Rallyes WRC : Ogier-Ingrassia vainqueurs au Pays de Galles, Volkswagen champion Constructeurs

Le seul rallye terre de la saison où le fait de partir devant est plutôt un avantage qu’un inconvénient vient de s’achever sur la victoire de l’équipage français à bord de leur Volkswagen Polo R WRC. Mais tout n’a pas été simple, compte tenu de la différence de performances entre les pneumatiques Michelin et D-Mack sur ce rallye atypique.

rallye-pays-de-galles-2016_7C’était l’heure du bain de boue pour les concurrents du WRC. Au Pays de Galles, même si les organisateurs ont programmé le rallye deux semaines plus tôt dans la saison (celle-ci se terminera dans trois semaines en Australie), cela n’a pas changé grand-chose côté météo. Une température modérée –jusqu’à 15°C en journée- mais toujours fraîche le matin (2 à 3°C par endroit), et des pluies de variable intensité ont ponctué les trois jours de rallye, après le shakedown du jeudi.

La boue n’a donc pas manqué, avec des niveaux d’adhérence différents selon les endroits, et qui ont conduit certains concurrents à la faute, comme par exemple Craig Breen, auteur de tonneaux dans la SS5 au volant de sa DS3 WRC, et contraint à l’abandon dès la première journée.

Dès le vendredi, le brouillard a été de la partie et les écarts ont été importants entre les différents pilotes. Comme souvent sur asphalte mais pas toujours sur terre compte tenu de sa position de départ, Ogier s’est positionné en patron alors l’ordre de départ lui faisait balayer la piste pour les autres concurrents. Mais les sols du pays de Galles ont cela de particulier : une surface de terre molle pommadée, qui devient glissante comme du verglas au fil des passages, et qui finit par laisser apparaître des ardoises coupantes comme du verre. Voilà pourquoi où il vaut mieux partir devant.

En creusant 37,2 s d’écart sur la Ford Fiesta WRC de Ott Tanak, Ogier réalise alors un bon coup dès la première journée, rallye-pays-de-galles-2016_8d’autant que les autres concurrents sont déjà largués. Ott Tanak, qui a tenu le choc à la deuxième place pendant tout le rallye, est le seul pilote dont la voiture à entrer dans les points sans être équipée de pneus Michelin (il est en D-Mack) en WRC1. C

ette performance de l’estonien, déjà aperçue en Pologne (où il perd le rallye sur une crevaison dans la dernière spéciale) et en Finlande, s’explique en partie par le fait qu’il utilise une gomme plus tendre que celle des Michelin. Le manufacturier auvergnat nous expliquera qu’en début de saison le règlement impose de déposer un modèle de pneu à la FIA, et que ce pneu doit être utilisé partout dans le monde, aussi bien en Argentine qu’en Sardaigne, où la terre est très agressive et où il fait très chaud, qu’au Pays de Galles où la boue, les ardoises tranchantes et la température divisée par deux ou trois constituent d’autres défis.

Dans ce contexte, certains manufacturiers font le choix de privilégier certains rallyes en typant leurs pneus, tout en sachant qu’ils seront en retrait sur d’autres manches. C’est le cas de D-Mack. Chez Michelin, un meilleur compromis a été trouvé, et si la victoire a parfois failli leur échapper, ils ont néanmoins remporté tous les rallyes depuis quatre saisons.

Un rallye éprouvant

rallye-pays-de-galles-2016_12Le vendredi soir, le podium provisoire était complété par la Hyundai i20 WRC de Thierry Neuville, déjà relégué à plus de 1 min d’Ogier et de Tanak. Du côté des français, Stéphane Lefebvre, nouvelle recrue de Citroën Racing pour la saison prochaine, et qui revient en WRC après deux mois d’absence suite à son accident au rallye d’Allemagne, pointait à la 9ème position au classement général provisoire.

« Je pense que je pourrais être mieux classé, mais nous n’avons pas choisi les bons réglages, déclarait le jeune pilote le vendredi soir. Nous pensions que les routes seraient plus sèches et je manquais de motricité dans les portions sinueuses. Nous avons dû subir cette option tout au long de la journée puisqu’il n’y avait pas d’assistance entre les deux boucles (hormis un changement de pneus, Ndrl). En tous cas, j’ai le sentiment d’avoir exploité 100% de ce que j’avais à disposition et je suis satisfait de terminer l’étape sans avoir fait d’erreur. Demain, nous reviendrons à des réglages qui avaient bien fonctionné l’an passé et cela devrait aller mieux. »

La première demi-journée du samedi n’a pas fait évoluer les positions et, fait assez rare pour être signalé en rallye, n’a pas été le théâtre de sortie de route ou de panne malgré les conditions difficiles. Composée de huit spéciales pour plus de 100 km chronométrés (et 430 km au total), cette journée avait néanmoins quelque chose de particulier car dépourvue d’assistance à mi-journée. C’est un fait unique dans la saison, où les pilotes n’ont pas le moyen de faire effectuer des changements de réglages ou des réparations entre le matin et l’après-midi, ni même de changer la totalité des pneus (2 roues de secours maxi). Ils doivent alors dès 5h45 du matin décider de la typologie de gomme (tendre ou dure) qu’ils utiliseront l’après-midi, devant se fier à des prévisions météos toujours aléatoires dans la région. Le samedi soir, rentrés au parc d’assistance en tête avec plus de 30 secondes d’avance sur Tanak, Ogier et Ingrassia ne cachaient pas leur satisfaction. « Nous avions besoin de 20 secondes d’avance sur Ott, indiquait Julien Ingrassia dans la zone média. Avec plus de 30 secondes nous sommes sereins. Il ne faudra toutefois pas nous reposer sur nos lauriers et continuer sur un bon rythme, car si nous avons ouvert la route depuis hier, ce qui est plutôt un avantage ici, demain l’ordre sera inversé et nous partirons en dixième position. Ott devrait alors nous reprendre quelques secondes. »

Au final, Ogier et Ingrassia remportent le Rallye du Pays de Galles devant Ott Tanak et Raigo Molder, solides jusqu’au passage sur la ligne d’arrivée, et la Hyundai i20 WRC de Thierry Neuville et Nicolas Gilsoul.

12ème titre pour Volkswagen 50ème pour Michelin !

Depuis leur arrivée, en 2013, aucun titre, que ce soit Pilote, Copilote ou Constructeur, n’a échappé à l’équipe allemande. Une véritable domination qui sera peut-être un peu plus mise à mal l’an prochain par une nouvelle réglementation, mais aussi des nouvelles voitures et de nouvelles écuries. Toyota arrivera avec une Yaris WRC préparée par les équipes du finlandais Tommi Mäkinen, et Citroën fera son grand retour avec la nouvelle C3 WRC, sur laquelle il mise beaucoup d’espoirs. Derrière le volant se trouveront Chris Meeke, acteur historique du team, Craig Breen, un jeune talent récemment recruté, mais aussi le français Stéphane Lefebvre, dont Citroën Racing attend beaucoup. A seulement 24 ans, le français a déjà 6 saisons de rallye derrière lui, et deux titres importants, ceux de champion d’Europe ERC et dechampion du monde Junior WRC.

Après les titres pilotes et copilotes gagnés par Sébastien Ogier et Julien Ingrassia au rallye d’Espagne, et qui a également été la 300ème victoire de Michelin en rallye, le manufacturier auvergnat empoche au Pays de Galles son 50ème titre mondial en WRC. 26 titres Constructeurs, dont le premier remonte à 1973 avec Alpine-Renault, et 24 titres Pilotes, avec un premier succès en 1982 avec Walter Röhrl.

Didier LAURENT
Photos : DR

Lire aussi :

Championnat du monde des Rallyes WRC3 : Fabre-Vilmot en Grande-Bretagne pour reprendre la tête

Galerie photos Rallye du Pays de Galles