Ford Bronco : un retour en demi-teinte

Le tout-terrain américain vient d’échouer là où la Mustang a réussi en 2015. Malgré une réputation en béton et un renouveau de premier ordre, Le Ford Bronco ne franchira pas l’Atlantique pour rejoindre l’Europe, où certains se faisaient pourtant une joie de l’accueillir.

Pas de Ford Bronco en Europe

Le Coronavirus et les problèmes industriels récents qui en découlent ont scellé le destin européen de ce tout-terrain mythique qui, 30 ans durant, a faire rêver des millions d’américain jusque dans le milieu des années 90. En exploitant le filon néo-rétro en termes de design, Ford aurait pu jouer un coup de maître en Europe où le Bronco aurait sûrement trouvé sa clientèle et aurait fait du bien à l’image de la marque. Mais pour prendre le chemin du Vieux Continent lorsqu’on est un véhicule imposant à 4 roues motrices, il convient d’être électrifié afin d’afficher des chiffres de consommation homologués au plus bas pour satisfaire les exigences écologiques du Vieux Continent.

Ford Bronco

Il y a des voitures qui nous amusent, nous font rêver, nous agacent ou nous passionnent, mais qui dans tous les cas ne nous laissent pas indifférents. Le Ford Bronco est de celles-là. 

Pour les américains, dans un marché automobile mondial déprimé et avec la peur du lendemain, ce gros jouet tombe à pic. Depuis quelques jours, ils peuvent le réserver contre un dépôt en ligne de seulement 100 $, mais devront s’acquitter de près de 30 000 $ minimum (un peu plus de 26 000 €) pour mettre dans leur garage une version d’entrée de gamme motorisée par un 4 cylindres 2.3 de 270 chevaux, accouplé à une boîte mécanique à 7 rapports avec gamme courte. Il faudra toutefois attendre pour cela le printemps 2021.

Une autre version, plus sérieuse côté mécanique, sera motorisée par un 2.7 V6 de 310 ch (avec la BVA 10 de la Mustang), mais il n’y aura pas, tout du moins à courts termes, de version hybride rechargeable ou électrique. Il n’y a alors plus qu’à espérer le Mustang Mach-E, quant à lui 100 % électrique, ou le récent Explorer, qui arrive bientôt en PHEV sur le marché français, ne lui prêtent un jour quelques moteurs électriques et batteries. Le Bronco pourrait alors se faire accepter ailleurs qu’en Amérique, mais pour l’heure ce choix du tout thermique le cantonne à son marché domestique.

Ford Bronco

Deux carrosseries pour séduire

Pour la première fois de son histoire, le Ford Bronco va être décliné en deux versions. D’ordinaire en deux portes, il sera aussi disponible dans une livrée plus longue, plus familiale, qui ne cédera toutefois rien de ses attributs tout-terrain. Le but de la manœuvre ? Tenter de concurrencer Jeep et la Wrangler, également déclinée ces derniers mois en version pick-up utilitaire sobrement baptisée Gladiator.

Vu de notre fenêtre tricolore ce duel n’a aucun sens et se trouve très éloigné de nos prérogatives, mais nul ne doute que les passionnés des deux marques se déchaineront, sur les réseaux sociaux ou sur les terrains de off-road. Le Land Rover Defender, qui a lui changé de cap en termes de style en passant de carré à rond, pourrait aussi jouer les arbitres.

Voilà bien longtemps que le monde du véhicule de loisir haut de gamme a connu en même temps de si belles et fraîches propositions. Et alors que le design de ce nouveau Ford fait mouche, que la marque avait bien teasé sur cette renaissance, générant une certaine attente chez les clients européens de voitures Made in USA. Mais à moins que le virus soit un « game changer » qui accélère la manœuvre, il faudra attendre au moins 3 ans pour, peut-être, pouvoir acheter un Bronco dans une concession française, à condition que Ford décide de changer son fusil d’épaule et d’importer des versions plus respectueuses de l’environnement. On peut toujours rêver. 

Bronco, Tout-terrain par excellence

Comme le Honda Element ou le Toyota FJ Cruiser, deux autres curiosités aux allures de friandise automobile qui n’ont jamais, elles non plus, été commercialisées en Europe, le Bronco arbore une carrosserie aux allures enjouées et aux angles arrondis.

Et puisqu’on parle d’angles… Soulignons une attaque de 29°, un angle de fuite de 37,2 ° et une garde au sol de près de 30 cm qui font du Bronco un véritable franchisseur. Ainsi doté, il parait même qu’il peut passer des cours d’eau de plus de 80 cm de profondeur sans que la mécanique ne prenne de risque. A l’intérieur, c’est désormais l’électronique qui domine et, évidemment, il n’y a plus aucun point commun avec la version des années 90, ni en termes de finition, ni en termes de technologie.

La transmission, mais aussi certains aspects du moteur et du châssis peuvent être paramétrés selon 7 modes qui font la part belle à une progression en dehors des sentiers battus. Par ailleurs, s’il est bâti sur un châssis échelle, le Bronco fait appel à des trains roulants très sophistiqués, utilisant par exemple des barres stabilisatrices hydrauliques et une boîte de transfert de dernière génération, gérée par l’électronique.

Innovant, respectant les proportions de son ancêtre tout en soufflant un vent de modernité, le Ford Bronco a tout pour plaire aux amateurs de tout-terrain auxquels il se destine. Bien sûr, les spécialistes de l’importation de véhicules US en feront venir quelques-uns par chez nous. Mais il faudra alors y mettre le prix. En tous cas, cette icône joliment renouvelée, qui pousse encore plus loin le curseur de la technologie et du design dans le petit monde du véhicule de loisir, fait envie. Dommage, on y aurait bien goûté.

Didier LAURENT

Photos : Presse

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