Range Rover V8 : un moteur BMW sous le capot de l’icône britannique

Le constructeur britannique lance sa cinquième génération de Range Rover. Toujours plus grand, plus chic, plus cher aussi, c’est une version tout à fait délectable dont nous avons pris le volant.

On ne sait pas si la Reine Elisabeth II aura eu le temps de faire un galop d’essai du nouveau Range Rover. Si ce n’est pas le cas, elle aura manqué quelque chose. Car dans la catégorie des grands SUV haut de gamme, de luxe pourrait-on même dire concernant ce nouveau « Range », les progrès ne sont pas tous immédiatement visibles mais sont bien présents.

A première vue, Land Rover n’a pas fait table rase du passé sur le plan stylistique. En revanche, tout ce qui semblait constituer des aspérités à fleur de peau d’une carrosserie de belle qualité a disparu. Le Range est totalement lisse, et seules des rampes de LED viennent ciseler une personnalité en acier trempé (enfin en aluminium, à 80 %). Les poignées affleurantes s’extraient de la carrosserie au besoin, et même les vitres paraissent s’inscrire dans la continuité de la tôle. Une vraie réussite en termes de design, et une modernité incroyable pour un véhicule estampillé comme conventionnel.

Une expérience unique

Avec le Range, l’expression « monter en voiture » prend tout son sens. Il faut clairement être assez grand, au moins 1,70 m, pour se hisser facilement à bord. En revanche, une fois installé c’est le grand luxe et une expérience qui mérite d’être décrite. Dans le monde automobile, le confort peut prendre forme sous plusieurs aspects. Il y a bien sûr la qualité des sièges, les matériaux qui les recouvrent, mais aussi toute l’ergonomie de la vie à bord qui entre en ligne de compte.

Et puis il y a le niveau d’équipement, les fonctionnalités de base et celles qui offrent une touche d’exclusivité. En version First Edition, celle de notre essai, la dotation est pléthorique mais le nombre des options est toujours impressionnant. Les capacités de personnalisation, via le département SV (Special Vehicle), permettent même d’habiller l’habitacle de métaux peints ou de plaquer certaines parties en céramique… Toutes les extravagances ou presque sont permises, et voyager à bord du Range donne clairement un aperçu de ce qui se fait de mieux dans le confort automobile contemporain.

Deux longueurs, de 4 à 7 places

Cette version V8 à châssis « court » SWB (pour Short Wheel Base) se distingue de la « LBW » par un écart de 20 cm : 5,05m contre 5,25 m. Se voulant plus familial, le Range peut évoluer de 4 à 7 places, histoire d’offrir une configuration idoine aux familles nombreuses. Mais c’est clairement dans sa livrée la plus luxueuse qu’il sera préféré. Clairement, que ce soit en termes de finition, de prestations globale ou d’agrément de conduite, le Range vise plutôt le Bentley Bentayga, voire le Rolls-Royce Cullinan. D’ailleurs, l’anglais n’a jamais été aussi cher : 127 400 € en entrée de gamme (contre 109 000 €) pour cette ancienne génération, et 184 900 €, hors malus de 40 000 € et options pour notre version V8 First Edition. Visiblement, cela n’est pas un problème puisque le Range se vend mieux que la génération précédente au lancement, avec près de 1 200 commandes enregistrées depuis le mois de juin. Cela fait que la dotation 2022 est quasiment vendue, à un prix moyen dépassant largement les 150 000 €…

La Range Rover V8 est une ballerine…

Le nouveau SUV britannique adopte une plateforme composée à 80 % d’aluminium, dont Land Rover dit qu’elle est 50 % plus rigide que celle de la précédente génération. Il reçoit un moteur 4,4 litres à huit cylindres d’origine BMW. Ses deux turbos lui donnent une puissance de 530 ch et des performances forcément élevées. Avec un poids homologué à 2 565 kg et de telles dimensions on ne peut pas dire que le Range soit invisible dans le trafic… en revanche, depuis le volant les proportions demandent certes à être appréhendées mais l’engin se pilote du bout des doigts.

En ville ou pour les manœuvres de stationnement, forcément redoutées lors de la prise en mains, les roues arrière directrices sont salvatrices. La grande nouveauté, c’est aussi que la prise de roulis est désormais très bien maitrisée. La bête ne vire pas à plat mais presque grâce à, tenez-vous bien, « des trains roulants qui font travailler de concert des barres anti-roulis actives avec une suspension aux ressorts pneumatiques pilotés et des amortisseurs adaptatifs à double soupape ». Avec tout cela, l’ensemble est mieux tenu, et il existe même un mode plus sportif appelé Dynamic, qui rend le Range encore plus efficace. Il est aussi impressionnant en ligne droite grâce à sa puissance et son couple phénoménal (750 Nm), qui lui permettent de passer de 0 à 100 km/ en 4,6 s. Aussi, de telles caractéristiques demandent un système de freinage à la hauteur, ce qui est le cas. Il faut dire qu’il y a de la place pour caser de grands disques, les jantes de notre modèle d’essai affichant une dimension de 23 pouces…

Tout-terrain accompli mais…

Lors de notre essai, nous n’avons pas résisté à sortir des sentiers battus, et mener notre Range en tout-chemin quelque peu accidenté. Évidemment, il efface toute aspérité, gomme toutes les déclivités et passe partout où il le désire. Le premier frein, c’est bien sûr le luxe de ce véhicule, certes capable de s’aventurer dans un bourbier -et de s’en sortir facilement- mais aussi le fait que l’on n’ose pas le « jeter » dans la boue. Un bon Defender ferait bien mieux le job, surtout d’un point de vue psychologique et aussi pour une question de prix. Près de 200 000 € dans les ronces et la rocaille, cela donne tout de même à réfléchir.

Bilan essai Range-Rover

L’essentiel à retenir est que cette icône du SUV haut-de-gamme progresse dans tous les compartiments du jeu en comparaison de sa précédente génération. Le prix atteint des sommets, mais ce n’est pas la question. L’engin n’a jamais été aussi désirable, et en poussant le curseur du luxe au plus loin il attire des nouveaux clients, toujours plus riches et plus nombreux. On pourrait même dire que d’un point de vue marketing, c’est un coup de génie.

Fiche technique Range Rover V8

Moteur

Type :  V8 biturbo

Cylindrée (cm3) : 4 395

Position : longitudinale avant

Puissance (ch à trs/mn) : 530 à 5 500

Couple (Nm à trs/mn) : 750 à 1 800

Transmission

Mode : aux quatre roues, permanente

Boîte de vitesses : automatique, 8 rapports

Capacité de traction (kg) : 3 500

Châssis 

Type : monocoque acier et aluminium

Freinage AV : disques ventilés

Freinage AR : disques ventilés

Suspensions AV/AR : pilotées

Direction : électrique

Dimensions 

Long / Larg / Haut (m) : 5,05/2,05/1,87

Empattement (m) : 3

Pneumatiques : 285X40R23

Volume du coffre (l) : 818 à 1 841

Performances 

Vitesse de pointe (km/h) : 250

0 à 100 km/h (s) : 4,6

Conso mixte (WLTP, l/100 km) : 11,1 à 11,9

Rejets de CO2 (g/km) : 263 à 270

Poids

A vide (kg) : 2 565

Prix (€) : à partir de 184 900 €

Malus (€) : 40 000