Essai Ford Mustang Mach-E : au volant de la Mustang électrique !

Près de 60 ans après l’arrivée du mythique coupé que nous connaissons tous, Ford fait de Mustang une marque à part entière au travers d’un SUV… Electrique !

Ah, la Mustang, cet objet de liberté qui a fait rêver plusieurs générations partout dans le monde, le cabriolet sympa, les borborygmes du gros V8 américain… Et bien tout ça, c’est fini. Ou presque. Le marché de l’occasion en recèle de nombreux exemplaires, mais le futur de Mustang s’organise aujourd’hui autour de livrées électrifiées, et même de nouveaux modèles. Le Mach-E, SUV portant le cheval au galop sur sa calandre, est non seulement la grande nouveauté de la marque mais aussi sa nouvelle orientation technologique, avec une motorisation 100 % électrique. Sacrilège ? Certains le pensent. Sans doute les mêmes que ceux qui pensent que remplacer Renault Sport par Alpine, et offrir un avenir uniquement électrique aux futurs modèles du A flêché est une erreur.

Mais la réalité est celle-là : les chevaux vapeur sont remplacés, en 2020, par les kilowatts/heure. C’est d’ailleurs en ces termes que s’exprime la puissance des batteries du Mach-E : petite capacité (76 kWh, dont 68 utilisables) ou grosse (99 kWh, dont 88 utilisables). En réalité, les deux sont énormes. Mais il faut bien mouvoir cette grande et lourde voiture : 4,60 m de long et 2,2 tonnes sur la balance, dont 600 kg de batterie…

Autonomie étendue, charge à anticiper

Disponible en deux ou quatre roues motrices grâce à un ou deux moteurs électriques directement positionnés sur ses trains roulants, la Ford Mustang Mach-E dispose d’une autonomie minimale de 400 km (normes WLTP) et 610 km dans le meilleur des cas. Tout dépend si on choisit une version 4×2 ou 4×4, en association avec les deux tailles de batterie disponibles. Côté puissance, la gamme s’étale de 269 à 351 ch, avec une version intermédiaire à 294 ch. Pour notre essai, nous avons choisi une version AWD (4 roues motrices) avec grosse batterie et 351 ch sous le capot (enfin sur les trains roulants). D’ailleurs sous le capot on trouve désormais un bac de rangement, lavable et disposant d’un bouchon de vidange dans le fond. Pratique, pour les sportifs…  Notre attelage dispose d’une autonomie théorique de 540 km, soit autant qu’un modèle à essence. Le problème, c’est la recharge. Car sur une prise normale, il faut environ 40 heures pour faire le plein si la batterie est totalement déchargée.

Dès lors, lorsqu’on fait l’acquisition de ce genre de modèle, il faut impérativement se doter d’une borne de recharge rapide, qui peut nécessiter une adaptation de son propre réseau, et qui a forcément un coût (jusqu’à 2 000 €). On peut aussi, grâce aux 150 kW de charge que la voiture peut supporter, utiliser les chargeurs de forte puissance que l’on trouve sur les aires d’autoroutes. Ici, le Mach-E pourra passer de 10 % à 80 % de batterie en seulement 45 min. Ensuite, il reprendra une charge à vitesse normale, pour préserver la longévité des cellules.

Le Mach E en veut à la Tesla Model Y

Lorsqu’on prend place à bord, on remarque la large tablette de 15,5 pouces au centre de la planche de bord. Jusqu’ici, seul le californien Tesla s’était aventuré à de telles excentricités technologiques. Ford y a ajouté un autre écran, à la place des compteurs, et une molette sur la tablette. Un bon moyen de se démarquer par le haut. Pour le reste, la finition est assez sommaire, sur des standards américains, mais le coup d’œil est bon. Avec un niveau d’équipement élevé, un espace habitable dans la moyenne et une sellerie correctement confectionnée, Mustang vient directement marcher sur les platebandes de Tesla, dont le Model Y, lui aussi 100 % électrique, tentera de séduire la même clientèle avec des atouts supplémentaires sur l’habitabilité et le nombre de places (jusqu’à 7 passagers). On verra alors s’affronter les pro « Elon Musk » et les défenseurs de cette icône américaine qu’est la Mustang, à condition que les passionnés de la marque lui pardonnent ce passage à l’électrique.

La Mustang Mach E se conduit à une pédale

Pour pénétrer à bord de cette voiture, on n’a même pas besoin de clé. Un smartphone avec la bonne application suffit. Idem pour démarrer : on appuie sur le bouton Start, sans clé physique, et c’est parti. La voiture laisse alors le choix entre trois modes : Whisper (chuchoter) limite les accélérations et met en avant le fonctionnement le plus doux de la voiture ; Active est un compromis valable pour le quotidien, alors que Untamed (indompté) est l’équivalent d’un mode sport, avec un bruit de moteur artificiel qui sort par les haut-parleurs. Il n’est franchement pas incontournable, même s’il n’est pas déplaisant. D’autant que le vrai plaisir en voiture électrique, c’est d’avancer sans faire de bruit, quelle que soit la vitesse. Avec 4 roues motrices, 351 ch et un couple important (580 Nm), le Mach-E impressionne et peut passer de 0 à 100 km/h en seulement 5,1 s. En ville –et pourquoi pas ailleurs- le mode « One pedal drive » permet quant à lui de profiter d’un frein moteur piloté. Le conducteur ne touche presque plus au frein, et la voiture gère la décélération jusqu’à l’arrêt total pour peu qu’on anticipe les ralentissements. Le dispositif est bien géré, et on prend plaisir à l’utiliser. A ce compte-là, les concessionnaires ne sont pas près de remplacer les organes de freinage. Déjà qu’une voiture électrique ne demande presque pas d’entretien…

L’autre qualité majeure de cette Mustang, c’est sa tenue de route. A petite vitesse, elle ne distille pas de sensations particulières, mais dès que le rythme s’accélère, elle renoue avec son ADN de sportive. Il s’agit pourtant d’un SUV, très lourd, mais le réglage des trains roulants fait la part belle au dynamisme, et la prise de roulis est mesurée. Tant mieux, car le maintien latéral des sièges, recouverts d’un simili-cuir de bon niveau, n’est pas optimal. Les suspensions (non pilotées) offrent quant à elles un bon compromis entre tenue de route et confort.

En devenant 100 % électrique et en changeant de format cette Mustang du 21èmesiècle ne convaincra peut-être ceux qui l’aiment pour sa définition originelle, mais il convient de reconnaître que Ford a réussi à mettre l’accent sur la technologie (le Mach-E est connecté au Cloud et présente un niveau d’équipement très complet) tout en préservant en partie l’ADN de la marque. On peut alors choisir de s’élever contre les SUV, ne pas adopter la voiture électrique, mais il convient de reconnaître que le Mach-E est agréable à conduire, performant (il accélère presque aussi fort que le coupé GT) sans oublier ses dispositions sportives. La recharge reste un problème, mais une telle voiture s’achète en connaissance de cause, avec toutes les précautions qui s’imposent.

Données techniques

Ford Mustang Mach E AWD

65 500 €

Bonus/malus : 0 €

Moteurs : électriques (2)

Puissance : 351 ch

Couple : 580 Nm

Dimensions

Longueur : 4,71 m

Largeur : 1,93 m

Hauteur : 1,62 m

Empattement : 2,98 m

Volume de coffre : 402 à 1 420 litres (+ 82 l à l’avant)

Poids : 2 273 kg

Capacité de la batterie : 99 kWh (88 utilisables)

Autonomie : 540 km (cycle mixte)

Temps de recharge :

45 min (de 10 à 80 %) sur un chargeur de 150 kW

9 h sur une prise 11kW

Performances

0 à 100 km/h : 5,1

Vitesse maxi : 180 km/h

Garantie : 2 ans, km illimité

Batterie : 8 ans ou 160 000 km