Test drive : Jaguar F-Type R

C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe. Mais pas forcément avec d’anciens châssis qu’on fait de meilleures sportives. La Jaguar F-Type R ne peut cacher ses rides, mais elle reste très attachante.

Jaguar F-Type R : un nouveau look

En lui greffant un nouveau sourire, Jaguar a souhaité donner un coup de jeune à son coupé. Il est vrai que le coup de scalpel est réussi, que les nouveaux yeux, moins imposants et plus perçants, donnent une vraie fraicheur à l’esthétique du modèle.

A l’arrière aussi, les feux évoluent un petit peu avec une base carrée plutôt qu’arrondie. Il faudra néanmoins être un observateur averti pour différentier les deux poupes au premier coup d’œil.

A l’intérieur, les changements sont eux aussi timides mais bien présents : le bloc d’instrument est 100 % digital (d’une taille de 12,3 pouces), un fait commun à toutes les sportives du moment, voire des modèles de grande diffusion. Le reste est moins visible, mais le style élégant et la qualité des matériaux demeurent. L’écran central est passé de 8 à 10 pouces, ce qui améliore sa lisibilité et le levier de boîte de vitesses est désormais rétroéclairé, mais son maniement n’est pas particulièrement intuitif.

Jaguar F-Type R
Jaguar F-Type R

Gamme de moteurs revus

Sous le capot, il y a du changement avec une gamme légèrement remaniée pour coller aux dernières normes antipollution.

Le moteur V6, qui émet un bruit fantastique, a malheureusement disparu au profit d’une version dégonflée du V8, remanié pour passer l’homologation, et qui développe tout de même 450 ch.

L’entrée de gamme, assurée par le bloc 2.0 T de 300 ch, est toujours du service, mais il n’évite pas le malus maximal de 20 000 € malgré sa modeste cylindrée. Pour une voiture dont le prix de base est fixé légèrement en-dessous de 65 000 €, c’est un lourd handicap.

Mieux vaut alors de concentrer sur le V8, voire la version R choisie pour notre essai, proposée à partir d’un peu plus de 126 000 € et pour laquelle le malus apparait moins disproportionné. La F-Type, qui est dans tous les cas une voiture de riche, s’apprécie donc bien mieux en haut de gamme, pour sa définition technique, la noblesse de sa mécanique et son label prestigieux.

Plus féline, moins démonstrative

Les normes anti-pollution sont des coupe-la-joie. Le joli bruit de V8 à l’ancienne F-Type V8 n’est plus. La faute au mode « Quiet Start » qui laisse les valves d’échappement fermées au démarrage, mais pas seulement. L’implantation d’un filtre à particules sur la ligne d’échappement a eu aussi un impact négatif sur le ressenti auditif.

A noter tout de même : le V8 reste un moteur noble, démonstratif, et offre toujours une belle férocité en montant dans les tours ! Cette douceur relative, on la retrouve aussi sur route : souple et coupleux, le V8 à compresseur s’apprécie en conduite coulée. La boîte de vitesses à 8 rapports (reprise de la version précédente), gère bien l’ensemble pour peu qu’on ne lui en demande pas trop. En conduite rapide, elle manque de réactivité, surtout dans le cas d’un kickdown. Mieux vaut alors utiliser les palettes au volant et pratiquer la conduite anticipative (en clair, tomber un rapport de plus à l’approche d’un virage pour en sortir plus vite et sans temps mort à la remise des gaz). D’autant que si la F-Type est une 4 roues motrices, son embrayage multidisques limite le renvoi du couple vers l’avant à 30 %. Elle garde donc son caractère de propulsion, avec plus motricité (mais elle est aussi plus lourde) lorsque les conditions le demandent.

Jaguar F-Type R

Les suspensions pilotées sont quant à elle nouvelles et bénéficient d’une loi de gestion des amortisseurs différente, mais aussi d’une modification de la taille des barres antiroulis avant et arrière, et d’éléments renforcés (rotules et roulements). Le premier bénéficiaire en est le confort car la voiture gomme bien les petites irrégularités malgré les grandes jantes de 20 pouces. Le maintien général y trouve également son compte, notamment lorsque le rythme s’accélère, mais l’ensemble reste plutôt souple, parfois trop au point que la voiture devienne désordonnée dans les enchainements de virages serrés. Car si la direction remonte bien les informations, elle manque de rigueur au placement du train avant, et peut même se trouver handicapée par les nouveaux pneus, surtout si on rentre un peu fort sur les freins.

Jaguar a demandé à Pirelli de développer des enveloppes spécifiques à cette version, lesquelles sont 10 mm plus larges mais manque de tenue à l’inscription. A tel point que la voiture flotte avant de se caler, et génère chez le conducteur une intention d’initier un contre-braquage, pensant que l’arrière va décrocher. On parle là de sensations en conduite très dynamique, qui est aussi le nom du mode qui convient fort bien à ce coupé de charme, qui délivre de délicieuses sensations à l’approche de la zone rouge. Il convient alors de rappeler que malgré son âge et ses défauts la F-Type R reste un jouet extraordinaire, qui ravira le plus grand ne serait-ce que par son design spectaculaire. Et c’est déjà pas mal.

Bilan

La F-Type R n’est pas une sportive de circuit, mais une GT de charme qui s’apprécie au quotidien, mais aussi sur les longs trajets. Son ambiance, son moteur et ses performances méritent le détour, mais il convient d’admettre qu’elle est relativement dépassée par une concurrence aujourd’hui plus aiguisée.

FICHE TECHNIQUE F-Type R

Moteur
Type : V8 suralimenté par compresseur
Position : longitudinale avant
Distribution : 4 soupapes par cylindre
Injection : directe essence
Cylindrée : 5 000 cm3
Puissance : 575 ch à 6 500 trs/mn
Couple : 700 Nm à 3 500 tr/min 
Régime maxi : 6 800 trs/mn

Transmission
Mode :  intégrale
Boîte de vitesses : BVA8

Châssis 
Type : monocoque, aluminium
Freinage AV : disques ventilés 380 mm
Freinage AR : disques ventilés 376 mm
Suspensions AV/AR : indépendantes et pilotées, double triangulation en aluminium forgé

Direction :
assistance variable, électrique

Dimensions 
Long / Larg / Haut (m) : 4,47/1,92/1,31
Empattement (m) : 2,62 m
Voies AV/AR (mm) : 1 585/1 627
Poids à vide (kg) : 1 818
Réservoir (litres) : 70

Pneumatiques :
255×35 R20 (AV)/295x30R20 (AR)

Performances :
Vitesse de pointe (km/h) : 300
0 à 100 km/h (s) : 3,7
Conso mixte (litres/100 km) : 10,7

Prix Neuf (euros, à partir de) : 126 400 €

Didier LAURENT

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