Essai McLaren 765 LT Spider : elle est affolante, et on aime ça !

REDIFFUSION : Pendant les vacances, retrouvez nos essais 2022… retour sur l’essai de la McLaren 765 LT Spider

Le constructeur britannique sait faire des voitures à la fois très semblables et très différentes. Semblables au premier coup d’œil en termes de design, mais dotées d’une personnalité différente lorsqu’on en prend le volant.  La McLaren 765 LT Spider est quant à elle du genre nerveux.

Quand on aime l’automobile, il faut avoir conduit une McLaren au moins une fois dans sa vie. N’importe laquelle. Car prendre le volant de l’une des productions de Woking (Royaume-Uni), c’est entrer dans un univers particulier. C’est moins glamour et moins marketing que Ferrari, moins technique et tonitruant que Lamborghini, mais unique en termes de sensation. Le design est toujours spectaculaire et sent bon l’Angleterre, un pays où on peut homologuer tout et n’importe quoi du moment qu’il y ait un volant et des roues. C’est cet artisanat à relative grande échelle que l’on ressent aussi depuis le siège du conducteur.

Voiture caméléon

Avec peu de châssis et de moteurs au catalogue, McLaren est capable de proposer un grand nombre de modèles très différents. Coupé, cabriolet, mais aussi versions GT, LT, pour la piste ou presque… Rien ne manque au sein d’une gamme flamboyante qui ne cesse de grossir. En outre, McLaren connait un succès incontestable : souvent, toute la production est vendue avant même que la voiture ne soit commercialisée. Les Etats-Unis et la Chine sont les deux premiers marchés, les autres se partagent les miettes (qui sont un peu plus grosses au Royaume-Uni, où les voitures sont fabriquées).

Des défauts, et alors ?

Chez McLaren, qu’il s’agisse d’une 765 LT Spider ou d’un autre modèle, la finition est loin d’être exemplaire. Certes, le trio cuir, alcantara, carbone est toujours de service. Mais le style est assez vieillissant et l’écran central, au fil des générations, est devenu totalement dépassé. Mais ce n’est pas ce qui compte. Une McLaren, c’est une Lotus de haute joaillerie, avec un confort approximatif et un équipement pauvre, mais un comportement qui donne tellement le sourire… ou qui fait peur. Rouler en 765 LT Spider, c’est être à la recherche du grand frisson, de préférence sur circuit. Le bruit du moteur n’est pas très démonstratif au ralenti (on dirait plus une WRC à quatre cylindres qu’une super sportive), et pas tellement joli en montant dans les tours. Les échappements en titane sont rageurs, mais pas (en)chanteurs. La particularité du spider, hormis d’être découvrable, est de permettre de descendre la petite lunette arrière pour s’en convaincre.

Ambiance course

A bord, tout est en configuration circuit. Sièges baquet en carbone, habillage en alcantara, pas d’espace de rangement. Les manettes de réglages pour les différents modes sont accessibles sur la console centrale, tout comme le bouton servant à enclencher l’aéro-actif. Cet aileron de grande dimension monté sur vérins, qui vient même boucher la vue vers l’arrière dans le rétroviseur central lorsqu’il se lève, agit pour donner de l’appui à haute vitesse, et l’aider à se stabiliser sur les gros freinages. Impossible de palper son effet réel sur route ouverte, mais ce qui est sûr c’est que la voiture s’écrase au freinage, un peu à la manière d’une 911 Turbo avec des freins carbone. Ces galettes onéreuses avec étriers multi-pistons sont aussi présentes sur notre modèle d’essai.

Tout comme les stages 1, 2 et 3 carbone, qu’on observe au niveau des éléments aérodynamiques et des décors intérieurs. Des options qui gonflent considérablement la note, d’environ 50 000 € sur notre voiture déjà facturée 372 500 €. Sur les routes de l’arrière-pays niçois, les virages arrivent toujours trop vite, tout comme les limitations de vitesse. La voiture est d’une précision démoniaque, s’inscrivant très directement dans la trajectoire. L’ensemble est tellement sain, que la voiture donne l’impression d’être capable de prendre n’importe quel virage à n’importe quelle vitesse. Evidemment, ce n’est pas vrai. Mais les limites sont loin, très loin…

Performances à l’état pur

La McLaren 765 LT Spider passe de 0 à 100 km/h en 2,8 s . Mais là n’est pas la question. Ce laps de temps est tellement court qu’on a du mal à apprécier la poussée. En revanche, sur la durée la sensation devient démoniaque. La barre des 200 km/h est franchie en 7,2 s, la vitesse maxi est annoncée à 330 km/h. Bien sûr, nous ne pourrons pas vérifier ces deux derniers points sur route ouverte. Mais nous retiendrons qu’à pleine charge l’accélération est tellement violente qu’on a l’impression que le train avant va se lever. Une sensation que nous n’avions pas connu depuis les Porsche 930 Turbo avec la boîte de vitesses à quatre rapports et les bons pneus… Ici, le moteur V8 biturbo crache vraiment sa puissance dans une brutalité jouissive, qui incite à regarder l’ensemble de la voiture avec respect et un peu de distance. En deux jours d’essais intensifs, nous avons toujours fait preuve de beaucoup d’humilité car l’engin l’intime très rapidement à son compagnon de route.

Pourtant, après la McLaren Elva, la voiture ultime pour se sentir à la fois pilote et partie intégrante du châssis, nous pensions avoir connu les sensations les plus extrêmes. La 765 LT Spider ne fait pas mieux mais différent et dans une intensité comparable, dans un univers fermé ou cheveux au vent. Avec des sièges moins sportifs, il serait possible d’envisager des longs trajets en 765 LT Spider. Car ses suspensions sont pilotées et multimodes, sa boîte de vitesse sait donner des coups de fusil mais aussi rouler en conduite coulée, et le moteur fait preuve d’une grande élasticité. Mais de la parler de polyvalence…

L’arrière est tout aussi spectaculaire. Cette sportive d’exception est impressionnante à bien des égards.

VERDICT

Un plaisir rare, une puissance et une rage mécanique de premier plan, dans un modèle ultra précis qui peut se conduire cheveux au vent. Voilà ce que représente cette McLaren 765 LT Spider, qui s’inscrit dans la continuité d’une marque qui fête cette année les 10 ans de son renouveau, mais qui s’appuie sur une histoire, une mentalité et un savoir-faire uniques.

FICHE TECHNIQUE

Moteur

Type : 8 cylindres en V, biturbo

Position : longitudinale arrière

Distribution : 4 soupapes par cylindre

Injection : directe essence

Cylindrée :  3 994 cm3

Puissance : 765 ch à 7 500 trs/mn

Couple : 800 à 5 500

Régime maxi : 8 000 trs/mn

Transmission

Mode :  roues arrière

Boîte de vitesses : robotisée, double embrayage, 7 rapports

Châssis 

Type : Monocage II S carbone

Freinage AV : disques carbone céramique (390 mm, 6 pistons)

Freinage AR : disques carbone céramique (380 mm, 4 pistons)

Suspensions AV/AR : indépendantes pilotées

Direction : à crémaillère, assistée électroniquement, asservie à la vitesse

Dimensions

Long / Larg / Haut (mm) : 4,60/1,93/1,19

Empattement (mm) : 2,67 m

Voies AV/AR (mm) : 1 659/1 617

Pneumatiques : 245x35R19 (AV) ; 305x30R20 (AR)

Réservoir (litres) : 72

Performances

Vitesse de pointe (km/h) : 330

0 à 100 km/h (s) : 2,8