Passion – Avec les ouvreurs Mitsubishi !

redif 01/04/2010

Dans les années 90, j’étais un heureux spectateur du Rallye de Monte Carlo. Celui des Delecour et Auriol, des Ford Sierra Cosworth, des Toyota Celica et des Lancia Delta et surtout des nuits magiques du Turini que l’on passe avec des copains, enfermés dans la spéciale de Lucéram, avec un feu de bois et quelques chipolatas bien grillées  accompagnées d’un pain de campagne croustillant à souhait. Puis les années passent, les études vous éloignent de « votre » rallye mais il reste dans votre esprit, avec la promesse qu’un jour, vous y retournerez. Vous le suivez sur RMC ou eurosport… En un jour, cela arrive. Une rencontre avec un pilote (R. Frau), avec un partenaire (Mitsubishi Motors France) et la création d’un site dédié à l’automobile sportive (sport-cars.fr) Tout est réuni pour non pas être spectateur, mais acteur du « Monte » ! J’allais enfin voir ce que « faire le Monte » voulait dire…

Rallye monte carlo 2010 ouvreurs 14Passager des ouvreurs

Vous avez sans doute reconnu la Mitsubishi Lancer Evolution X essayée ici. Cette fidèle monture, je l’ai laissée à Richard Frau et Serge Legars pour leurs reconnaissances. Puis elle a été allouée à Gérard (le frère de Richard) et Louis pour faire le travail « d’ouvreurs« . Gérard est un pilote de rallye qui a longtemps couru… Louis est un co-pilote au palmarès élogieux et c’est à l’arrière de la Mitsubishi Lancer Evolution X que je me suis retrouvé pour faire, en leur compagnie, les ES1 (Burzet – Lachamp Raphael) et ES2 (St Pierreville – Entraigues) puis les ES13 (Lantosque – Luceram) et ES14 (Peira Cava – la Bollène Vésubie). Des noms qui sonnent à l’oreille de tous les passionnés.

Un rôle primordial

En quoi consiste le travail d’ouvreur ? Et bien il s’agit, à l’aide des notes du co-pilote, de passer environ quatre heures avant dans la spéciale, pour vérifier une dernière fois les indications notées lors des reconnaissance, les modifier le cas échéant, signaler tout changement ou danger sur la route et aider au choix si crucial des pneus qui seront utilisés dans lors du passage en course.

C’est donc une belle et grande responsabilité  ! Et à ce petit jeu, l’expérience de mes deux hôtes joue un grand rôle.

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Louis (copilote) et Gérard (pilote)

Nightlife Pictures

Un sac de sable heureux

Rapidement, mes deux compères me donnent le tempo : levé 5 h 30 pour un départ à 6 h 30 de l’hôtel. « Pardon, mais j’ai un mot du docteur, je suis allergique à ces heures de réveil » tentais-je d’argumenter… Mais cela n’eut pas tellement d’impact et j’ai découvert avec stupéfaction que ces heures dont j’avais vaguement entendu parlé existaient vraiment ! Et c’est même avec un peu d’avance que nous nous mettons en chemin. Louis guide Gérard à l’aide du road-book remis par les organisateurs du rallye. Ce document est impressionnant. Tout y est minutieusement détaillé et Louis y coche chaque point de passage afin que, s’il se trompe, il puisse savoir quel est le dernier point de passage. D’ailleurs, une route barrée imprévue nous amènera à faire preuve d’adaptation. Et ici, pas de GPS !

Nous arrivons au départ de la spéciale et quelle ne fut pas mon étonnement de voir, plus de quatre heures avant le passage des voitures, des spectateurs se mettre en place, dans le froid (bien en dessous de zéro !) et la neige. Il y a même des camping car stationnés depuis la veille ! La pelle est l’outil indispensable pour creuser dans la neige un emplacement pour garer la voiture. Quel courage et quelle passion !! Bravo à vous tous !

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« Allez, on y est, vas-y » lance Louis à son pilote. « Droite 100 se referme, gauche 90 ouvre, 150 frein parap (pour parapet)…  » Les notes tombent sur un rythme calme (nous ne sommes pas en course) et le rythme adopté est soutenu mais toujours à la mesure des lieux (pour la sécurité de tous !) et de notre monture qui doit faire tout le rallye ! Gérard ralentira plusieurs fois et s’arrêtera aussi pour indiquer une correction de note. « Note : neige corde, piège » ou encore « Note : sale, prudence« . Tout est vérifié soigneusement. Il y a va de la sécurité et de la performance de Richard Frau et Serge Legars.

Je n’avais pas imaginé à quel point un rallye est une course d’équipe. Le sentiment d’appartenance au team me gagne peut à peu. Et je me prends au jeu, faisant moi aussi attention aux notes et posant mon regard vers l’avant, imaginant que j’ai le volant.

Une fois ces deux premières spéciales finies, nous arrivons au regroupement qui autorise l’assistance pneumatique à Vals les Bains. Et tout de suite, la discussion s’installe pour savoir quels pneus choisir et les deux co-pilotes (Louis et Serge) s’échangent les notes et les rectifications à y apporter. En fonction de la température, du revêtement (asphalte, neige ou gravier), de sa répartition sur la longueur de la spéciale, les choix s’opèrent. Un petit jeu d’espionnage (autorisé !!) réalisé grâce à un simple coup d’œil sur les autres concurrents peut conforter dans le choix. Mais il ne faut pas y penser et se laisser guider par son propre instinct et ses ouvreurs !

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as Nightclubs

A la fin des deux premières spéciales, je laisse Gérard et Louis poursuivre sans moi et il est convenu de les retrouver vendredi, si tout se passe bien pour Richard et Serge, pour les accompagner dans les ES13 (Lantosque – Luceram) et ES14 (Peira Cava – la Bollène Vésubie).

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Nuit magique

Nous voici au point de rendez-vous pour un sandwich très très vite avalé sur l’aileron de la Mitsubishi Evolution X dont nous avons enfin trouvé la raison d’être. Et nous repartons rapidement vers l’ES 13. La route est « propre » mais quand Richard et Serge passeront, une première fois vers 19 h 45 puis une seconde vers minuit, le froid risque de changer la donne. Le pire, c’est d’avoir une route sèche en surface, mais qui reste humide en dessous car si l’humidité remonte, couplée au froid, elle devient très glissante…

Le passage du Col du Turini est un moment particulier… Les spectateurs sont déjà en place ! On sent la ferveur qui monte au fur et à mesure que le temps passe et nous rapproche du passage des premiers…

Nous enchainons avec l’ES14 et passons à un endroit que je connais. Il s’agit d’une épingle très bien placée où on peut garer la voiture, faire un feu de camp en toute sécurité et profiter du passage des concurrents avec une vue à 360°. Je le sais car c’est là que je me trouvais un soir pour voir passer le Rallye Jean Behra. J’ai donc bouclé une partie de ma passion… Etre spectateur et acteur d’un rallye. Il ne me manque plus qu’à en être pilote ou co-pilote… (si quelqu’un lit ce passage… )

Nous redescendons ensuite vers Monaco pour rejoindre l’assistance et faire à nouveau un briefing pour le choix des pneus. Il y a tant à gagner et à perdre dans cette si belle mais aussi parfois si cruelle « nuit du Turini« .

Gérard et Louis sont fatigués. Ils ont passé 4 jours dans la voiture, parcouru plus de 3 500 kilomètres de routes de montagne, mangé sur le pouce, couru après le sommeil, accepté la pression de la course, géré les tensions inévitables qu’engendre une compétition… Je leur tire mon chapeau.

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