Essai Grand Jeep Cherokee SRT

L’histoire commence un vendredi. Immaculé  de blanc, l’air bestial et le look sportif, le Grand Cherokee SRT n’attend qu’une chose : aller se dégourdir les (huit) cylindres. Sur n’importe quelle route, car il revendique une polyvalence aboutie. Les départementales, les nationales, les autoroutes et même les circuits sont pour lui des terrains de jeu familiers. Finalement, tout sauf le off-road… un comble pour une Jeep ? Oui, et non. Car on ne peut sérieusement commercialiser un tout-terrain dont le châssis est positionné si bas, doté de trains roulants de voiture de course, d’un moteur V8 de 468 ch et d’une boîte séquentielle que si on ne cantonne son usage qu’au bitume. Ce sera par ailleurs la seule limite du modèle, car pour le reste…

Essai Grand Cherokee SRT 82

Dynamique, toutes proportions gardées

Bien entendu, il ne s’agit pas d’une ballerine : 2 418 kg sur la balance.  L’agilité, bien que remarquable pour les dimensions de l’engin, n’est donc pas le point le plus fort du Grand Cherokee SRT. On a beau utiliser de tous les artifices technologiques, travailler façon course l’amortissement et les suspensions, à un moment la nature et ses lois physiques font valoir leurs droits. Un 4×4 n’est pas un coupé.

Essai Grand Cherokee SRT 13La direction, sans être trop lourde, peine parfois à ramener le train avant, par ailleurs handicapé par les très jolies mais très sensibles aux aspérités de la route jantes chromées de 20 pouces (la seule option possible à ajouter aux 82 000 € demandés pour cette version SRT par ailleurs richement dotée, pour un tarif de 1 000 €).

La prise en mains est aisée : accès et démarrage mains-libres, une pression sur le bouton rouge « start » réveille le V8 Hemi de 6,4 litres de cylindrée, lequel annonce tout de suite la couleur par la sonorité qui émane de ses grosses sorties d’échappement : il va y avoir du sport. En bon modèle au caractère joueur le Grand cherokee SRT propose une boîte automatique à huit rapports, laquelle offre trois modes : auto, sport-auto et manuel, avec des palettes derrière le volant, lesquelles auraient mérité des palettes d’une dimension plus généreuse pour aller chercher les rapports en conduite rapide, notamment en virages.

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Premiers kilomètres sereins.

Essai Grand Cherokee SRT 12Les premiers kilomètres se déroulent sereinement, avec une facilité de conduite assez grande, même si les accélérations et la réponse de l’accélérateur ne s’adressent pas à un jeune conducteur… Car les tentations sont grandes, et à chaque accélération, toujours plus forte, on se rend compte qu’il y en a « encore derrière ».

Il faudra donc trouver un péage d’autoroute dégagé pour réaliser un zéro à 100 km/h en moins de cinq secondes, et se rendre compte de la puissance que certains jugeront inépuisable de ce moteur au couple par ailleurs généreux : 624 Nm. Pour ceux qui sont familiers avec les berlines de sport, un mode « Lauch Control » est même disponible, et l’engin garde en mémoire les performances les meilleures. Record à battre : 4,8 secondes pour passer de 0 à 100 km/h. Sont aussi proposés les 200 m et 400 m départ arrêtés, et un calcul de distance de freinage. Qui dit mieux ?

Sur autoroute, le bruit se contient, le confort prédomine et les grands trajets ne sont que plaisir, notamment au moment de réaliser des dépassements… Sur la route de Tignes, là où nous attend l’équipe du Jeep Club Party (nous y reviendrons plus loin) pour d’autres aventures, le V8 glougloute gentiment, au rythme de 13 litres de carburant engloutis tous les 100 km. Les routes de montagne et autres  départementales feront grimper l’addition à 14 litres, mais il convient de noter que si nous avons respecté toutes les limites de vitesse nous n’avons à aucun moment pratiqué l’éco-conduite entre Paris et Tignes, dont l’itinéraire est majoritairement composé d’autoroutes encombrées (et donc un trajet avec beaucoup de relances…) en cette période estivale.

On a aimé

Sonorité du V8

4.8 seconde de 0 à 100…

Le confort

On a moins aimé

Le poids

Pas destiné au Off Road

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Renegade, l’invité surprise

Essai Grand Cherokee SRT 78Le Renegade constitue le futur best-seller de la marque. Jeep en avait emmené trois à Tignes : un en exposition à 3 000 mètres d’altitude, et deux pour de courts essais exclusifs réservés aux membres du club.

Guillaume Drelon, le nouveau directeur de la marque en France, s’est refusé à dévoiler ses objectifs de vente pour ce modèle, mais alors que nous évoquions 1 500 à 2 000 immatriculations en année pleine, nous a tout de même confié un « beaucoup plus » évocateur.

Venant chasser sur les terres des Renault Captur, Nissan Juke et  autre Peugeot 2008, la Jeep Renegade aura pour elle une bouille typique de la marque, un côté jouet, ludique, et un contenu technologique (deux types de transmission, une nouvelle boîte de vitesses automatique à neuf rapports) tout comme un niveau d’équipement que les autres n’ont pas.

Revers de la médaille, si ses tarifs commenceront bien en-dessous de 18 950 €, avec un prix moyen catalogue qui devrait atteindre les 23 000 à 24 000 € pour la bonne version, soit quelques milliers d’euros de plus que la concurrence. La politique de remise des uns des autres, ainsi que le calcul des valeurs résiduelles finiront par mettre en avant -ou non- la pertinence de l’offre. A noter que le Renegade sera rejoint en 2016 par le remplaçant du Compass, un autre SUV compact de la taille d’un Volkswagen Tiguan. Jeep pourrait alors flirter avec les 10 000 ventes annuelles à l’horizon 2017.

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Texte et Photos: Didier Laurent