Gérer une course de 24 heures

Une course de 24 heures est le summum de ce qui se fait en courses d’endurance de haut niveau. Rouler pendant une journée entière offre des challenges divers et variés, que ce soit pour les pilotes et les mécaniques. Il faut non seulement gérer son effort et sa concentration tout au long de la semaine mais également prendre grand soin de sa monture si on veut espérer voir le drapeau à damiers. Explications :

Tout d’abord, il faut savoir qu’une course de 24 heures ne se dispute pas que sur une journée mais que presque une semaine est nécessaire entre l’arrivée et le départ des pilotes. C’est encore plus vrai aux 24 heures du Mans ou les vérifications techniques commencent le dimanche précédent la course et que certaines équipes arrivent sur place deux semaines avant.

Pour commencer, on a une journée ou plus réservées aux vérifications administratives (on s’assure de la conformité des équipements des pilotes, de leur licence etc…) et techniques (relatives à la voiture, que ce soit concernant la sécurité avec les harnais, extincteurs… mais aussi à la conformité de la voiture avec les règles de la catégorie dans laquelle elle est inscrite). Une fois la paperasse finie, il est temps de passer aux essais libres.

Ces séances permettent de découvrir le circuit pour certains, de se le remémorer pour d’autres et de parfaire les réglages de la voiture pour tous. On ne va pas chercher à avoir une voiture qui va être la plus performante possible parce que l’on va privilégier une voiture douce avec ses pneus et facile à conduire. Il faudra bien sur faire des concessions pour que chaque pilote ait une voiture qui convienne à son style.

Suivent les qualifications, qui, comme dans toute course, vont déterminer la position de la voiture sur la grille de départ. Sauf qu’en général, elles sont divisées en deux ou trois séances et que le meilleur temps global est retenu. Quand elles sont composées de trois parties, en général, il y en a une de nuit dans laquelle chaque pilote a l’obligation de couvrir un minimum de tours pour espérer participer à la course.

Puis, le matin du départ se tient le warm up. C’est une séance très courte (en général 20 ou 30 minutes) qui permet de roder des plaquettes de freins que l’on va utiliser en course et de vérifier si les quelques modifications éventuellement apportées aux réglages sont judicieuses. C’est souvent le pilote qui prend le départ qui roule dans cette session.

Enfin vient le grand moment du départ. Le pilote qui prend le premier relais a une lourde responsabilité : il doit gagner un maximum de places (parce que la course commence et que c’est à ce moment où il est le plus facile d’en gagner) tout en prenant un minimum de risques (« On ne gagne pas une course de 24 heures dans le premier virage. En revanche, on peut la perdre » selon l’adage consacré).

Petit à petit, tout le monde prend son rythme et la course se calme pour s’installer dans une sorte de routine. Pour avoir un bon rythme, il faut savoir bien gérer le trafic, plus ou moins dense selon les tours. Chacun sait que le résultat dépendra en grande partie de la fiabilité de sa monture. C’est pourquoi il faut en prendre le plus grand soin : ne pas monter trop dans les tours, éviter les surrégimes au rétrogradage, ne pas rater de rapports etc… Mais pour espérer bien figurer lors d’une course de 24 heures, il faut aussi rester sur la piste et voir les stands le moins de fois possible. On ne veut y passer que pour changer de pilote, de pneus et refaire le plein. Une bonne stratégie couplée a une bonne préparation de l’équipe et des pilotes peut faire gagner un temps précieux !

Vient la nuit qui apporte toujours son lot de péripéties. Certains pilotes baissent la cadence parce que leur vision n’est pas optimale, d’autres haussent le rythme, certains vont visiter les bacs à graviers ou faire de petits bisous aux murs. Il faut réussir à bien gérer le trafic puisqu’il est très dur d’estimer la distance des phares que l’on peut voir dans le rétroviseur. C’est donc souvent pendant cette période que l’écart avec les concurrents se fait. Il est également important de bien se reposer pour être performant lors des derniers relais.

Lorsque le petit matin se lève, beaucoup de choses ont changé : le classement, la physionomie de la course, les écarts avec nos adversaires et l’humeur. La patience s’estompe au fur et à mesure que les heures passent. Cependant, il faut veiller à ne pas s’énerver et à bien rester concentré au volant.

Finalement, le drapeau à damiers est abaissé et le vainqueur franchit la ligne. Même ceux qui ne finissent pas sur le podium sont contents, pour la simple et bonne raison que finir une 24h est déjà un accomplissement. C’est en quelque sorte le marathon du sport automobile : finir, c’est déjà une victoire !

Maintenant que vous savez tout ou presque sur le déroulement d’une course de 24h, je pense que vous ne les regarderez plus jamais de la même façon.

Jordan TRESSON