Grand Prix de France F1 2018-2022 : ça repart pour cinq ans au circuit Paul Ricard !

Le Grand Prix de France F1 reprendra donc vie en 2018 au circuit Paul Ricard, sur la base d’un accord initial de cinq ans. Une décennie après être passé de vie à trépas à Magny Cours, cette renaissance en Méditerranée a été rendue possible par la volonté de Christian Estrosi, Président du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur. Lequel dévoile en ce moment même à Paris au siège de l’ACF (Automobile Club de France), cet ample dossier qui ancrera au moins jusqu’en 2022 le championnat du monde F1 en Provence.

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La FFSA grille le release mais le chef d’orchestre c’est Christian Estrosi

Depuis ce début d’après-midi se tient à Paris, au siège de l’Automobile Club de France, Place de la Concorde juste à côté de la Fédération Internationale de l’Automobile, une conférence de presse intitulée « L’Avenir de la Formule 1 en France » destinée à annoncer officiellement le retour du Grand Prix de France F1, dès 2018 et pour cinq ans au moins au circuit Paul Ricard.
Une information dont la directrice du pôle presse de la FFSA (Fédération française du sport automobile) a joyeusement et très officiellement grillé le release vendredi 2 décembre à 14h33’32’’. Mais qu’importe, le chef d’orchestre c’est bien Christian Estrosi…

La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur en locomotive

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Christian Estrosi et Hervé Moineau au circuit Paul Ricard, sur la grille de départ du Bol d’Or (24 heures moto).

Ce rendez-vous médiatique est éminemment politique tout comme la F1 en général, pour un dossier qui ne l’est pas moins, et dont le chef d’orchestre n’est autre que Christian Estrosi, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la Métropole Nice Côte d’Azur. Il est notamment entouré de M. Hubert Falco, Sénateur-Maire de Toulon et Président de Toulon Provence Méditerranée, ainsi que de M. Marc Giraud, Président du Département du Var.

Histoire de rappeler que, voici plus de 46 printemps déjà, le 19 avril 1970, jour de l’inauguration du circuit éponyme, Paul Ricard montrait à la face du monde que son génie visionnaire allait bien plus loin que son entreprise de vins et spiritueux, sa gestion rigoureusement humaniste, ses centres de vacances, et son sens inné de l’écologie.
Quelques mois plutôt, le génie marseillais du quartier de Sainte-Marthe avait lancé sur ses propres deniers une cohorte d’engins de travaux publics sur le Plateau du Camp du Castellet pour créer un circuit, le plus en vue et le courtisé du monde de l’auto et de la moto de la fin du XXe siècle.

Les trois vies du circuit Paul Ricard

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Paul-Ricard, chef d’entreprise de génie et visionnaire.

La disparition de l’industriel à l’automne 1997 allait provoquer la vente du circuit Paul Ricard à une holding au printemps 1999 pour payer les droits de succession. C’était la fin de l’ère « CPR1 »  pendant laquelle le site s’était hissé au rang de temple mondial des sports mécaniques.

Suivait la décennie « CPR2 » : devenu HTTT (High Tech Test Track) piste d’essais haute technologie, sous l’impulsion de Philippe Gurdjian, le circuit Paul Ricard redevenait la référence en matière de sécurité.

Nous voici au cœur de l’ère « CPR3 » : depuis plusieurs saisons, le site a renoué avec son public, auto, moto, karting, camion, et notamment vélo…

Alors qu’au cours des 30 premières années d’existence du circuit Paul Ricard, François Chevalier avait forgé l’esprit et l’âme du lieu, c’est armé d’une même passion que Gérard Neveu lui succéda, avant que Stéphane Clair n’en prenne les commandes le 26 septembre 2011 et n’ait de cesse de travailler, entre autres, sur ce fameux dossier du Grand Prix de France F1.

Le vent porte les murmures des accélérations vers l’Île des Embiez

De tout temps, le vent a porté les murmures des accélérations, à 300km/h dans les 1800m de la grande ligne droite du Mistral, en direction de l’Île des Embiez – l’une des Îles Paul Ricard – et plus particulièrement vers la pointe du Coucoussa où, depuis 19 ans, repose Paul Ricard ; l’homme du peuple devenu bâtisseur qui posa dans la garrigue les premiers instants d’une histoire sans fin.

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Dans les tribunes et les paddocks, ils sont des milliers à avoir retrouvé le chemin des bonheurs partagés à l’époque des Grands Prix F1 et moto, des Bol d’Or ces extraordinaires 24 heures moto, des 200 Miles, des Grands Prix historiques, ou Camions… Le soir, en levant les yeux, on distingue la constellation des étoiles qui brillèrent sur l’asphalte du « Paul Ricard ». D’ailleurs, sur la piste de kart, il n’est pas rare de voir un minot coiffé d’un casque d’Ayrton Senna.

En attendant 2018 le 15e Grand Prix F1 varois

En attendant 2018 et le 15e Grand Prix F1 varois, au circuit Paul Ricard, 14 courses du championnat du monde de Formule Un se déroulèrent déjà sur le Plateau du Castellet à partir de 1971.

Le premier succès fut signé par l’écossais Jackie Stewart sur une Tyrrell-Ford, et les trois derniers furent l’œuvre d’Alain Prost, successivement au volant de McLaren-Honda puis d’une Ferrari en 1990 – quatre fois vainqueur et recordman des victoires en F1 en Provence -, où il passa du kart à la monoplace à l’Ecole de pilotage Renault-Elf-Winfield.

Des Grands Prix rangés dans l’armoire aux souvenirs. Mais la vie est un éternel recommencement. Et revoici un Rosberg sacré champion du monde F1 sur une Mercedes, Nico, 34 ans après son père Keke (Williams). Et revoilà le GP F1 de retour au Circuit Paul Ricard dont l’histoire continue de plus belle vers de nouveaux sommets.

De Stewart à Prost, les dix qui ont gagné en F1 au Paul Ricard

Vous avez la mémoire qui flanche ? Pas de problème, voici le palmarès de tous les vainqueurs d’un Grand Prix de France F1 sur le circuit Paul Ricard. Ils sont dix, de l’écossais Jackie Stewart à Alain Prost.

1971 : Jackie Stewart (Ecosse, Tyrrell-Ford); 1973 : Ronnie Peterson (Suède, Lotus-Ford) ; 1975 : Niki Lauda (Autriche, Ferrari) ; 1976 : James Hunt (Angleterre, McLaren-Ford) ; 1978 : Mario Andretti (USA, Lotus-Ford) ; 1980 : Alan Jones (Australie, Williams-Ford) ; 1982 : René Arnoux (France, Renault) ; 1983 : Alain Prost (France, Renault) 1/4 ; 1985 : Nelson Piquet (Brésil, Brabham-BMW) ; 1986 : Nigel Mansell (Angleterre, Williams-Honda) 1/2; 1987 : Nigel Mansell (Angleterre, Williams-Honda) 2/2; 1988 : Alain Prost (France, McLaren-Honda) 2/4 ; 1989 : Alain Prost (France, McLaren-Honda) 3/4 ; 1990 : Alain Prost (France, Ferrari) 4/4.

Les grandes dates de l’histoire du circuit Paul Ricard

– 1970 : 19 avril, inauguration officielle du Circuit Paul Ricard, en présence notamment de Paul-Ricard et du Professeur Joseph Comiti, Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé de la jeunesse, des sports et des loisirs.
– 1971-1990 : 14 Grands Prix de France F1.
– 1973-1999 : 13 Grands Prix de France de moto (125, 250, 350 et 500cm3).
– 1978-1999 : 22 Bols d’Or, et retour de ces 24 heures moto en 2015 sous le ciel provençal.
– 1999 : achat du site du circuit – rebaptisé Circuit Paul Ricard High Tech Test Track – et de l’aérodrome du Castellet par la société Excelis. Modernisation de la piste par Philippe Gurdjian, pour en faire le premier circuit au monde exclusivement dédié aux essais et à la communication.
– 2006 : homologation par la FIA (Fédération Internationale de l’Automobile) du nouveau tracé et des aménagements spécifiques du Circuit Paul Ricard. Principalement des « Run off » (zones de dégagement)  en lieu et place des bacs à graviers, un système d’arrosage à la demande du revêtement intégré à la piste, et un contrôle des tracés par un système sophistiqué de caméras capables de suivre indépendamment chaque véhicule en action.
– 2007 : nomination du Circuit Paul Ricard « Premier Centre d’Excellence » par l’Institut FIA pour la Sécurité en Sport Automobile.
– 2009 : réouverture du Circuit Paul Ricard au public lors de compétitions et de Journées clubs. Construction  de tribunes ; aménagement de zones publiques, et de parkings.
– 2010 : construction du Pit Building II dans le prolongement du Bâtiment Course. Célébration des 40 ans du Circuit Paul Ricard.
– 2014 : lancement de la stratégie de diversification du Circuit Paul Ricard avec, en particulier, la Reebok-Spartan Race, des Festivals de musique et les 24 Heures Vélo. Retour des championnats nationaux et internationaux, auto et moto, vitesse et endurance, ainsi que des championnats d’Europe et mondiaux GT, endurance, et du Grand Prix… Camions.
– 2015 : retour des 24 heures moto et du championnat du monde d’endurance avec le Bol d’Or. Ouverture d’un parc d’activités pour petits et grands, l’Xtrem Park.

Stéphane Clair : « Dès 2015 nous avons accueilli 70000 spectateurs »

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Stéphane Clair a toutes les raisons d’être heureux : après le retour du Bol d’Or, voici qu’avec Christian Estrosi il a mené à bien le dossier de renaissance du Grand Prix de France F1 au circuit Paul Ricard.

Stéphane Clair, Directeur général du Circuit Paul Ricard explique le cheminement du projet côté circuit : « Nous avons toujours été optimistes, parce que notre site est aux normes de la F1 actuelle. En candidat sérieux, nous avons parlé avec des experts du sport automobile sur les thèmes techniques et budgétaires, pour mettre fin à certaines idées préconçues à notre encontre, telles les prétendues difficultés d’accès ou d’accueil du public.
« Dès le Bol d’Or 2015, le plan de circulation mis en place s’est avéré efficace et nous a permis d’accueillir 70000 spectateurs. Bien évidemment, ce plan évoluera encore d’ici au Grand Prix de France F1 2018. »

Et de rappeler les atouts touristiques du circuit Paul Ricard au cœur de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la zone Toulon-Provence-Méditerranée : « Une capacité d’hébergement de 35 000 lits à moins de 50km, dont plus de 9500 en hôtels 4 et 5 étoiles, portée à 139 000 lits dans un rayon de 100km ; trois aéroports internationaux dont Marseille-Provence à moins de 45 minutes en voiture ; trois gares TGV à moins d’une heure de route et trois accès autoroutiers distincts, dont le plus proche à seulement 15 km. »

Les phénoménales retombées économiques de la F1

Parmi les critères qui ont motivé les collectivités locales autour du projet du retour du Grand Prix de France F1 au Circuit Paul Ricard, rappelons que figurent en bonne place de phénoménales retombées médiatiques et économiques qui s’inscrivent dans le temps.

Chaque Grand Prix bénéficie d’une exposition médiatique mondiale avec une retransmission télévisuelle d’au moins un millier d’heures à travers quelque 200 pays, pour une audience de plusieurs centaines de millions de téléspectateurs ; c’est également un formidable vecteur de développement économique, dont les retombées nettes ont été estimées à près de 50 millions d’euros.

A ce propos, Stéphane Clair ajoute : « Nous travaillons en concertation avec nos voisins du Parc d’Activités du Plateau de Signes où sont déjà implantées de très nombreuses entreprises et où vont être développés, non seulement un espace dédié à la mobilité ainsi qu’aux sports mécaniques, mais aussi des centres de formation technique, universitaire et professionnelle. »

Le retour des Formule Un sur le tracé de 5,8km

Au sujet du Grand Prix de France F1, Jean Todt, Président de la FIA (Fédération internationale de l’automobile) n’a jamais baissé les bras ou caché sa détermination. Bien avant que le dossier ne prenne définitivement forme il déclarait : « Je suis bien évidemment de près, ce dossier qui intéresse la FIA. Et je suis solidaire des actions menées pour trouver « la » solution afin de faire renaître le Grand Prix de France F1.« 

Précisons que le Circuit Paul Ricard de 5.832 mètres communément nommé « le 5,8 », est homologué Grade 1 par la FIA (Fédération internationale de l’automobile) et s’avère prêt à accueillir de nouveau le Grand Prix de France F1. Mais c’est le 3,8km qui avait été le théâtre des derniers GP auto.
Les paddocks, les stands, les aménagements du tracé de 5,8km – qui peut être ou pas, agrémenté d’une chicane – et plus de 21000 places de parking, sont aux standards de la FOM ( Formula One Management). Et la capacité d’accueil du public sera augmentée, tant du côté places assises en tribunes, que de l’enceinte et des pelouses.

La F1 et le circuit Paul Ricard : 4 juillet 1971 – 5 décembre 2016…

24, 25 et 26 mars 2016

Avant même l’annonce du retour du Grand Prix de France F1, le circuit Paul Ricard avait retrouvé son public. Pour preuve, cette photo d’une visite des stands « Pit walk » réalisée au printemps 2016.

La grande histoire de la F1 et du circuit Paul Ricard débute par un beau dimanche ensoleillé, le 4 juillet 1971 soit tout juste un an après sa création. L’avant-gardiste circuit accueille son premier Grand Prix que remporte l’Écossais Jackie Stewart (Tyrrell-Ford). Jusqu’en 1990, treize autres vont suivre sur ces terres de légende des sports mécaniques. Il est bon de s’en souvenir à l’heure où l’on se préoccupe toujours plus des nouvelles technologies et des modes de déplacements individuels que, dès la fin des années 60, Paul-Ricard avait créé ce lieu unique.

Quarante-six années ont bâti l’histoire d’un endroit exceptionnel que l’on visite de génération en génération. Et même s’il a toujours su évoluer avec son temps, ce lieu garde en lui l’âme et l’esprit originels que lui avait conféré son créateur. Chaque fois que l’on franchit les portes du circuit Paul Ricard on commence à vivre une journée peu ordinaire, où se croisent émotions, plaisirs et passions.

Des stands aux « S » de la Verrerie et à la ligne droite Mistral, de la courbe de Signes au Double Droite du Beausset, avec talent et humilité, des hommes et des femmes qui inspirent le respect ont fait rêver au fil du temps des centaines de milliers de spectateurs, et ils ont sans cesse repoussé un peu plus loin les limites de leurs exploits.
Quel passionné de sports mécaniques, qu’il soit pilote ou mécanicien, ingénieur ou spectateur, officiel ou journaliste, amateur ou professionnel, n’a pas un souvenir attaché à la vie du Circuit Paul Ricard ?
Avec le retour du Grand Prix de France F1 sous l’impulsion de Christian Estrosi et du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur , l’histoire va continuer, toujours plus belle…

Charles-Bernard ADREANI
Photos : Bernard ASSET, BIANCOTTO-RIENNE, Jean-François GALERON, Morgan MATHURIN, Raymond PAPANTI, Circuit Paul Ricard

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