12 Heures de Sebring : en immersion avec Michelin

Les camions Michelin Motorsport pour l'Amérique du Nord

La plus ancienne de course d’Endurance en Amérique du Nord donnera le départ de sa 72ème édition demain, samedi 16 mars. A bord des 58 voitures engagées, on trouve 10 pilotes Français, et à leurs roues le manufacturier tricolore Michelin. Bibendum nous a invité à découvrir ses installations, dans les coulisses de la course.

Didier LAURENT

Cocorico : depuis 2018 toutes les voitures du championnat d’Endurance Nord-Américain IMSA roulent avec des pneus Michelin. En additionnant toutes les catégories, cela représente jusqu’à 160 voitures par week-end de course. L’IMSA est le premier programme de Michelin Motorsport.

Rien que pour les 24 Heures de Daytona, en ouverture de saison, Michelin a « vendu » 16 000 pneus entre les journées d’essai et les différentes courses. A tire de comparaison, c’est deux fois plus qu’aux 24 Heures du Mans. Il y a par ailleurs des liens étroits entre l’IMSA et l’ACO, qui organise le WEC. Les deux championnats répondent au même règlement technique, et c’est donc les mêmes voitures que l’on retrouve des deux côtés de l’Atlantique. A une différence près : le WEC a supprimé les LMP2 (sauf au Mans), et sa catégorie GT3 est équipée par Goodyear (18 voitures). 

Michelin s’appuie sur Jackson Motorsport

Cette configuration internationale représente une bonne aubaine pour Michelin. Tous les pneus destinés à l’Endurance sont fabriqués en France, dans l’usine de Cataroux, à Clermont-Ferrand. En plus du business, cette situation donne du travail à des équipes qui travaillent parfois en 3×8. Il s’agit d’alimenter les deux championnats, mais aussi d’autres séries.

A Sebring, le nombre de pneus utilisés est moins élevé. Michelin y a amené environ 8 000 enveloppes. Cela s’explique en partie par le fait qu’à Daytona les concurrents de l’IMSA avaient le choix entre deux crans de gomme, alors que seul le pneu Medium est disponible pour les 12 Heures de Sebring. Entre mercredi et samedi, chacun des 11 prototypes de la catégorie GTP (qui correspond à l’Hypercar en WEC) a le droit d’utiliser 16 trains de pneus, dont 11 pour les qualifications et la course.

De leur côté, les 13 voitures engagées en LMP2 ont droit à 18 trains pour l’ensemble de la semaine. En GTD Pro et en GTD, chaque voiture peut utiliser 15 trains de pneus pour la totalité de la manifestation. Sans compter les courses support, on arrive donc à 3 680 pneus rien que pour la course du samedi. Ce volume important mobilise les services d’environ 80 personnes, et notamment de nombreux monteurs.

Michelin étale ses talents en bord de piste

Si les pneus arrivent par bateaux aux Etats-Unis depuis la France, il faut bien sûr les acheminer au circuit. Puis les monter sur des jantes au fur-et-à-mesure que chaque écurie les apportent au workshop. A noter que la monte des pneus est un véritable show. Les horaires de montage sont indiqués à l’extérieur, afin que le public puisse revenir pour voir les hommes de Bidendum en action.  

En revanche, si tous les personnels sont habillés en jaune et bleu, les techniciens sont pour la plupart employés par Jackson Motorsport, un spécialiste du secteur de la course qui opère pour le compte de Michelin. Cela évite au manufacturier de devoir déplacer ses troupes de l’autre côté de l’Atlantique.

Parmi les équipes Michelin sur place, on trouve de nombreux métiers. Il y a bien sûr les membres de direction, dont les bureaux se trouvent dans les camions, aménagés pour l’occasion avec tout le confort et le matériel nécessaire. Mais il y a aussi les ingénieurs « datas », qui recueillent et traitent les données relevées sur les pneus des voitures en piste, puis les équipes commerce et marketing, qui rappellent que le sport automobile est avant tout un divertissement pour le public, et un business pour ses acteurs.

Plus proche des équipes, on trouve enfin les Conseillers Techniques d’Ecurie. Il s’agit de spécialistes de la course qui viennent épauler les compétiteurs sur la stratégie pneumatique à adopter en course. Car même si les pilotes ne disposent que d’une seule gomme, les paramètres de température, de pression et de gestion de dotation peuvent permettre d’économiser un temps précieux en piste.

Une envie commune : la victoire

Derrière cette fourmilière, on sent néanmoins une envie partagée : celle de gagner. Dans le cas de l’IMSA, on pourrait considérer que c’est facile, puisque Michelin est seul. Mais les enjeux vont bien au-delà de la victoire, entre les relations à entretenir avec les partenaires, apporter le bon service au bon moment, et se montrer impartial vis-à-vis de tous en offrant la même qualité de pneumatique et de conseil à chacun. La construction d’un pneu d’Endurance prend une heure, dont plus de 30 minutes consacrées à diverses manipulations opérées manuellement. Une histoire d’hommes qui commence à Clermont-Ferrand, et qui trouve sa continuité sur les circuits du monde entier.