Histoires insolites : en 1986, la Buick Riviera avait un écran tactile

Testé auprès du public, avant de le généraliser

Pendant ce temps, dans une installation de Delco Systems à Santa Barbara, en Californie, un tube cathodique sensible au toucher était en cours de développement. Ce dernier n’avait pas vocation à être utilisé dans l’automobile, mais Buick s’y intéressa. Début 1981, le système expérimental était prêt et présenté à GM, qui a approuvé le projet. Le président de General Motors, Roger B. Smith, était enthousiaste, estimant que c’était le genre de technologie dont GM avait besoin. AC Spark Plug et Delco Electronics ont développé le matériel, tandis que Delco Systems Operation s’est occupé du logiciel. En 1983, les spécifications du système sont enfin définies.

C’est donc en 1984 que Buick décide d’intégrer cet écran tactile dans une centaine de Riviera pour le faire tester aux clients. Ces Riviera ainsi équipées ont été distribuées auprès des concessionnaires stratégiques de Buick à travers le pays. Ils étaient ensuite en charge de recueillir les réactions des clients. Puis, une équipe spécialisée dans les systèmes électroniques était en charge de répertorier les problèmes électriques qui pouvaient survenir.

Une vraie révolution pour l’époque…

Surnommé le Graphic Control Center, le GCC était un écran CRT de 9 pouces. C’était à peu près similaire aux écrans que l’on trouvait dans les guichets automatiques bancaires. Un CRT prend quelques secondes pour se réchauffer avant que l’affichage ne s’allume. Ainsi, les ingénieurs ont activé le circuit du GCC lorsque la poignée de porte du conducteur est touchée. Une fois que la porte est ouverte puis fermée, l’affichage s’allume, révélant le logo de la Riviera. Si l’écran n’est pas touché dans les 30 secondes, il s’éteint. Si le contact est mis, l’affichage passe à sa page d’accueil, qui gère 90 % des besoins du conducteur.

Le système contrôle ainsi cinq domaines via cinq commandes tactiles externes à l’affichage. La climatisation automatique, la radio avec égaliseur graphique en option, les calculs de trajet, les jauges et les informations de diagnostic du véhicule sont donc accessibles. Touchez n’importe quelle section et les menus offrent d’autres options. Par exemple, depuis la page diagnostics, l’état du moteur, du système électrique, des freins et d’autres données du véhicule s’affichent. Avec son écran noir et son affichage vert, le GCC semble maintenant être une relique. Mais c’était bien une révolution pour l’époque. Les dirigeants de Buick ont adoré la nouvelle fonctionnalité, notamment Cary Wilson, qui a étudié l’idée pour la première fois en 1980.

« Pour le moment, je pense que le système est assez cher pour n’être probablement applicable qu’aux voitures haut de gamme », avait-il déclaré à l’époque. « Mais j’aimerais voir ce système finir par être intégré aux voitures moins chères. » Visionnaire ? Sans aucun doute. Buick l’a installé également dans la Reatta de 1988-89. Une version modifiée, le Visual Information Center, a été utilisée dans la Toronado de 1989-92 avant que GM abandonne le système.

Avant l’heure, ce n’est pas l’heure

Comme toujours dans l’histoire de l’industrie automobile, il ne fait pas bon être trop en avance sur son temps. Une excellente idée qui était clairement en avance sur la concurrence. Il faudra une autre décennie avant qu’un constructeur automobile ne se rapproche de ce que Buick a lancé en 1986. « Je crois que ce système fait de Buick un leader mondial », a déclaré Wilson en 1986. « Une nouvelle génération de systèmes électriques automobiles est à portée de main, et Buick a mis en place le décor. » C’est seulement quelques années plus tard que l’on comprendra que Buick avait vu tout juste avant tout le monde.

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