Essai Ford Bronco : un vrai parfum d’Amérique

Ce gentil monstre débarque sur nos routes pour légitimer la nouvelle image que le constructeur américain veut se forger en Europe. Le Ford Bronco sera le moins vendu de la gamme en France, mais pas le moins connu !

La nouvelle feuille de route de Ford en Europe est très claire : faire revivre des noms iconiques de la marque au travers de nouveaux modèles, souvent électriques. Dès lors, que vient faire le Ford Bronco dans nos contrées, avec un moteur V6 et 50 % de son prix en malus ? De l’image, de la représentation, mais aussi rappeler les bons côtés de l’automobile américaine, décomplexée à bien des égards.

Ford veut pourtant malgré tout foncer vers l’électrique. Il vendait 75 voitures zéro émission par jour en 2022 tous marchés confondus, il en vend 1 000 actuellement, pense en vendre 2 000 quotidiennement en 2024 et ne plus commercialiser que ça à compter de 2030. Entre temps, il y aura des modèles à contre-courant comme ce Bronco, mais aussi des 100 % électriques nouvelle génération comme le futur Explorer. 

L’histoire du Ford Bronco

La première génération de Bronco est commercialisée en août 1965 (model year 1966). Son moteur V6 est dérivé de celui d’une Ford Falcon. Ce modèle arrive deux ans après la Mustang, gros succès qui aura dépoussiéré la marque. Il est d’ailleurs issu du travail de la même équipe, alors pilotée par Lee Iacocca. Mais le dessin du Bronco est plutôt à attribuer aux équipes de Paul G. Axelrad. Iacocca a en effet été propulsé à des responsabilités supérieures après la sortie de la Mustang. Au fil du temps, le Bronco devient un modèle familier du paysage automobile américain. La deuxième génération, apparue en 1978 avec un V8, sera un grand succès commercial. Le Bronco partage des éléments avec le pick-up de série F (F-150 et suivants) ce qui permet à Ford de rentabiliser davantage ses plateformes. Il dépasse les Chevrolet Blazer et Dodge Ram dans les ventes. Dans les années 80, le GMC K-2500 Sierra Grande de Colt Seavers dans « L’homme qui tombe à pic » popularise le genre du pick-up dodu et robuste. La carrière du Bronco s’arrêtera en 1996, après 30 ans de succès. Il est relancé aux Etats-Unis en 2021, et maintenant en Europe pour la première fois de son histoire.

Le Ford Bronco limité en Europe

Le Ford Bronco appartient à la catégorie « Ultimate Outdoor » du constructeur américain. De notre côté de l’Atlantique, sa gamme apparait simplifiée. Il n’est commercialisé qu’avec une seule motorisation 2.7 V6 de 335 ch, associée à une boîte de vitesses à 10 rapports. Il est toutefois disponible en deux versions. L’Outer Banks vise une polyvalence entre route et tout-terrain, et Badlands met l’accent sur les équipements plus extrêmes. Cette dernièrere bénéficie d’angles d’attaque, de sortie et ventral plus importants, et d’une garde au sol de 26,1 cm, soit 2,4 cm de plus de que la version « route ». L’écart de prix entre les deux versions est de 4 000 € : 76 500 € pour l’Outer Banks, et 80 500 € pour le Badlands, auxquels il convient d’ajouter 50 % du prix final au titre du malus écologique sur le marché français…

Au volant du Ford Bronco Outer Banks

Passé cette pilule écologique, il convient de monter à bord. Une expression qui prend tout son sens pour s’installer au volant de cette voiture plutôt haute sur pattes ! Passons sur la finition très américaine, autrement dit aléatoire en ajustement et composée de plastiques bas de gamme. L’ensemble a toutefois le mérite de respirer la robustesse. Ford a aussi fait simple dans le style, avec une planche de bord très carrée, un écran très vertical de 12 pouces et des poignées à chaque extrémité, bien pratiques à l’usage. Le Bronco bénéficie par ailleurs de sièges larges et confortables, et d’un intérieur simple qui donne peu de remords quant à une utilisation un peu rustre. A l’arrière le confort est un peu plus sommaire, mais les vis apparentes et la présentation générale collent avec l’esprit du modèle. Au final, tout cela est reposant et agréable.

Ford Bronco est assez imposant sur route mais il est très confortable © Frédéric Le Floc’h / DPPI

Un V6 à découvrir

Avec ses deux turbos, le 2,7 litres délivre des sensations fortes car la voiture est haute, les suspensions sont souples, et le 0 à 100 km/h est abattu en moins de 7 sec. Le système de freinage semble à la hauteur pour arrêter les 2,2 tonnes de l’engin, mais la tenue de route est d’abord perçue comme aléatoire. La faute à une direction qui ne manque pas vraiment de précision, mais plutôt de consistance. Le Bronco sait mener bon train, mais s’apprécie davantage en conduite coulée, avec une belle réserve de puissance et un couple appréciable en reprises. Quelle que soit sa définition, la route n’est pas forcément son terrain de jeu favori, sans toutefois lui être interdit. La rançon d’un choix technique qui fait appel à un châssis séparé et un essieu arrière rigide, bénéfiques pour le franchissement mais moins agréables pour le comportement routier. Pour autant, le moelleux général permet d’envisager des longs trajets.

En tout-terrain avec la version Badlands

Cette version adopte tout ce qui peut se faire en série pour faciliter la pratique du off-road. Notre modèle d’essai arbore des pneus « Baja » 4×4 de BF Goodrich, des blocages de différentiels, une barre anti-roulis déconnectable, une boîte de vitesses avec rapports courts et sept des modes de conduite. Avec une telle panoplie, le Bronco passe partout ou presque. Il donne au conducteur l’impression d’être plus doué qu’il ne l’est réellement en conduite tout-terrain. Le débutant peut même aller loin, voire trop loin. Selon les modes, le bruit du moteur peut aussi être légèrement différent, ce qui donne plus de férocité à l’ensemble, et c’est objectivement amusant. A condition d’utiliser les équipements à bon escient et au bon moment, le Bronco est réellement difficile à prendre en défaut en conduite tout-terrain, même avec son grand empattement. Il dispose même d’un « bouton magique », qui lui permet presque de tourner sur lui-même pour s’extirper de situations trop compliquées. 

Retrouvez le bilan de l’essai et la fiche technique du Ford Bronco page suivante

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