La chronique de Jordan : la sécurité dans le sport automobile

Vous trouvez que l’on parle trop de sécurité routière ? Trop de radars, de contrôles de police ? Le seul moyen d’y échapper est de se réfugier sur un circuit. Sauf que, là aussi, la sécurité est un thème récurrent et de grosses améliorations ont eu lieu durant ces dernières décennies. Retour sur quelques-unes d’entre elles.

 

 Carbone, HANS…

La plus marquante et sûrement la plus efficace a été l’interdiction formelle d’avoir la possibilité que les jambes du pilote se trouve devant l’axe des roues avant. Si vous regardez les F1 des années 60, il n’est pas rare d’avoir l’impression que les pieds du pilote sont tout proches du museau de la voiture. Bien entendu, en cas de choc frontal, l’énergie est alors absorbée par… les jambes, d’où l’interdiction après une série d’accidents graves.

Dans le même temps, les châssis ont, eux aussi, évolué et la principale innovation a été le passage à la monocoque carbone dès 1981 chez McLaren. Hé oui, ça fait déjà 30 ans que la formule 1 a adopté ce procédé, révolutionnaire à l’époque et courant aujourd’hui. La structure n’en est que plus résistante et les crashs tests que les monoplaces doivent subir avant le début de chaque saison sont de plus en plus rigoureux.

Mais améliorer la sécurité de la voiture ne suffit pas pour diminuer le nombre de morts et de blessés sur les circuits. Il faut également que le pilote soit mieux protégé. Pour cela, le système HANS (pour Head And Neck Support, comprenez support pour la tête et le cou) est aujourd’hui obligatoire dans presque tous les championnats. Ce système se fixe au casque grâce à des sangles (et des attaches spéciales sur le casque) et repose sur les épaules du pilote, qui passe la sangle des harnais par-dessus. Il est conçu pour empêcher les mouvements de tête (et surtout de coup du lapin) en cas de choc. Tout d’abord introduit en F1 sur idée du triple champion du monde Jackie Stewart, il est très largement répandu aujourd’hui et a déjà permis de sauver plus d’une blessure grave.

Depuis peu, les casques carbone ont vu le jour et deviennent obligatoire dans de plus en plus de championnats. La résistance par rapport à un casque ordinaire et fibre n’est que légèrement accrue et le poids en légère baisse. En revanche, plus de « péremption », le casque étant homologué pour toute sa durée de vie puisque la fibre ne subit pas le vieillissement.

Les circuits

Protéger le pilote qui se trouve dans une voiture plus sûre, c’est bien. Mais est-ce suffisant pour éviter les drames ? La réponse est non, un autre élément jouant un rôle fondamental dans la sécurité : le circuit ! Pas question de faire des circuits qu’avec des virages lents inintéressants au possible pour éviter tout gros choc, non non. Mais simplement permettre l’erreur du pilote plutôt que le punir par un séjour à l’hôpital à chaque fois.

Pour cela, il y a plusieurs moyens de procéder :

– Changer le circuit. L’exemple le plus frappant est Spa avec un Raidillon qui a perdu plusieurs mètres depuis quelques décennies pour limiter les risques. On pourra aussi penser à d’autres circuits dont quelques bosses ont été supprimées et quelques virages ressurfacés avec un tarmac offrant plus de grip.

– Offrir plus de dégagements. Plutôt que de mettre un rail à 1m de la piste à l’extérieur d’un virage rapide, il vaut mieux mettre 10 mètres de tarmac, un peu de graviers à l’extérieur et des pneus contre le rail. Ca évite des rencontres imprévues en cas d’erreur.

– Changer les échappatoires déjà existantes. Par exemple, aujourd’hui, tous les bacs à graviers sont en montée pour mieux ralentir la voiture avant qu’elle ne touche le mur. Ils sont également damés pour éviter qu’une voiture qui part en tête à queue ne se prenne les roues dans un trou et ne parte en tonneaux.

– Innover. Comme cela a été fait au circuit Paul Ricard, copié depuis par Abu Dhabi et Le Mans, avec des bandes abrasives qui permettent de ralentir voir stopper les voitures avant même qu’elles ne touchent le mur. Même si les pneus ne résisteront pas à ce traitement, mieux vaut eux que votre bolide !

Malgré tout, le sport automobile reste dangereux comme en témoigne l’année 2011 avec les morts de plusieurs pilotes. Signe des efforts faits en F1, le dernier pilote mort est Ayrton Senna, il y a plus de 17 ans et qui aurait eu 52 ans le 21 de ce mois.

Pour les adeptes des sorties circuit et les pilotes qui ont lu cet article, n’oubliez pas que le sport auto est et sera toujours dangereux, donc faites attention et gardez le toujours dans un coin de votre tête.

 Retrouvez le blog de Jordan Tresson ici.