WEC: Pierre Fillon et Gérard Neveu voient grand

Pierre Fillon, le président de l’ACO, et Gérard Neveu, le directeur général du championnat du monde d’Endurance (WEC), ont mené de main de maître l’organisation du prologue du championnat FIA WEC, qui s’est déroulé le week-end dernier sur le circuit Paul Ricard.

Des voitures spectaculaires de part leur design, mais aussi leur technologie et leurs performances, des pilotes disponibles et courtois, 10 000 visiteurs invités (l’entrée était gratuite et ouverte à tous pour peu que chacun se soit inscrit sur internet), le soleil, un accès au paddock et même à la pitlane (la ligne droite des stands) pendant que le DJ « The Avener » mettait l’ambiance : voilà comment on pourrait résumer en quelques mots cette manifestation « bon esprit », au gré d’une communication bien pensée et généreuse, comme on en fait plus ou pas assez en sport automobile.

Conscients que pour connaître la croissance il faut investir, Pierre Fillon et Gérard Neveu savent faire les choses bien et en grand. Rendre accessible la course au grand public, le laisser approcher de si près les voitures et les pilotes d’un championnat du monde FIA aussi prestigieux est assurément ce qui manque à la Formule 1 ou à la nouvelle Formula E, qui feraient bien d’en prendre de la graine.

« Nous voulons faire de ce championnat l’un des plus puissants » Gérard Neveu

« Nous voulons faire de ce championnat l’un des plus puissants, précise Gérard Neveu, avec en point d’orgue, évidemment les 24 H du Mans. Nous avons cette année plus de 220 journalistes accrédités au prologue, c’est le double de l’année dernière ! C’est la preuve de l’intérêt grandissant que l’on nous porte. Par ailleurs, la « qualité » des gens que nous croisons dans le paddock est complètement incroyable. »

Pourtant, il y avait un grand absent à ce prologue : Nissan, qui a tant fanfaronné depuis de nombreux mois, et qui n’a pu aligner la moindre voiture au prologue, pas plus qu’il ne le fera à l’occasion des deux premières manches du championnat, à Silverstone (UK) et à Spa (Belgique), en avril et mai prochain. Le constructeur japonais n’aurait-il fait que de la communication autour du WEC et des 24 H du Mans ?

«Nissan a très vite compris l’impact médiatique des 24 H du Mans, commente Pierre Fillon, président de l’Automobile Club de Ouest, organisateur de la course mancelle, mais nous espérons qu’ils seront là au Mans et pour le reste de la saison, comme ils l’ont déclaré récemment. Ils ont fait des choix techniques audacieux en termes d’aérodynamisme, de moteur et de système hybride, et tout cela est difficile à mettre en place. La FIA comme le WEC leur rend très souvent visite pour savoir où ils en sont, mais nous leur faisons confiance, ils ont assez de pression comme cela. C’est vrai que Toyota avait été plus discret à ses débuts, maintenant il faut attendre…»

Si une incertitude semble encore peser sur la présence de Nissan en Endurance cette année, le constructeur exposera tout de même une voiture en statique lors de la première course, le 12 avril, sur le circuit britannique de Silverstone.

Interrogés sur la teneur du nouveau règlement technique, qui parle beaucoup d’hybridation et qui a pu, entre autres, poser des problèmes à Nissan, Fillon et Neveu se disent confiants sur la capacité d’adaptation des équipes, et surtout séduits par le niveau de technologie qui en découle.

« préserver les finances des teams privés, et assurer un futur sportif intéressant » Pierre Fillon

«Tout changement peut faire peur, indique Pierre Fillon, mais la transition énergétique passe obligatoirement par l’hybridation et tous les constructeurs travaillent dans cette voie. Les équipementiers aussi : Michelin, par exemple, a très bien su s’adapter ; de son côté, Audi a œuvré avec ses fournisseurs et change de catégorie d’hybride, comptant ainsi réduire la consommation de ses voitures de 25 %. C’est tout le championnat qui est gagnant : en LMP2 aussi, nous avons un plateau d’un meilleur niveau que l’année dernière, avec des très belles écuries et des voitures de haute technologie. Nous avons tous travaillé ensemble et dans le même sens pour à la fois préserver les finances des teams privés, et assurer un futur sportif intéressant. Il n’y a eu aucune décision unilatérale d’un organisme ou d’un autre. »

Préserver les finances des teams privés, mais aussi des autres concurrents correspond aussi à une maîtrise du calendrier et du nombre de manches. «Il nous faut trouver un équilibre entre le nombre de manches et la qualité de la grille, précise Gérard Neveu. Et il faut tout considérer, y compris la longueur des courses. Il nous a souvent été demandé pourquoi nous ne clôturions pas la saison sur une course de 12 heures ou n’inversions pas le calendrier pour terminer aux 24 H du Mans, où les points comptent double. Ce sont des pistes que nous avons bien évidemment explorées, et si finir sur une course plus longue, qui serait donc autre que celle des 24 H du Mans, ne se justifie pas, définir un calendrier qui ferait qu’on terminerait la saison au Mans est une chose que Pierre Fillon et ses équipes étudient avec beaucoup d’intérêt. Quand au nombre de manches, après trois ans d’’activité nous sommes passés de 7 à 8 manches, et nous pensons qu’il ne faut pas aller trop au-delà. Cela ne vaut pas dire que nous ne monterons par à 9 ou 10, mais ce serait alors une configuration maximum. »

Le championnat du monde d’Endurance débutera le 12 avril sur le circuit de Silverstone (UK). Et ce qui est sûr, au regard de la qualité de l’organisation aperçue au prologue, c’est que le FIA WEC est de loin le championnat qui profite de la meilleure approche de la course et de ce qu’elle doit représenter auprès des fans, mais aussi un solide soutien aux écuries et aux équipes travaillant sur les événements, grâce à un bon dimensionnement des infrastructures.

Texte Didier Laurent

Photos Raymond Papanti

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