Doublé Toyota à Sebring 2023

La Toyota GR010 HYBRID n°7 s’est imposée lors des 1000 Miles de Sebring 2023, manche d’ouverture du Championnat du Monde d’Endurance. Elle devance sa voiture soeur, la n°8, et la Ferrari 499P n°50 qui avait réalisé la pole position.

Sous le soleil floridien des 1000 Miles de Sebring 2023, l’équipage composé de Mike Conway, Kamui Kobayashi et José Maria López est sorti victorieux de son duel au long cours avec l’autre Toyota. Mike Conway, particulièrement ému en conférence de presse, a dédié cette victoire à son papa, disparu un an plus tôt presque jour pour jour. La n°8 était quant à elle confiée à Brendon Hartley, Sébastien Buemi et Ryo Hirakawa. Les deux GR010 se sont plusieurs fois échangés la place de leader au fil des arrêts aux stands. Néanmoins, la n°8 n’a pas tenu le rythme imposé par la voiture de tête, et s’est inclinée pour seulement un peu plus de deux secondes. En d’autres termes, on pourrait dire que les deux Toyota ont complètement écrasé la concurrence, qui s’est variablement défendu selon les marques.

Ferrari dans de bonnes dispositions à Sebring 2023

Hormis les intouchables Toyota, la performance du week-end est a attribué à Ferrari. Le constructeur italien ne met qu’une voiture sur deux dans les points, mais il a réalisé la pole position et termine sur le podium. Leader au volant de la 499P n°50, le poleman Antonio Fuoco, tout comme Alessandro Pier Guidi dans la voiture sœur n°51, sont malheureusement repassés par les stands à plusieurs reprises afin de régler des petits problèmes techniques. Mais la n°51 a finalement perdu trop de temps au stand, et la n°50 a été sanctionnée d’un drive-through puis de cinq secondes de pénalité, respectivement pour dépassement sous régime de Voiture de sécurité et infraction au régime de Full Course Yellow. Elle a toutefois montré un rythme impressionnant alors que c’était sa toute première course dans le championnat. « Nous avons du potentiel, la voiture est rapide, mais devons encore progresser sur certains points, indique Antonello Coletta, le directeur des activités sportives de Ferrari. « En course nous étions réguliers, mais nous dégradons les pneus plus vite que Toyota. Nous devons travailler ce point, car cela vient de nos réglages. Nous sommes confiants pour la suite, après l’incertitude qui était la nôtre jusqu’à cette première course. »

La Ferrari n°50 a réalisé la pole position et termine troisième de la course, dernières les deux Toyota. © DR

Cadillac dans son jardin à Sebring 2023

Les Ferrari 499P et la Cadillac V-Series.R se sont offert de belles passes d’armes. La Cadillac n°2, au pied du podium, a néanmoins confirmé de bonnes dispositions. L’écurie américaine avait déjà roulé en course à Daytona fin janvier, et ce n’était pas vraiment sa première course. Mais c’est surtout le nombre d’essais menés à Sebring avec Earl Bamber, Alex Lynn et Richard Westbrook qui a compté. Aussi, avec une connaissance inégalée de chacune des plaques de béton et de bandes d’asphalte du Sebring Speedway, Cadillac roulait un « à la maison ». Malheureusement un peu en-dessous en rythme lors de la course après avoir montré mieux lors du prologue, l’écurie d’usine a fait preuve de fiabilité. La course de Portimão, dans un mois, permettra-t-elle au team américain d’être plus offensif ? Affaire à suivre.

Porsche en manque de vitesse à Sebring 2023

Engagés également dans le championnat IMSA, les Porsche 963 bénéficiaient elles aussi d’une petite expérience en course après les 24 Heures de Daytona. « C’est vrai que nous avons des voitures qui roulent aux USA depuis quelques mois. Mais les 963 engagées en IMSA n’ont pas tout à fait le même package aéro que celles du WEC  » souligne Frédéric Makowiecki, pilote d’usine de la Porsche 963 n°5, arrivée 5ème. « Toutefois, pour challenger Toyota il nous en manque encore un peu. Nous savons que nous avons un gros potentiel, que nous ne manquerons pas d’utiliser au cours des prochains mois.

Les voitures et les pneus

De toute évidence, toutes les Hypercar n’ont pas usé leurs pneumatiques de la même manière. Pourtant, elles sont toutes équipées de la nouvelle gamme Endurance de Michelin. Dès lors qu’est ce qui peut faire qu’une Porsche use plus vite ses pneus qu’une Toyota ? Ou qu’une Ferrari lime plus rapidement ses gommes qu’une Cadillac ? Les réglages des trains roulants en fonction des caractéristiques techniques de la voiture, et bien entendu le style de pilotage. A priori, les Toyota sont celles qui préservent le plus leurs pneus. En revanche, les Ferrari seraient les plus agressives en la matière. Mais la satisfaction est générale en termes de performances pures. « Cette saison, nos partenaires Hypercar ont à leur disposition des pneus dont la gomme s’échauffe plus rapidement », indique Pierre Alves, le manager des programmes Endurance de Michelin. « Après la course, où nous avons constaté des améliorations des temps au tour. Nous pouvons dire que ces nouveaux pneumatiques ont validé de nouvelles étapes. La constance dans les performances et l’excellente longévité relevées sont des qualités qui nous caractérisent. Malgré les différences d’usure en fonction de critères qui nous échappent, tous les pilotes ont pu doubler les relais. Ils ont pu se battre du premier au dernier kilomètre avec la même intensité. »

Grosse déception pour Peugeot

L’écurie Peugeot TotalEnergies a vécu une épreuve émaillée par de nombreux soucis mécaniques. La 9X8 n°94, avec Loïc Duval au volant, a souffert de problèmes techniques dès la fin du deuxième tour de formation. Repartie en dernière position, l’Hypercar française s’est de nouveau immobilisée aux stands pour réparer une défaillance de son système hybride. La 9X8 n°93, qui a elle aussi dû longuement s’immobiliser pour des soucis de fiabilité. Dès les premières heures, elle a rencontré des problèmes de commande de boîte de vitesses. Cette dernière a repris la piste, avant de connaitre une avarie de démarreur dans la dernière heure de course. C’est clairement une grande déception pour Peugeot, présent dans le championnat depuis la seconde partie de la saison 2022. « Je suis bien sur déçu du résultat final qui ne reflète pas tout le travail effectué par l’équipe ces deux dernières semaines, les courtes nuits et les efforts mis dans les voitures », indique Gustavo Menezes, pilote de la 9X8 n°94. « Nous terminons au niveau de performance attendu, mais qui n’est clairement pas assez élevé en vue des 24 Heures du Mans. »

Trois relais en GTE Am

Dans cette catégorie relevée l’unique Corvette C8.R a signé un cavalier seul et bouclé une manche sans erreur. Au volant de la n°33 du Corvette Racing, Ben Keating, Nicolas Varrone et Nicky Catsburg ont relégué la Porsche 911 n°77 du Dempsey-Proton Racing à deux tours. Avec la Ferrari 488 n°57 du Kessel Racing en 3e place, cela fait trois constructeurs différents sur le podium. « Je suis bien content qu’une marque américaine remporte une course à domicile. » Indique Ben Keating, qui faisait en outre équipe avec deux rookies. « La voiture a super bien marché, l’équipe a été au top. On a même pu tripler les relais avec les mêmes pneus. C’est vraiment le plan parfait pour ce week-end ». Là aussi, c’est Michelin qui fournit les pneus aux 14 voitures engagées dans la catégorie. Les gammes Endurance 2023 sont les mêmes que celles de la catégorie GTE Pro de la saison dernière. Elles ont nécessité un accompagnement particulier de la part de Michelin. Le règlement interdit cette année les armoires de chauffe. Elles permettaient de mettre les bandes de roulement à 80°C avant de prendre la piste. Le soleil floridien a visiblement bien joué son rôle en emmagasinant de la chaleur dans le sol du circuit.

La Corvette C8.R, la seule engagée en GTE Am, a mené la course presque de bout en bout. (© Richard Prince pour Chevrolet).

Prochain rendez-vous avec le WEC : le 16 avril, sur le circuit de Portimão, pour une course de six heures.