Essai: la Nissan GT-R 2014 encore plus efficace

Elle a bousculé le marché de la voiture de sport, grâce à un rapport prix/performances imbattable. Mais depuis 2008, année où elle a été commercialisée en France, elle a évolué. Et même si son prix a augmenté – plus de 90 000 € (hors-malus) contre environ 80 000 € pour la première version de 485ch – elle reste ultra-compétitive et pas seulement en termes de prix… Premiers tours de roue à bord de la GT-R 2014, plus affûtée et plus efficace que jamais.

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L’ennemi, c’est le poids. Ou plutôt le surpoids. En automobile comme pour l’être humain. Mais à défaut de maigrir, on peut travailler sa souplesse, son agilité et son efficacité. Dans le cas de la Nissan GT-R, qui n’a pas réduit sa masse depuis son lancement (toujours aux alentours de 1 800 kg quelles que soient les générations), cela se traduit par un affinage des systèmes électroniques qui gèrent l’ensemble des aspects «liaisons au sol » de la voiture, les pneus et enfin la transmission, outil diabolique qui, lorsqu’il atteint un niveau de réactivité et de finesse comme c’est le cas à bord du modèle qui nous concerne, peut faire la différence.

Une GT-R chaussée « Sport » 

NISSAN GT-R 5Pour être collée au sol, la Nissan GT-R reçoit en première monte des pneus Dunlop au profil ultra sportifs, dont la sculpture de la bande de roulement est assez proche de celle d’un pneu slick : autrement dit, lisse ou presque. Des gros pavés de gomme, peu de rainures et peu de profondeur. Des dispositions qui se traduisent par un grip exceptionnel sur route sèche (beaucoup de gomme en contact avec la route) mais aussi une faible résistance à l’aquaplaning et une tenue de route moins bonne sur sol mouillé. Néanmoins, il convient de noter que si, effectivement, il est impossible d’exploiter toutes les performances de la voiture sur sol humide (mais ce n’est déjà pas évident sur sol sec et sur route ouverte compte tenu de la puissance très élevée de l’engin), la voiture reste tout à fait contrôlable en toutes circonstances, même avec des pneus de cette nature. Et en cas d’amorce de glissade ou de patinage, l’électronique (modulable selon plusieurs niveaux de permissivité) remet le véhicule dans le droit chemin.

[nextpage title= »Les performances de la Nissan GT-R »]

2,8 s de 0 à 100 km/h

C’est le niveau de performances annoncé par Nissan, ce qui met la GT-R au niveau de supercars comme la McLaren P1 ou la Ferrari LaFerrari, qui sont vendues dix à quinze fois plus chères ! Elle rivalise aussi naturellement et plus directement avec la Porsche 911 Turbo S, environ deux fois plus chères et qui ne dit pas mieux en performances, mais qui reprend l’avantage en termes de valeur résiduelle, de réputation et d’image de marque.

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Outre le caractère brillant du moteur – un V6 de 3,8 litres développant 550 ch pour 632 Nm de couple- c’est donc bel et bien dans la répartition électronique de la puissance à chacune des quatre roues que le constructeur japonais va chercher cette efficacité qui est tout simplement bluffante. Quels que soient le niveau de charge, l’angle au volant ou le niveau d’adhérence proposé par la chaussée, ce super système règle en temps réel la meilleure motricité et le niveau de puissance possible pour chacune des quatre roues. Les évolutions 2014 comportent également des changements en termes de suspensions, mais aussi de ressenti du système de freinage à basse vitesse, pour davantage de confort de conduite, à défaut d’un confort d’utilisation global (voir plus loin).

[nextpage title= »Les défauts de la Nissan GT-R »]

Des défauts ? Il y en a!

NISSAN GT-R 10D’abord le bruit du moteur. Certes, en conduite normale, il est bien assez perceptible. Mais il n’est pas particulièrement évocateur au ralenti, et ne fait pas dresser les poils à l’accélération, alors que le style de voiture excite tout de suite l’amateur du genre. Et en conduite rapide, ou sur circuit, l’absence d’un mode sport « auditif » (qui existe pour les autres réglages de la voiture) eut été le bienvenu. Même remarque pour le mode confort, en termes de suspensions, qui existe bel et bien mais dont l’efficacité fait défaut. Il est vrai que ce n’est pas la vocation première de ce genre de voitures, mais les remontées dans le dos des occupants, notamment à basse vitesse, sont trop violentes. Les jantes de 20 pouces sont évidemment en cause, mais pas seulement. Et leur encombrement dans les passages de roue amenuise le diamètre de braquage.

Autre problème de place, non pas à l’intérieur (on sait à quoi s’attendre, surtout à l’arrière), mais plutôt en milieu urbain. La bête est encombrante, la visibilité périphérique moyenne. Les manœuvres en zone urbaine sont compliquées, les jantes exposées, même si radars de stationnement et caméra de recul apportent une aide précieuse.

Enfin, la finition. Passons sur le style japonais qui donne dans le jeu vidéo, presque dans un esprit manga de certains éléments. Mais la qualité intrinsèque des matériaux et les ajustements méritent plus de soin. Il convient toutefois de noter les apparitions plus généreuses de parcelles de cuir et aussi une attention plus forte sur le sujet qu’à bord des précédentes générations. Mais sur ces sujets, la concurrence, même si elle n’existe pas au même prix, est passée à autre chose.

[nextpage title= »Sur route »]

Une expérience de conduite incroyable

L’efficacité de la GT-R 2014 a déjà été évoquée un peu plus haut dans cet essai. Mais rien ne serait possible sans un calibrage de direction impeccable et un freinage doté d’une grande efficacité, dégageant un bon feeling et offrant une grande résistance, surtout pour la masse à ralentir.

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La position de conduite est impeccablement ajustable (le bloc compteur bouge avec le volant, ce qui permet de conserver un très bon niveau de lisibilité pour tous les gabarits de conducteur), et l’engin est finalement facile à appréhender, un fois ses dimensions extérieures intégrées. Sur route, les accélérations peuvent être diaboliques, mais jamais longtemps car les limitations de vitesse sont atteintes bien avant d’avoir eu le temps de s’amuser à passer les vitesses jusqu’au dernier rapport. La console centrale s’adresse aux fans de jeux vidéos, et propose aux occupants des données inédites à bord d’une voiture de série. Outre les traditionnels éléments d’ordinateur de bord que sont la vitesse moyenne, la consommation instantanée ou l’autonomie, la GT-R propose des datas comme les G subis à l’accélération, au freinage ou en virage, ou encore un chronomètre et des courbes de consommation avec des temps partiels…

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En conclusion

La Nissan GT-R 2014, c’est Madame Efficacité. Plus puissante et collée à la route que jamais, elle affiche un niveau de performances qu’aucune autre marque ne propose pour le même prix. Car si son tarif catalogue a augmenté de plus de 10 000 € en six années, ce qui représente tout le même le prix d’une petite voiture bien équipée, il convient de reconnaître qu’il faut aller dépenser au minimum le double chez la concurrence pour espérer disposer d’un engin capable des mêmes performances sans pour autant offrir  les même dispositions en termes d’efficacité routière. Si son niveau de décote semble plus vertigineux que celui d’une Porsche 911 Turbo S (nous avons sélectionné cette version qui est la plus chère des 911, mais qui est celle qui correspond au plus près à la Nissan GT-R en termes de technologie ou de performances) ou encore d’une Ferrari 458 Italia, elle demande un investissement initial nettement inférieur.

Texte: Didier Laurent

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