Salon de Tokyo 2017 : Suivez le guide !

Cette semaine l’Agenda de l’Automobile vous emmène au cœur de la capitale nippone, pour le salon le plus déjanté de l’année : le salon de Tokyo. Voir notre diaporama de plus de 50 photos.

Tokyo, mégapole presque sans vieux diesel

Tokyo est une ville fourmillante illuminée jour et nuit, nourrie de dizaines de tours Montparnasse mais pas de buildings plus haut compte tenu des séismes fréquents dans la région. Plus de 10 millions de personnes y vivent intramuros, mais le grand Tokyo compte plus de 37 millions d’habitants. Autant dire que l’espace est compté et que le centre-ville se développe plutôt en hauteur et en sous-sol qu’en largeur. Pourtant, dans le quartier périphérique de Daiba, où se trouve le salon, les lieux ont l’air assez aérés, et même si l’urbanisme est assez fourni, on y respire plutôt bien. D’ailleurs, d’une manière générale on respire très bien à Tokyo, grâce à un nombre minime de deux roues, et la quasi absence de vieux diesel, l’archipel ayant interdit ce genre de motorisation pour les voitures avant de céder aux sirènes du diesel moderne et dépollué il y a quelques années.

Dans le calme d’un Salon…

En arrivant au salon, les queues s’organisent mais le personnel présent pour aider les visiteurs est très nombreux. De ce fait on attend peu et on va directement au bon endroit. Un peu l’inverse des salons européens qui sont, certes pour Francfort et Paris, bien plus grands. Dans le premier hall, Volvo et Citroën sont présents via des stands minimalistes. Le suédois est quasi inexistant sur ce marché, et le français, populaire mais peu vendu, constitue plutôt une marque de cœur que de volume auprès des japonais.

Le premier « vrai » stand que nous visiterons est celui de Daihatsu. Dans le plus pur style japonais, le petit constructeur dont le géant Toyota est l’un des plus importants actionnaires, arbore des véhicules cubiques et hauts comme on en voit beaucoup en Asie, mais aussi un mignon petit cabriolet à deux places, le Copen, dont la nouvelle génération fait encore davantage penser à la voiture de oui-oui que le précédent. L’électrique, l’hydrogène, la voiture connectée et autonome sont sur toutes les lèvres, c’est la tendance du moment.

Toyota met le cap sur l’hydrogène

Chez Toyota, c’est l’heure de la conférence de presse et des grands mouvements de foule. C’est Didier Leroy, le numéro deux de la marque qui vit maintenant au Japon, qui l’anime. Les visiteurs forment une queue de plusieurs dizaines de mètres pour accéder au stand, dans un silence de cathédrale.  Le vice-président de Toyota égrène alors les concept-cars à hydrogène ou hybride, voire hybride GPL, mais fait l’impasse sur le tout électrique hormis un mini véhicule à trois roues futuriste pouvant se cacher –et se recharger- à bord d’une « vraie » voiture.

Pour Toyota, dont le slogan « start your impossible » -comprenez « osez ce qui vous semble impossible » est la nouvelle ligne de sa campagne de communication mondiale, on met clairement le cap sur l’hydrogène en profitant de l’impact médiatique des Jeux Olympiques de 2020 au Japon, dont Toyota est partenaire. Le constructeur nippon sortira d’ailleurs un nouveau bus à hydrogène qu’il fabriquera à 100 exemplaires pour déplacer les athlètes, mais aussi un nouveau taxi, cette fois hybride GPL, baptisé JPN Taxi. Toyota détient 90 % du marché des taxis au Japon, mais espère remplacer un tiers de ses vieilles Crown (la dernière est sortie il y a 22 ans mais est toujours fabriquée) d’ici 2020. A noter qu’en termes de véhicules à pile à combustible Toyota passera d’une capacité de 3 000 voitures par an actuellement à 30 000 exemplaires en 2020.

Les constructeurs japonais jouent à domicile

Chez Lexus, hormis le LX 570, un gros 4X4 qui n’est pas vendu en Europe, on montre surtout la nouvelle LS500h, la limousine hybride qui apparait en première mondiale. Nouveau porte-drapeau de la marque, elle est hyper connectée et « autonomous ready », comme on dit aujourd’hui.

A côté, chez Nissan, on table sur le succès de la nouvelle Leaf, déjà commercialisée dans l’archipel, mais en janvier pour la France.

Autre constructeur japonais assez discret en France mais très respecté pour son ingénierie partout dans la monde, Mazda a dévoilé à Tokyo deux concepts annonçant à la fois son futur stylistique et technologique. Le Kai Concept est une berline qui préfigure le style des futurs modèles. Sous son capot, le nouveau moteur Skyactiv-X représente quant à lui le futur du moteur à essence de Mazda. Ici il s’agit d’un quatre cylindres de deux litres, -Mazda refuse la théorie du downsizing et réussit plutôt bien à démontrer son efficience en conservant des cylindrées de bon niveau- lequel est capable de fonctionner comme un diesel, c’est-à-dire offrir plus de couple pour une consommation de carburant abaissée. Ceci est rendu possible par un taux de compression supérieur à celui d’un bloc diesel, et part un mélange air-essence appauvri. L’autre nouveauté est le Vision Concept, qui cette fois symbolise un grand coupé au style effilé que Mazda appelle Kodo, autrement dit en mouvement.

La visite se poursuit chez Mitsubishi, où un autre concept très étonnant dans sa forme, vient d’être dévoiler. L’e-Evolution Concept est l’un des modèles les plus spectaculaires du salon. Animé par trois moteurs électriques dont la puissance n’a pas été communiquée, il annonce avant tout le futur design de la marque, et la direction technologique qu’elle est en train de prendre, comme beaucoup d’autres…

Sur les stands Suzuki et Honda, qui se font face, les voitures se mélangent avec les motos. Chez Suzuki, on trouve des petits véhicules comme l’e-SURVIVOR, un SUV compact qui ressemble un petit peu à une Jeep au niveau des phares et de la calandre et qui dispose de quatre roues motrices et moteurs électriques intégrés, le Spacia Concept, un minispace surélevé très japonais dans son style, et enfin le XBEE (prononcez « cross-bi »), un petit SUV crossover d’un nouveau genre.

Les allemands bien présents, les français aussi

Hormis Porsche et sa collection de nouvelles 911 qui font toujours rêver l’assemblée, on trouve sur le stand Audi beaucoup des nouveautés du moment, mais uniquement des hauts de gamme type Audi A8 ou RS5. Le Q8 Sport Concept trône également fièrement, car il sait déjà que la clientèle japonaise attend avec impatience sa version de série.

Dans le hall d’en face, chez BMW, on adopte la même mentalité. C’est le plaisir qui prime avec toutes les « M », mais aussi le Z4 Concept et la Série 8. Juste à côté, chez Peugeot, on n’a amené que 4 voitures, afin de rappeler que le 3008 a été élu voiture de l’année en Europe. Chez DS Automobiles, on a exposé un DS7 Crossback, qui de toute évidente suscite beaucoup de curiosité, non seulement de la part des japonais mais aussi des visiteurs internationaux. Nous y avons croisé des cadres de Mercedes qui semblaient être très attentifs à ce nouveau véhicule…

Le constructeur français le mieux représenté à Tokyo est alors Renault, dont les versions RS affolent les japonais. Sur le stand, hormis un Twingo pour amuser la galerie, on peut voir une Lutecia –le nom de la Clio au Japon- en version RS, mais aussi la Mégane RS, qui apparait pour la première fois en Asie. Une Formule 1 fait aussi partie de la déco, mais pas de Formula E. Les japonais veulent passer à l’électrique, mais pas encore dans le sport automobile. Curiosité du hall, l’équipementier Toyoda Gasei expose une voiture dotée d’une douzaine d’airbags (même entre les passagers arrière !), mais aussi un véhicule « Vision 2030 » qui change de couleur selon l’humeur de son conducteur…

Conclusion

Une fois encore le salon de Tokyo nous a surpris, mais il convient d’indiquer que l’ambiance était moins folle qu’habituellement. Entre scandales financiers, tromperie sur l’acier et comptes trafiqués, l’Asie automobile traverse actuellement une phase difficile où il convient de faire le dos rond le temps que l’orage passe.

Lire aussi : Et pendant ce temps, la nouvelle Jeep Compass est dans le Vercors…

Didier LAURENT

Slideshow Agean-Automobile.com au Salon de Tokyo 2017