Formula E – e-Prix de Pékin

Pékin, capitale de la Chine et l’une des villes les plus polluées au monde a accueilli le week-end dernier la course automobile la plus propre de la planète. Au-delà du symbole, il semblait intéressant et d’une certaine manière logique que le premier marché automobile mondial soit le théâtre d’un tel événement. Car la Fédération Internationale de l’Automobile ne créé pas une nouvelle discipline tous les jours !

Course Formula E Beijing 2014

En outre, la Formula E et ses monoplaces 100 % électriques représentent un concept particulier non seulement sur la forme (format compact, avec essais libres, qualification et course la même journée) mais sur le fond : il Ambiances Formula E Beijing 2014s’agit de promouvoir, via le e-Village présent aux abords du circuit mais aussi la communication opérée par les teams, la mobilité propre, les énergies alternatives et renouvelables comme par exemple l’électricité pour se déplacer en centre-ville, ainsi que la mobilité durable.

Et il faut dire que l’organisation et les participants donnent l’exemple : les monoplaces ne repassent pas par les ateliers des teams à Donnington (GB) entre les e-Prix (on ne dit pas grand prix pour la Formula E) afin d’éviter trop de déplacements en avion, peu de pièces détachées sont acheminées sur les courses et il a été demandé à certains fournisseurs de produire des pièces plus durables et moins nombreuses. C’est donc toute une chaîne d’économie d’énergie qui a été mise en place autour de la Formula E.

L’exemple le plus fort en la matière est celui de Michelin, qui a réussi à fabriquer un pneu tout-en-un qui, grâce à un mélange de gomme dont les ingrédients sont tenus secrets, est capable d’offrir les bonnes performances sur sol sec comme mouillé, mais également d’afficher une longévité suffisante pour couvrir l’ensemble d’une journée de course. Résultat, chaque pilote n’utilise que 4 pneus par manifestation, et n’a le droit d’en changer que dans le cas d’une crevaison.

Ce qui veut dire que Michelin fabrique, déplace, utilise potentiellement seulement 200 pneus (40 voitures équipées + un pneu de secours par voiture) par course, ce qui très en-dessous de ce qui se peut se passer dans les autres disciplines, même si la réduction du nombre de pneus est largement orientée à la baisse (-43 % de pneus utilisés en championnat du monde des rallyes WRC en trois ans, par exemple).

A noter que pour la prochaine course de Formula E, Michelin n’emmènera que 160 pneus, le niveau d’usure des enveloppes utilisées en Chine permettant aux équipes de conserver deux pneumatiques comme roue de secours. Ce qui indique que dans un avenir assez proche, pourquoi pas dès la prochaine saison, le règlement pourrait imposer aux équipes de faire deux courses avec les mêmes pneus, ce qui serait bien entendu inédit dans le monde du sport automobile.

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Une journée de compétition captivante et spectaculaire

Ambiances Formula E Beijing 2014La Formula E est principalement peuplée de pilotes professionnels de très haut niveau, qui sont engagés dans d’autres championnats d’envergure mondiale ou qui viennent de la Formule 1.

Et tous avaient à cœur d’inscrire leur nom dans l’histoire de l’automobile, en remportant la premier e-Prix de Formula E de la saison, et en même temps de l’existence de la discipline. Après des séances d’essai animées – plusieurs sorties de pistes, dont deux pour Sébastien Buemi (e-Dams Renault)-, la séance de qualification n’a pas été plus calme (sortie de Jarno Trulli), et c’est Nicolas Prost, le coéquipier de Buemi, qui a réalisé la pôle position.

Mais alors que trois voitures ont tapé au même endroit, endommageant leur boîte de vitesse, et qu’une autre a connu un avarie, c’est quatre concurrents qui sont devenus demander la seule boîte de vitesse disponible en rechange aux instances de la FIA. Après une courte réunion avec les teams managers et la direction de course, il a été décidé que c’était celui qui était tombé en panne le premier qui bénéficierait de la boîte de rechange, en l’occurrence Stéphane Sarrazin (pilote Venturi). Le challenge était alors de remonter la boîte avant le début de la course, ou plus précisément le changement de voiture à mi-course (l’autonomie des batteries fait qu’il faut changer de voiture à mi-course, selon un temps forfaitaire de 107 secondes), et pour les autres de tenter de réparer (Buemi, Trulli et Ho-Pin Tung), ce qu’aucun des trois ne réussit à faire, et pour lesquels la course s’est donc arrêtée à mi-parcours.

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Une fin désastreuse, mais pas pour tout le monde…

Podium Beijing 2014Nicolas Prost, auteur de la pôle position, a pris le commandement de la course dès le premier virage, et ne quittera pas la tête jusqu’au freinage du dernier… Ressorti des stands en deuxième position, Nick Heidfeld (Venturi) n’était plus qu’à 0,6 secondes de Prost dans le dernier tour (le français ayant du lever le pied pour gérer les ressources énergétiques de sa voiture) quand il a tenté une attaque par la gauche à l’approche du freinage.

Un geste audacieux qui allait rendre la trajectoire difficile, et dont certains observateurs disent qu’il n’aurait pas réussi à tourner. Mais on ne saura jamais si il Heidfeld aurait réussi sa manœuvre de dépassement ou non, Prost  ayant donné un coup de volant à gauche alors que l’allemand était presque à sa hauteur, générant un accrochage entre les deux voitures, celle de Prost restant sur la piste avec un bras de suspension cassé, et celle d’Heidfeld partant en glisse avant de s’envoler en passant sur un vibreur, puis de finir sa course dans les rails et les glissières de sécurité, à l’envers (voir la vidéo). Heureusement, personne n’a été blessé et Nicolas Prost, qui a reconnu plus tard son erreur, a écopé d’une sanction (une pénalité de 10 places pour la prochaine manche) mais la course s’est arrêtée là pour les deux pilotes.

Discret troisième jusqu’alors, c’est finalement Lucas di Grassi (Audi Sport Abt) qui remporta le premier e-Prix de l’histoire du sport automobile, devant le français Franck Montagny (Andretti) et le britannique Sam Bird (Vrigin), suite au déclassement de l’allemand Daniel Abt (Audi Sport Abt) lequel avait ramené sa monoplace au stand avec moins d’énergie que le seuil accepté par le règlement.

La prochaine manche du championnat de Formula E aura lieu le 22 novembre à Putrajaya (Près de Kuala-Lumpur, en Malaisie), et nul ne doute que l’ambiance sera encore plus électrique, chacun ayant envie de régler ses comptes en piste.

 Plus d’infos sur www.fiaformulae.com et www.michelinmotorsport.com

Article : Didier LAURENT

Crédit Photos : Christophe HUNSICKER

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