique, 8 rapports

Capacité de traction (kg) : NC

Châssis 

Type : monocoque acier

Freinage AV : disques ventilés

Freinage AR : disques ventilés

Suspensions AV/AR : double triangulation à 4 tirants/trapézoïdale

Direction : électrique

Dimensions 

Long / Larg / Haut (m) : 5,13/2,01/1,74

Empattement (m) : 3

Pneumatiques : 285X45R21

Volume du coffre (l) : 484 (en 5 places) ; 392 (en 4 places)

Performances 

Vitesse de pointe (km/h) : 290

0 à 100 km/h (s) : 4,5

Conso mixte (WLTP, l/100 km) : 11,4

Rejets de CO2 (g/km) : 260

Poids

A vide (kg) : 2 388

Prix (€) : à partir de 231 831 €

Malus (€) : 40 000