Marché automobile français 2022 : rien ne va plus

Avec un peu plus d’un million et demi d’immatriculations en 2022, le marché automobile français fait grise mine. Une telle dégringolade nous ramène aux années 70, et plus particulièrement 1974, année modeste après un sursaut à 1,7 million en 1973.

A écouter les patrons de marques au cours des derniers mois, nous allions finir l’année dans les 1,7 million… En ajoutant les carnets de commandes, bien pleins, peut-être. Mais en ce début d’année c’est un peu la douche froide. Alors que la moyenne des années 2000 (exceptés 2020 et 2021) est plutôt autour de deux millions d’immatriculations par an, ce chiffre 2022 est historiquement bas.

Avec 1 529 185 immatriculations, la France recule de 7,8 % par rapport à l’année dernière, qui n’était déjà pas folichonne. Comme pour les audiences télé, quand le volume global est maigre, ce qui compte c’est les parts de marché. A ce petit jeu, on note alors que les marques françaises sont à la peine sur leur territoire.

Peugeot, Renault et Citroën en déclin

Si Peugeot est la marque la plus vendue en France (16,06% de part de marché), elle est en baisse de 14,11 % par rapport à l’année dernière. Comme pour beaucoup d’autres constructeurs, les pénuries de pièces détachées ont freiné les livraisons. Il convient aussi de souligner que beaucoup de modèles sont à mi-vie et vont être renouvelés en 2023 (208, 2008, 508 restylés, nouveau 3008), ce qui génère une forme d’attentisme.

La Clio connait une année noire : ventes en baisse de 25%, elle est dépassée par la Dacia Sandero

Renault ne fait pas beaucoup mieux avec une part de marché à 15,46 % mais une baisse de 12,10% vs 2021. En nombre de voiture vendues, cela fait un écart de moins de 10 000 voitures entre Peugeot et Renault. Les deux leaders ont immatriculé respectivement 245.621 et 236.431 véhicules en France en 2022. Le temps où les ventes de Clio et de 207 ou 208 représentaient 200 000 voitures par an semble bien loin…

C’est néanmoins Citroën qui fait la plus mauvaise année avec un recul de près de 20% de ses ventes et une part de marché qui baisse à 8,5 %. C’est un vrai revers pour le constructeur aux Chevrons qui va tenter de se relancer avec des nouveaux modèles en cours d’année, et notamment la future C3.

Dacia, le grand gagnant des marques « françaises »

Les constructeur roumain du groupe Renault démontre sa pertinence par temps de crise. Pouvoir d’achat en baisse, ras-le-bol de la politique anti-bagnole, voitures vastes et bien placées en tarif… Les clients Dacia n’ont en outre que faire des étoiles EuroNCAP toujours plus difficiles à décrocher. En 2022, Dacia a vendu plus de voitures que Citroën en France ! Ce qui représente une progression de 4,53% (et 8,56% de part de marche, pour être précis). 

La Dacia Sandero est la seconde voiture la plus vendue en France, derrière la Peugeot 208

L’autre grand gagnant est japonais. En multipliant les carrosseries de ses modèles, Toyota affiche une hausse de ses immatriculations de 4,27% et atteint 6,56% de part de marché. Ainsi doté, et avec un plan produit assez fourni en 2023, le géant nippon pourrait continuer à faire de l’ombre à ses concurrents.

Dans les autres succès de l’année, on notera les bonnes performances de Hyundai et Kia, moins impactées par la crise des semi-conducteurs, mais dont les délais de livraison de sont allongés au cours des derniers mois. Les deux marques coréennes soulignent disposer d’une porte-feuille important qui sera donc reporté sur 2023. Sans cela, les deux cousines et néanmoins concurrentes auraient dépassé les 3 % de part de marché, bien au-dessus de 50 000 immatriculations.

Les marques chinoises pourraient faire mal

Pour l’instant, la catastrophe n’est pas encore survenue. Mais, qu’on le veuille ou non, toute voiture vendue par une nouvelle marque chinoise sur le territoire français est une vente de moins pour les marques historiquement présentes. Surtout qu’a priori ce n’est qu’un début… en 2022, c’est MG qui a commencé à s’installer. Filiale du groupe SAIC piloté par le gouvernement chinois, MG a dépassé 12 000 immatriculation, soit 0,83% de part de marché. C’est quatre fois plus que Mitsubishi et comparable à Seat, en perdition depuis le lancement de sa marque secondaire Cupra. Les autres chinois tels que NIO, Seres, Lynk&Co, Aiways sont pour le moment sous les radars. Mais tous sont en train de s’installer et vont prendre des parts de marché. Idem pour le vietnamien VinFast, qui est en train de constituer son réseau.

La MG 4 a quelque peu bousculé le marché français des voitures électriques

Dans le détail des motorisations, si l’électrique continue sa progression et dépasse désormais les 13% du marché, c’est surtout les ventes d’hybrides classiques qui cartonnent en représentant près de 22 % des immatriculations. Un chiffre à souligner d’autant que les hybrides ne bénéficient pas de bonus alors que le marché de l’électrique est toujours soutenu à hauteur de 5 000 € par voiture vendue. Le diesel continue sa chute mais n’a pas encore disparu. Avec l’essence pure, dont les ventes s’effritent deux fois moins vite que celles des motorisations à gazole, le thermique représente encore plus de 53% des ventes. On note aussi une baisse des hybrides rechargeables, dont le bonus a presque disparu et dont le prix reste trop élevé au regard du service rendu. En outre, les hybrides standard modernes sont eux aussi capables de faire sauter la Taxe sur les Véhicules de Société. Ne reste que l’avantage d’un branchement quotidien pour effectuer son trajet domicile-travail, ce qui reste fastidieux pour beaucoup.

En conclusion

Même si les acteurs les plus forts du marché français arborent des carnets soit-disant débordants, il va leur falloir continuer de jongler avec des délais de livraisons difficiles à expliquer, des coûts qui explosent et qui génèrent des augmentations folles (notamment sur les modèles de bonne gamme électriques) et l’arrivée de nouvelles marques qui cassent les prix car elles maitrisent mieux la chaine de valeur des batteries, autrement dit les marques chinoises. L’année 2023 devrait donc être chahutée avant, on l’espère, une reprise normale du commerce automobile.