Plongée dans le sport automobile américain

Alors que l’Europe peine à remplir ses circuits, les manifestations de sport automobile Américains jouent souvent à guichet fermé. Pourquoi ? Nous avons trouvé quelques éléments de réponses sur le Michelin Raceway Road Atlanta, lors de la course de Petit Le Mans.

C’est vrai que le constat est amer. Hormis les 24 Heures du Mans et éventuellement le Grand Prix de France de Formule 1 (quand il y en avait un), les Français, et plus généralement les européens, s’intéressent de moins en moins aux sports mécaniques. Question d’époque, de moyens, et de diabolisation de la voiture qui génèrent la formation de groupes de « résistants », qui sont souvent des passionnés de 50 ans et au-delà. D’un point de vue général, le phénomène se converti en naissances de clubs de youngtimers, et d’un désintérêt de l’automobile au fur et à mesure qu’elle s’électrifie.

Mais si les manifestations automobiles intéressent moins de notre côté de l’Atlantique, ce n’est pas seulement parce que le citoyen Américain type est resté dans un monde où la voiture thermique est toujours la norme. Ce n’est pas non plus parce qu’il aime forcément davantage la « bagnole ». Il suffit de se rendre sur une course aux Etats-Unis pour comprendre comment les fans sont accrochés.

Se sentir bienvenu, c’est la base

Notre expérience sur place a commencé par une erreur. Après avoir récupéré notre sticker « parking » auprès du centre d’accréditation, nous reprenons notre voiture de location et nous présentons à la -mauvaise- porte du circuit. Le temps s’en rendre et nous sommes déjà au niveau du personnel de sécurité. Nos premiers mots seront des excuses, pensant que nous allions nous faire remettre sèchement à notre place. « Ce n’est pas grave, on est jeudi et on encore de la place dans ce parking, là. Normalement c’est celui pour les VIP mais vous pouvez y rester jusqu’à ce soir, bonne journée et amusez-vous bien ! ». Une scène surréaliste, pour nous qui nous sommes déjà fait refuser l’accès à une passerelle lors du E-Prix de Paris par un personnel arrogant, où à Monaco par un quelqu’un de mal formé, ou encore à Rome, où là nous avions même essuyé des insultes racistes alors qu’à chaque fois nous étions en règle et dans notre bon droit. Tout cela, ce n’est pas seulement une question de personne. C’est aussi une question de culture, de formation et d’éducation.

L’Europe supérieure ?

Le sentiment de fierté et d’appartenance des personnels de sécurité virent souvent au fanatisme et à un -petite-prise de pouvoir ponctuelle. Dès lors, lorsqu’on passe les portiques d’un circuit français, il n’est pas rare d’avoir à faire des gens peu aimables et qui se comportent comme si le lieu leur appartenait. Cela se voit aux entrées des circuits, mais aussi à l’intérieur, où tout est interdit ou presque. Il est le plus souvent impossible d’approcher les pilotes et les voitures, les entrées du paddock sont réglementées ou surtout vendues à prix d’or, au point de générer de la frustration et de décourager les moins passionnés de continuer de venir. Pourtant, si on parle du Mans pour évoquer une course significative, un fois dans l’enceinte du circuit tout se passe plutôt bien. L’ACO, en se rapprochant de l’IMSA (et donc de la Nascar) a peut-être tiré des leçons du sens de l’accueil à l’américaine. Mais il y a encore -beaucoup- de boulot.

SI vous aimez la course

Payez-vous un billet d’avion pour Atlanta, et expérimentez la course de Petit Le Mans, qui a lieu chaque mois d’octobre. Au-delà de l’anecdote racontée ci-dessus vous verrez l’action au plus près, vous pourrez passer le temps que vous voulez dans l’infield, un endroit festif et bon-enfant à l’intérieur du tracé, et vous pourrez aller à loisir dans les paddocks et sans supplément de prix. Bien sûr, pendant la course les stands sont délocalisés en bord de piste et on ne peut y pénétrer. Mais on peut s’en approcher tout près et voir l’action en live. Les gens ne sont pas catonnés à certains endroits, ils sont canalisés pour qu’ils profitent au maximum de leur présence. Sur le Michelin Raceway Road Atlanta, vous pouvez entrer avec votre van, faire du camping à deux pas des dizaines de restaurants ambulants et de boutiques des marques. Évidemment, pas de grande gastronomie d’autant que les visiteurs sont nombreux à faire leur propre BBQ, mais une ambiance unique et une farandole de voitures plus rutilantes les unes que les autres. L’Amérique automobile décomplexée, en quelque sorte. Et, avouons-le, ça fait du bien.

Le marketing plus fort que tout

Si les visiteurs sont nombreux, c’est aussi parce que tout est fait pour les attirer. Aux États-Unis, les marques sont plus fortes auprès du public car elles mènent des actions plus franches. Pour Michelin, qui sponsorise le championnat IMSA dont la course de Petit Le Mans est la finale, c’est aussi l’occasion d’inviter des clients et des collaborateurs. Le circuit s’appelle Michelin Raceway Road Atlanta, la tour de direction de course et de réception est la Michelin Tower, et il y a des panneaux de la marque partout. Il n’y a pour Bibendum aucun investissement équivalent en Europe en matière de marketing sportif. Pour les marques engagées, le championnat IMSA est aussi une belle opportunité. Ce dernier met en piste les mêmes voitures qu’en FIA-WEC (et donc aux 24 Heures du Mans), avec parfois plus de participants et plus de marques dans les petites catégories. Technologiquement, l’IMSA est le meilleur championnat Nord-Américain, et il est le seul à mettre en piste des voitures hybrides. 

Cela permet aux constructeurs engagés de parler de leurs modèles électrifiés, voire 100 % électriques. Dans les espaces réservés aux clubs (Porsche, Corvette, entre autres), des « corners » ont été aménagés aux véhicules de nouvelles technologies, même si pour le moment ils sont extrêmement minoritaires…