Essai Bentley Continental GTC Azure

Le cabriolet Continental GTC Azure est l’une des dernières Bentley à carburer au sans plomb. Profitons de son V8 biturbo pendant qu’il est encore temps.

Bentley célèbre actuellement les 20 ans son coupé Continental GT tout en organisant la tournée d’adieu de son moteur V12. Un peu partout dans le monde, certaines versions s’apprêtent à devenir un collector. C’est potentiellement le cas de cette version Azure à moteur V8 biturbo, dont le vert Golden Apple assure de se faire pointer du doigt à tous les coins de rue. L’appellation Azure, utilisée pour la première fois en 1995, était alors réservée aux cabriolets exclusifs de la marque. Elle a disparu en 2003 avant de réapparaitre ponctuellement à partir de 2006, puis de revenir au catalogue en tant que finition de bonne gamme.

Le V8 de la Continental GTC Azure ne durera pas 

Tout du moins en Europe où il s’arrêtera fin 2025, et partout ailleurs un peu plus tard. Dès 2026, Bentley entamera sa mue vers le tout électrique, qu’elle prévoit d’atteindre en 2030. La noblesse mécanique aura alors disparu, mais le procédé artisanal de fabrication des voitures demeurera. En attendant, la GTC Azure et sa peinture polie pendant douze heures à la laine de mouton est à nous pour quelques jours. Elle reçoit des nouvelles jantes noires de 22 pouces, avec le B de Bentley qui reste droit en toutes circonstances. Un détail qui compte, forcément ! Ce contraste de vert et de noir est assez saisissant, et rappelle que ce genre de combinaison est surtout apprécié de la clientèle allemande ou anglaise, les deux pays qui constituent les deux plus gros marchés pour Bentley en Europe. 

La Continental GTC Azure ou l’art de recevoir

Si la couleur extérieure peut en choquer certains, ils seront peut-être plus zen en s’installant à bord. Bentley indique avoir consulté des spécialistes de la neuroscience pour savoir quelles étaient les couleurs et les matières les plus à même de nous détendre lors d’un long voyage. On parle ici de bien-être inconscient et non de critères subjectifs, mais c’est vrai que cette profusion de luxe et cette harmonie d’ensemble dégagent une impression positive. Pour les geeks, la satisfaction ne sera peut-être pas totale. La GTC Azure est basée sur un châssis qui a quelques années, et l’électronique n’est pas toujours dernier cri. Par exemple, la connexion Apple CarPlay se fait par fil, alors qu’elle l’est dans une Skoda Fabia.

Chauffeur, laissez moi le volant de ma GTC !

Lorsqu’on appuie sur le bouton Start, le bruit du V8 invite à la conduite. Une Bentley est souvent pilotée par un chauffeur, mais ce coupé plaira aussi beaucoup à son propriétaire. Avec une longueur de 4,85 m et une largeur de près de deux mètres sans les rétros, la ville demande de l’attention. On ne joue pas (sauf au feu rouge avec une voie dégagée…), le temps de s’accommoder au gabarit et de pester contre quelques fautes d’ergonomie. Mais c’est l’ambiance générale qui séduit et qui prend le dessus, et progresser dans cet habitacle feutrée au coeur de la circulation est plutôt une chance. On piaffe tout de même d’impatience de s’éloigner de la ville pour découvrir plus librement les capacités de ce modèle promis comme exceptionnel.

Pour conducteurs avertis, la GTC Azure

Bentley annonce 318 km/h en pointe, et un 0 à 100 km/h abattu en à peine plus de 4 secondes. Ces données, bien que la voiture soit assez lourde, font d’elles l’un des cabriolets les plus performants au monde. Ne nous y trompons pas : la GTC Azure est avant tout une grande et bonne GT, mais ne supporterait pas longtemps l’exercice du circuit. Elle n’a pas été conçue pour cela. Pourtant son mode Sport invite à abuser de ses 550 ch. Mais la programmation Confort, plus mesurée, est celle qui vous fera rester à bord sur les longs trajets. Notre modèle d’essai était équipé d’un système de freinage carbone céramique qui ne s’impose pas.

Il ne s’agit pas d’une question de coût, mais plutôt d’agrément car l’attaque est très -trop ?- franche. C’est surtout gênant en ville, appréciable en conduite rapide, mais ne sert finalement pas à grand chose pour un usage quotidien. D’autant que ce cabriolet s’apprécie aussi capote ouverte, avec des remous maitrisés, encore mieux avec la présence d’un filet. Atteindre des vitesses élevées cheveux aux vent peux alors être grisant, et offre une expérience inédite. La jouissance d’une réserve de puissance lors de ballades au grand air est une autre source de plaisir.

Bilan de l’essai Bentley Continental GTC Azure

Avec ce modèle facturé près de 400 000 € options et bonus compris, on touche au firmament de l’automobile. Ligne, équipement, agrément mécanique, luxe, rien n’est laissé au hasard. Bien sûr, le modèle commence à porter le poids des ans, n’est pas dernier cri au niveau de sa technologie et s’éloigne du politiquement correct face à la politique européenne en matière d’automobile. La GTC Azure rappelle alors que le plaisir de se déplacer avec style est quelque chose de particulier, et que la haute-couture automobile a besoin de se réinventer. Certaines des sensations ici générées vont bientôt disparaitre pour laisser à la place à des voitures électriques. Pour leurs constructeurs, le plus difficile sera de continuer à nous faire rêver.

Texte : Didier LAURENT

Photos : Yud POURDIEU-LE COZ/Auto Press Club

Fiche technique

Vitesse maxi : 318 km/h

Accélération de 0 à 100 km/h : 4,1 s

Consommation moyenne constatée : 18 l/100 km

Poids : 2 335 kg

Moteur : V8 4.0 litres biturbo

Puissance maxi : 550 ch

Couple maxi : 770 Nm

Rejets de CO2 : 284 g/km

Transmission : aux 4 roues

Boîte : auto à 8 rapports (double embrayage)

Pneus : 275x35R22 à l’AV ; 315x30ZR22 à l’AR

Dimensions L x l x h, en m : 4,85 x 1,96 x 1,40

Durée de la garantie : 3 ans ou 100 000 km 

Prix : 299 395 €

Malus : 50 000 €