Formula E – E-Prix de New-York : Jean-Eric Vergne et DS Techeetah champions !

Le pilote tricolore et l’écurie franco-chinoise ont été titrés aux USA, au terme de la dernière course de la saison, après un week-end difficile et un premier E-Prix raté dans les rues de Red Hook, dans le district de Brooklyn.

En Formula E, rien n’est jamais gagné. Après un début de saison marqué par la multiplicité des vainqueurs – huit en autant de courses -, une hiérarchie a fini par se dessiner en haut du classement avec la seconde victoire de Vergne (à Monaco).
En arrivant à New-York, huit pilotes pouvaient encore théoriquement décrocher la couronne, mais dans les faits seuls trois d’entre eux pouvaient sérieusement l’entrevoir : Vergne, qui avait tout de même 32 points d’avance sur Di Grassi (Audi sport Abt Schaeffler) et 43 sur Evans (Jaguar). 43 points, c’était aussi l’avance de DS Techeetah sur Audi avant les deux courses américaines.
Une avance que l’on croyait confortable pour les français, qui ne devaient toutefois pas baisser la garde pour aller au bout. Car deux courses, c’est aussi potentiellement 58 points pour un pilote, et 94 pour une équipe, dans le cas du scenario idéal. Dans les faits, ce n’est jamais arrivé, et un seul doublé (P1/P2 plus la pole, soit 46 points sur 47) a pour l’instant eu lieu grâce au duo Vergne/Lotterer au Chili la saison dernière (avec Techeetah).

Derrière les chiffres, la piste

Au-delà des statistiques, il convient de considérer qu’une fin de saison est toujours particulière, d’autant que cette année le groupe moto-propulseur de Nissan-e.dams a fait polémique.
En effet, la puissance en sortie de moteur est réglementée à 200 kW en course, et certaines écuries prétendaient que le bloc japonais en donnait discrètement plus en sortie de virage, après avoir emmagasiné de l’énergie dans une partie de l’un de ses deux moteurs, ce qui est interdit.
Mais la FIA n’a jamais réussi à établir les faits, et s’en contentée de modifier le règlement technique pour la saison prochaine, afin que la technologie utilisée par Nissan ne soit plus autorisée, mais aussi éviter de se désavouer après avoir homologuer un tel dispositif…

Toutefois, malgré cette bataille administrative les Nissan-e.dams ne performaient pas en course, à défaut d’être très rapides en qualifications, et a priori en milieu de saison Sébastien Buemi, le pilote phare de l’écurie, ne présentait aucun danger puisqu’il occupait la 13ème position.
Mais chacun redoutait que lorsque sa monoplace serait au point il serait largement devant, et c’est ce qui a commencé à se produire à partir de la course de Monaco (la 9ème sur les 13 que comptait le championnat).
Quatrième en Principauté, Buemi a ensuite enchaîné avec la pole position et une deuxième place à Berlin, puis un podium (3ème) à Berne, et enfin une combinaison pole/victoire lors de la première course de New-York.

Vergne avait certes remporté Monaco et Berne…

Dans le même temps, Vergne avait certes remporté Monaco et Berne, mais s’est englué dans le trafic sur le circuit de Brooklyn pour finir en 15ème position et, le samedi soir, Buemi était alors en condition de remporter le championnat.

De leur côté, Di Grassi et Audi étaient eux aussi prêts à tout, voire à « s’associer » en piste avec Bird et Frijns (Envision Virgin Racing) à qui ils fournissent le moteur, afin de bloquer la progression de Vergne au profit du team allemand, alors en lice pour les deux championnats. Entre coup bas pour gagner et la grogne qui commençait à monter autour de performance jugée « anormale » (du moins par DS Techeetah et Audi Sport) de Nissan, les discussions animées et les réclamations en tout genre auprès de la FIA ont commencé à fleurir.

DS Techeetah en avance sur Audi…

Néanmoins, dimanche matin Vergne avait encore 22 points de plus que Di Grassi, et DS Techeetah possédait encore 24 longueurs d’avance sur Audi, ce qui veut dire que les autres étaient condamnés à la victoire, et qu’une 7ème place était suffisante pour l’emporter du côté français. 7ème, c’est d’ailleurs dans cette position que Jean-Eric Vergne a franchi la ligne d’arrivée en ce dimanche 14 juillet, s’attribuant ainsi le titre de champion des Pilotes de Formula E de la saison 2018/2019, et offrant par la même occasion un premier titre Constructeurs à DS Automobiles avec DS Techeetah, mettant également fin à une bagarre technique et psychologique digne de l’ambiance des Tontons Flingueurs. Buemi, 3ème ce dimanche, a terminé 2ème du championnat, devant Lucas Di Grassi

Jean-Eric Vergne. Photo CAMNIER/Michelin

La Formula E progresse

Cette saison était la première des « Gen 2 », ces monoplaces électriques de seconde génération, lesquelles bénéficient d’un châssis plus performant que les précédentes –on parle de passer du niveau F4 à F2. Plus puissantes (250 kW en qualifications au lieu de 200 kW, et 200 kW en course au lieu de 180 kW) pour un poids quasi-similaire, elles bénéficient de nouvelles batteries et des freins améliorés, ces derniers étant devenus « by wire », autrement dit gérés par l’électronique.

Ces voitures de pointe ont alors permis aux pilotes d’améliorer le temps au tour de 2 s à 6 s selon les circuits, également grâce à l’apparition de nouveaux pneus. Depuis les débuts de la Formula E, en 2014, c’est toujours Michelin qui a équipé le plateau. Le nouveau Pilot Sport spécialement dédié à la discipline est –déjà- la troisième génération de pneu « spécial FE » et il est de loin celui qui a apporté le plus de satisfaction aux pilotes.

Michelin va connecter ses pneus

Toujours rainuré – afin que les pilotes ne changent pas de pneu en cas de pluie – il a apporté cette année un niveau de sportivité supérieure malgré les impératifs de résistance au roulement (un pneu consomme de l’énergie et nuit à l’autonomie).
L’année prochaine, il deviendra le premier pneu connecté en sport automobile, toujours dans l’esprit avant-gardiste de la série.

Le championnat de Formula E ne va pas beaucoup lever le pied cet été, car des tests sont déjà programmés pour les prochaines semaines, avant une petite trêve estivale et les premiers essais en commun de la saison 6, en octobre sur le circuit de Valence. Le championnat redémarrera ensuite fin novembre dans la banlieue de Riyad, en Arabie Saoudite.

Championnats Pilote et équipes Formula E après 13 courses

Pilotes : 1. J.E. Vergne 136 Points, 2. S. Buemi 119, 3. Di Grassi 108, 4. R. Frijns 106, 5. M. Evans 105, 6. A. F. Da Costa 99, 7. D. Abt 95, 8. A. Lotterer 86, 9. S. Bird 85, 10. J. d’Ambrosio 67, 11. O. Rowland 71, 12. A. Sims 57, 13. P. Wehrlein 58, 14. E. Mortara 52, 15. F. Massa 36, 16. S. Vandoorne 35, 17. M. Günther 20, 18. A. Lynn 10, 19. G. Paffet 9, 20. O. Turvey 7, 21. J.M. López 3, 22. N. Piquet Jr 1, 22 …24. T. Dillmann, F. Nasr, F. Rosenqvist 0

Equipes : 1. DS-Techeetah 222 Pts, 2. Audi Sport Abt Schaeffler 203, 3. Envision Virgin Racing 191, 4. Nissan e.dams 190, 5. BMW i Andretti 156, 6. Mahindra 125, 7. Jaguar Racing 116, 8. Venturi 88, 9. HWA Racelab 44, 10. Dragon Racing 23, 11. NIO 7

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Didier Laurent
Crédit photos : Max Malka

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