
Normes GSR2 : c’est pour votre bien !
A compter du 7 juillet prochain toutes les voitures neuves devront être équipées de plusieurs équipements de sécurité rendus obligatoires par les normes GSR2. Décidées par l’Europe, ces fonctionnalités ne sont pas toujours nouvelles. D’autres viendront s’ajouter en 2026, générant un inévitable surcoût pour les voitures neuves.
Didier Laurent
La sécurité a un prix qui a tendance à augmenter. Et les normes GSR2 (General Safety Regulation) sont là pour nous le rappeler. Car si l’Europe oblige les constructeurs automobiles à mieux équiper leurs voitures, c’est le client final qui doit fournir un effort financier. On ne peut pas reprocher à quiconque de vouloir mieux protéger les piétons en cas de choc, ou d’aider les conducteurs sur la route. Mais parfois ces décisions sont lourdes de sens, et certaines marques arrêtent des modèles. C’est le cas des Renault Zoe et Twingo, ou encore du Porsche Macan. Chez Alpine, on va réduire la production de l’A110 à moins de 1 500 exemplaires, les normes GSR2 échappant aux petites séries. Mais ces nouvelles règles ont un autre impact…
Des normes qui influent aussi sur le style et le prix
Chez Dacia, David Durand, le directeur du style, souligne volontiers que le dessin plus « SUV » du nouveau Duster a été en partie guidé par ces nouvelles règles. Et pour ceux qui se demandent pourquoi il est vendu près de 8 000 € plus cher que celui sorti en 2018, vous avez ici une partie de la réponse. Mais la sécurité est une démarche de longue haleine, à la technologie itérative. Au fil du temps, on a vu se généraliser sous le coup de la loi des équipements utiles. On retiendra l’ABS (2003), le système de surveillance de pression des pneus (2012), le témoin du port de la ceinture de sécurité ou le contrôle de trajectoire ESP (2014). On a aussi introduit des fonctionnalités qui touchent moins de monde. Chacun jugera par exemple de l’utilité de l’indicateur de changement de rapport… Il y aussi les fixations Isofix à l’arrière ou l’étiquette informative sur les dangers de l’installation d’un siège bébé dos à la route. Nous ne sommes pas tous concernés, mais il était important de normaliser ces équipements.


Aujourd’hui, avec les normes GSR2 on se prépare à une nouvelle salve de mesures, dont les principales sont listées ci-après. Nous évoquons également les règles qui entreront en vigueur un peu plus tard, généralement en 2026 :
Freinage d’urgence autonome (2024 et 2026)
Dans les faits, il est déjà présent sur de nombreuses voitures. En outre, cet équipement a la vertu de modérer les primes d’assurance sur les citadines. En effet, sa présence permet d’éviter toute collision en-dessous de 30 km/h. La fonctionnalité « reconnaissance des piétons et des cyclistes » ne sera en revanche obligatoire qu’à partir de juillet 2026.
Détection des obstacles en marche arrière (2024)
Voilà une excellente décision. Qui n’a jamais été surpris de voir arriver à bonne allure un autre véhicule (ou un cycliste) lors d’une manœuvre de dégagement depuis une place de stationnement ? L’alerte est d’abord sonore, puis le système immobilise le véhicule.
L’avertisseur de somnolence (2024 et 2026)
Qui prend au sérieux l’allumage d’une petite tasse de café au tableau de bord ? Ce système, qui donne des points au crash-test EuroNcap, a aussi l’objectif de détecter tout manque d’attention prolongée. Ce qui peut être un bon indicateur sur l’hypovigilance qui nous guette sur les longs trajets. Le système se base sur nos mouvements de tête pour comprendre ce qui se passe, et nous alerter. Certains modèles ont des caméras et des capteurs pour affiner l’analyse. Cela permettra, à compter de juillet 2026, de lancer des sons d’alerte en cas de suspicion de somnolence.
La boîte noire (2024)
Contrairement aux avions, il ne s’agit pas d’enregistrer la conversation du pilote et des occupants de l’habitacle… Mais plutôt de conserver des données à titre informatif et anonyme (vis-à-vis de la police et des assurances). Ce boîtier pourrait alors aider à comprendre certains accidents.
Le système d’adaptation intelligent de la vitesse (2024)
Beaucoup de voitures disposent déjà de caméras qui lisent les panneaux, avec un signal qui s’affiche au tableau de bord (soit une alerte sonore, soit l’affichage clignote, par exemple) en cas de dépassement. Régulateur de vitesse activé, la voiture se calera seule sur la vitesse autorisée. Ce qui n’empêche pas de contrôler que le système a bien lu le panneau…
Aide au maintien dans la voie (2024)
Il s’agit là de la fonctionnalité que l’on cherche généralement à déconnecter quand on prend le volant, car les micro-corrections apportées sur la direction ont tendance à nous agacer. Mais cette fonctionnalité peut aussi aider dans un moment d’égarement… à condition de l’avoir laisser actif.
Crash test et protection piéton (2024 et 2026)
Cela ne nous concerne pas directement, mais les nouvelles normes imposées en matière de crash-test frontal, latéral ou arrière, tout comme la protection de la tête d’un piéton en cas de choc, conduit les constructeurs à mener diverses actions dans le cadre du développement de leurs nouveaux modèles. Dans ce dernier cas, il s’agit d’une obligation qui entrera en vigueur en 2026
Connectivité
La protection des données est capitale, et afin d’éviter une « cyber attack » les constructeurs sont sommés de faire des voitures plus « blindées » d’un point de vue électronique. Pas sûr que cela limite les vols, mais c’est un bon point pour la sécurité lorsque la voiture roule.
Conclusion
D’un côté, l’inexorable progrès de la sécurité pour tous, avec des aides souvent intelligentes mais diversement efficaces en fonction de la gamme du modèle. D’un autre, l’augmentation du prix de nos voitures, et pas seulement à cause de l’évolution des motorisations vers l’électrique. La sécurité, c’est aussi des capteurs, des boîtiers électroniques et des caméras qu’il faut bien payer. Au regard du nombre de morts sur nos routes vis à vis du nombre de kilomètres parcourus chaque année par les automobilistes en France, on peut dire qu’une marge de progression existe toujours. Mais aussi que l’industrie automobile, contrainte ou non, s’est bien occupée de notre sécurité.