Pourquoi ces véhicules électriques ont des noms étranges

Les constructeurs introduisent progressivement des véhicules électriques dans leur gamme, qui ont parfois des noms de baptême parfois étranges. Cependant, les véhicules thermiques ont eu aussi quelques patronymes bizarres, mais la tendance sur les véhicules électriques est explicable.

Des noms étranges pour ces véhicules électriques, mais pourquoi ?

Le patronyme d’une voiture, ça fait partie aussi du succès commercial d’un modèle. Surtout s’il est perpétué générations après générations. Et à l’évocation de certains, les plus aguerris associent le modèle au constructeur. Une Golf, une Corolla, une 911, une Clio, il est facile de retrouver le constructeur de ces modèles. Certains véhicules conservent leur identité sur plusieurs générations, afin aussi de fidéliser une clientèle. C’est le cas de la 911 chez Porsche depuis 1965, ou encore la Corolla chez Toyota. Mais le nom de baptême le plus ancien est le Suburban chez Chevrolet depuis 1934, distribué aux USA.

Mais en sera-t-il de même pour les nouveaux modèles électriques qui sortent sur le marché récemment ? Comment vont évoluer dans le temps, les noms des Toyota bZ4X, Honda e:Ny1 ou Volkswagen ID.3 ? Le marché des véhicules électriques est en pleine expansion, en pleine démocratisation, les constructeurs cherchent-ils à se démarquer ? Veulent-ils abandonner des noms célèbres pour marquer une franche rupture ?

Des noms de voitures qui disparaissent, d’autres reviennent !

Prenons le nom assez étrange du Toyota bZ4X (en photo), le SUV 100% électrique de la marque que nous avons essayé. Si on décortique son nom, le « bz » signifie ‘beyond zero » (au-delà du zéro émission), le 4 fait référence à ses quatre roues motrices et le X signifie son appartenance au segment des crossover.

Il y a une autre marque qui a essayé de se distinguer avec les noms de ces modèles : Tesla. Son trublion d’entrepreneur, Elon Musk, a constitué sa gamme avec les Model S, X, 3 et Y ! Et qu’ont-ils de si spéciaux allez-vous nous demander. Et bien, Elon Musk a tenté d’épeler sa gamme avec ces lettres pour former le mot : SEXY. Sauf que Ford avait déjà déposé le nom Model E six ans avant que Tesla ne lance sa berline. Le « E » est devenu un « 3 » pour que la gamme soit quand même constituée de : S3XY. Chacun y trouvera cela de bon goût… ou non !

Certains autres constructeurs ont peu été inspiré pour la dénomination de leur véhicule électrique. Ces derniers sont souvent identifiés avec les initiales EV (pour electric vehicle, ou VE pour véhicule électrique en français). Alors, imaginez que certains constructeurs ait collé tout simplement EV après le nom d’un modèle ou intégré à ce dernier. C’est ce qu’a décidé KIA avec les EV6, EV9… et bientôt EV5. GMC n’a pas été plus inspiré avec le Hummer EV ! Il y a fort à parier que ces patronymes ne feront pas date ! Volkswagen a voulu faire revivre le mythe du Combi, les formes en sont très porches, bien que plus modernes, son nom ? ID.Buzz (que nous avons essayé ici) !

Volkswagen ID.Buzz

Pas si facile de baptiser une voiture

Honda a lancé sa citadine « e » et bientôt un SUV e:Ny1, pas très heureux comme appellation. Ce modèle se prononce « anyone », le « e: » fait référence à l’électrique, le « n » annonce une nouvelle génération de véhicules, le « y » signifie « your life » ou « yourself » (Honda laisse ce choix) et le « 1 » en référence pour le premier SUV électrique de la marque. Le « e » semble souvent dédié à l’électrique… mais chez tous les constructeurs. Chez Jaguar, le SUV E-Pace est à moteur thermique, quand sa varianté électrique est le I-Pace. Chez BMW, le « i » accolé au nom du modèle signifiait la présence d’un modèle essence, le « e » pour les modèles hybrides. Et quand la firme de Munich lance ses premiers modèles 100% électriques, elle choisit comme appellation, le « i », comme la i4, essayée ici !

« Ces noms sont déjà datés avant même d’avoir vieilli » explique David Placek, fondateur de Lexicon Branding. « Honnêtement, beaucoup de ces noms en font trop. On assiste à une surenchère, pas certains que les constructeurs y soient gagnants. » Selon ce dernier le nom d’une voiture doit rassembler trois critères. Il doit être mémorable, remarquable et distinctif dans sa catégorie. Il est également utile que le nom soit « ce que nous appelons, fluide de traitement » rappelle David Placek. Quant à spécifier qu’un véhicule est électrique dans son nom, c’est une vision courtermiste, car dans 5 à 10 ans, certains de ces constructeurs seront 100% électriques. Ce sera le cas de Jaguar, Volvo, Jeep, qui le seront dès 2026 pour la première citée, en 2030 pour le spécialiste du 4×4.

BMW i4

Des générations de noms de voitures à conserver ?

Bien que des constructeurs ne soient pas beaucoup inspirés, comme Mercedes et ses déclinaisons de EQA, EQS, EQB, EQE…. et Audi avec sa collection de E-tron, d’autres font des efforts. C’est le cas de la Chevrolet Bolt, Cadillac Lyriq, Hyundai Ioniq, Lucid Air, Fisker Ocean ou encore la Subaru Solterra. Porsche a offert à sa grande berline VE, un nom assez inspiré : la Taycan ! Nissan en fait de même avec son SUV Ariya.

Comme la transition énergétique qui s’est emparée du très juteux marché de l’automobile, les constructeurs ont opté pour une approche marketing différente. Si elle est peu inspirée parfois, ils ont voulu utiliser leur seule arme de communication (leur modèles) pour insuffler cette transformation écologique. Mais il y a quand même certains noms qui perdurent depuis des décennies et qui sont aussi synonymes de succès commerciaux.

Ces derniers n’ont pas été encore remplacés, et il est possible qu’ils deviennent électriques en conservant leur patronyme. Dans ces cas de longévité, on note le Chevrolet Suburban qui approche les 90 ans de production. Les Ford F-Series flirtent avec les 80 printemps, le Toyota Land Cruiser a dépassé les 7 décennies. La Chevrolet Corvette est également toujours en production depuis 1953. La Porsche 911 a vu le jour du début des années 60, peu après la Toyota Corolla. Le Range Rover, Honda Civic, Volkswagen Golf sont autant de modèles attendus par une certaine clientèle.

Les constructeurs doivent écouter leur clientèle

Donc, même si certains noms sont pour l’heure très alambiqués, il y a de fortes chances pour que les marques reviennent à leurs maroniers. Les constructeurs ont cherché l’originalité pour plaire, parfois ça marche, parfois non. Les noms de baptême peu inspirés, choisis en dépit de bon sens pour certains, ont quand même fait l’objet de recherches approfondies. Certaines marquent ont voulu marquer la « rupture d’avec le monde d’avant ». Mais, certains conducteurs sont fortement attachés à leur modèle fétiche, et même si la forme change, si une berline compacte devient un SUV, l’attachement au nom est plus fort que tout.

D’ailleurs, certains constructeurs l’ont déjà compris. Fiat a changé la 500 pour de l’électrique, sans grandement toucher à sa forme globale. Et ils ont même joué sur la nostalgie en déclinant à nouveau cette dernière en Abarth électrique (que nous avons essayée). Et plus récemment, un autre modèle iconique va revenir dans la gamme, la 600, elle aussi 100% électrique. Chez Renault également, on reste attaché aux valeurs sûres… et anciennes. La R4 et R5 vont revenir dans la gamme, la première deviendra un SUV compact et urbain, la seconde sera une citadine succédant à la Twingo. Et son design a tellement fait des envieux que même Alpine disposera de sa déclinaison. Quant au célèbre patronyme Scènic, un temps poussé vers la sortie, il restera finalement au catalogue, lui aussi muté en SUV 100% électrique.

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